En général, quand je commence avec un groupe, j'apporte le Soft Machine de William Burroughs en répétition. Il y a beaucoup de passages écrits de manière rythmique (preuve que le bonhomme ne faisait pas ses cut-ups de manière totalement aléatoire) et ça permet de remplir l'espace, tester des trucs en l'attente de paroles définitives. Ça débloque pas mal de situations.
jabadaho a écrit :
Petite question : vous écrivez plutot d'abord la musique et ensuite les paroles ou l'inverse ou c'est selon l'inspiration du moment ?? Merci.
Les deux en même temps idéalement. C'est rare, mais extrêmement plaisant quand ça arrive.
Le reste du temps, j'enregistre un motif, sors de mon placard la liasse de papelards tachés de bière que je griffonne à longueur de temps et cherche la ligne qui est en adéquation avec l'ambiance du machin. J'ai des pages et des pages écrites en anglais qui parlent de tout et de n'importe quoi (pas plus tard qu'hier j'ai retrouvé des notes sur les méthodes d'anesthésie intramusculaire, allez savoir pourquoi) ; des fois, une seule ligne va être utilisable, et j'en dérive le reste des paroles - rythme, accents toniques etc, et d'autres j'ai des couplets entiers alignés les uns derrière les autres sans m'en être rendu compte en écrivant. C'est un travail de sélection, après.
La question que trop peu de gens se posent, c'est : est-ce que cette ligne, ce couplet, ces paroles, vont intéresser qui que ce soit? Est-ce que ça vaut le coup d'être chanté et entendu par quelqu'un? Est-ce que ça va avoir un impact sur l'auditeur?
Sans méchanceté aucune, Loann, le texte que tu as posté plus haut est un exemple assez typique de ce que trop de français font en ce moment : assembler des mots qui tiennent la route en un ensemble cohérent, mais sans recherche d'autre chose. Qu'en est-il des images, des doubles sens? C'est trop souvent des histoires de mecs/nanas qui ont mal fini, etc. Ça fait certes un support au chant, mais je crois que j'aime autant lire la notice d'utilisation de mon aspirateur (je ne parle pas spécifiquement de tes paroles, mais de 95% de la production actuelle française en anglais).
L'anglais, c'est une langue solide, souple et extrêmement riche. Il a de quoi créer des images d'une puissance incroyable avec quelques mots seulement. 'Faut en profiter ! Se lâcher un peu. Sortir du "I love you/you love me", comme les Beatles ont fini par le faire.