The Black Keys ouvrent les portes du Delta
PHILIPPE MANCHE
mardi 27 mai 2008, 09:00
La sortie de Attack & Release, cinquième album des Black Keys, est une des toutes bonnes choses de cette première partie de l'année. Alors qu'ils étaient censés travailler sur le nouvel album d'Ike Turner, avec le concours de Danger Mouse (Gnarls Barkley, Jay-Z…), Dan Auerback (chant et guitare) et Patrick Carney (batterie) ont décidé de poursuivre l'aventure avec le célèbre producteur depuis le décès du chanteur de rhythm'n'blues en décembre dernier.
Photo : D.R.
Pratique
Album Attack & Release (V2).
The Black Keys en concert le 23 novembre 2008 au Vooruit, Gand. Infos et réservations au 0900-260.60 et sur le site proximusgoformusic.be.
CRITIQUE
AMSTERDAM
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
Résultat des courses, Attack & Release gagne en épaisseur, est moins linéaire que son prédécesseur Magic potion et s'avère, pour faire court, le chaînon manquant entre The Gun Club et Jon Spencer Blues Explosion .
Au Melkweg à Amsterdam, l'équivalent du Vooruit, dimanche soir, la salle affiche complet. Il est vrai que depuis Thickfreakness (2003), sorti sur le label de blues ultra roots Fat Possum, la popularité de ces deux amis d'enfance a dépassé le succès d'estime. Et peu avant 22 h, dans une ambiance étouffante et après s'être présenté laconiquement : « Bonjour, nous sommes The Black Keys, d'Akron, Ohio », Dan et Pat attaquent très fort « Girl is on my mind » suivi de « Set you free » et « Thickfreakness ». Le son, impeccable, ajoute une touche moite, primale et sauvage aux compositions pourtant quasi lubriques.
Bien sûr, voir un guitariste et un batteur sur une même scène rappelle The White Stripes ou même les Belges de Black Box Revelation. Le vétéran Tony Joe White fait ça depuis des lustres et la formule reste efficace.
Le plus sidérant est de voir Dan triturer sa guitare et nous donner l'impression qu'il y a dix autres guitaristes cachés derrière le rideau de scène tant il en sort des sons inouïs. C'est extraordinairement sauvage et électrique. Ce que Jimi Hendrix faisait en trio, Dan et Pat le font à deux. Ce dernier, derrière ses fûts, n'est pas en reste et maintient un groove pendant les 75 minutes de concert. On retiendra une version magnifique (la chanson favorite de Dan) de « I'm glad » de Captain Beefheart, sur Safe as milk, ainsi qu'un « Remember when (side b) » à ressusciter Jeffrey Lee Pierce…
http://www.lesoir.be/culture/m(...)shtml