http://www.roger-waters.com--> Preview complete de Ca ira. Vous pouvez ecouter l'album integral sur le site de Roger Waters, pas radin le gars ! Cool.
Concert a Rome le 17 novembre. Je previens tout de suite les fans de hash ou autres moquettes sans polyester que Waters a pour cet album concept change radicalement a 360 degres de style. Ca ressemble maintenant plus a du Bizet, du John Adams...
Mais, c'est beau, tres beau ! Le deuxieme morceau vous rappellera The Wall pour les vocaux, c'est vraiment tres beau...
La face cachée de Roger Waters
Interview Richard Boisvert
(source
http://www.cyberpresse.ca/arts(...)1.php
Le personnage commence par se présenter, en français, faussement sérieux. « Bonjour. C'est Roger Des Eaux. » On prend une seconde ou deux avant de comprendre. À l'autre bout du fil, c'est la vedette du rock avec laquelle on a rendez-vous aujourd'hui. Et qui a décidé de se manifester deux heures à l'avance.
Roger Waters, le mouton noir de Pink Floyd, le bassiste rebelle qui mène sa propre carrière en solo depuis presque 25 ans, est d'humeur espiègle. Mais les minutes qu'il accorde sont rigoureusement comptées. À sa demande, on passe à l'anglais. Puis on saute directement à l'objet premier de l'entrevue : l'accouchement longtemps attendu de Ça ira, un opéra classique écrit sur un livret du parolier français Étienne Roda-Gil et de sa femme Nadine.
Le projet date un peu. Le couple l'a soumis à son ami Waters l'année du bicentenaire de la prise de la Bastille. En toile de fond, on y trouve les événements qui ont entouré la Révolution française. Le travail va bon train jusqu'à ce que la leucémie emporte Nadine, en 1990. Pour Roda-Gil, c'est le choc : il s'arrête tout net. Quelques années passent avant qu'il s'y remette. Poussé par sa compagnie de disques, Waters travaille seul sur une version anglaise. Il retouche également le texte français. En 2004, la musique est prête. Roda-Gil prend connaissance de la mouture finale, donne sa bénédiction puis rejoint Nadine au ciel.
Contrairement à Julien Clerc, menacé d'un procès, Roger Waters entretient d'excellentes relations avec les héritiers Roda-Gil. Le lancement de l'album, le 27 septembre, n'éprouvera pas d'obstacle. En principe, il doit sortir simultanément en anglais et en français. Selon la langue, on pourra lire sur la pochette le nom du Gallois Bryn Terfel ou celui du Français Jean-Luc Chaignaud. À côté, il y aura ceux de la soprano chinoise Ying Huang — la « Butterfly » de Mitterand —, du ténor américain Paul Groves et du chanteur africain Ismael Lo.
Pas sûr que les admirateurs reconnaîtront le style de Roger Waters. Ce dernier craint pour sa part que le fruit de son travail soit reçu avec scepticisme. Il se méfie à l'avance de la réaction des connaisseurs et des intellectuels. C'est sa première incursion dans le domaine de la musique classique. «
Je sens que je pose ma tête sur le billot », avoue-t-il.
La tradition
Pour un musicien issu du rock, l'écriture d'un opéra peut-elle se comparer à la chute d'un mur ? La question s'adresse bien sûr au compositeur de l'emblématique The Wall. « Vous pourriez dire ça. Ce serait une bonne métaphore. »
Se mesurer à un genre complètement étranger ne lui faisait pas peur ? « Non, c'était passionnant. J'ai toujours aimé le son de l'orchestre symphonique. Et j'ai toujours admiré les grandes œuvres vocales dans le genre du Requiem de Fauré. Travailler avec un chœur, des solistes et un orchestre a été tout à fait stimulant. »
Le terrain musical est nouveau, mais pas tout à fait inconnu pour lui, donc. Waters cite encore Berlioz et Beethoven, qu'il compare à des révolutionnaires, artistiquement parlant. « Particulièrement Berlioz. J'adore son attitude dans les grandes œuvres chorales. Son Te Deum, qu'il a écrit pour un énorme effectif, fait appel à quelque chose comme 3000 voix. »
Il prend toutefois la peine de faire la distinction entre sa musique et la leur. « Je n'essaie pas de me comparer à ces génies, mais plutôt de dire qu'ils ont beaucoup influencé ma façon de penser la musique orchestrale. Beaucoup de pièces sont puisées dans le folklore européen. Je crois que le son jaillit d'une conception traditionnelle de la mélodie et de l'harmonie en Occident. C'est tout ce que je peux en dire. »
On peut tout de même ajouter que Ça ira n'est pas un opéra rock, mais un opéra tout court, de coupe classique, construit en trois actes et écrit pour un baryton, une soprano, un ténor, des chœurs de voix d'enfants et d'adultes et un orchestre symphonique. La musique, tonale, s'articule autour d'amples mélodies que l'oreille reconnaît d'autant plus facilement qu'elles reviennent fréquemment.
Une œuvre sérieuse
C'est par nécessité que Roger Waters a opté pour un opéra, et non pour une comédie musicale, comme il a l'intention de le faire avec The Wall. « Je pense que ça s'est développé à partir du texte que m'ont proposé Étienne et Nadine. Il possède une certaine gravité qui exigeait que je l'approche de cette façon. C'est poétique, c'est polémique, c'est essentiellement une œuvre sérieuse. »
Fresque historique et musicale remplie de roulements de tambours et de bruits de bottes, Ça ira est une métaphore de l'être humain et de son aptitude à changer. « Nous menons tous chaque jour notre propre révolution intérieure. Nous nous trouvons constamment face à des choix. Nous pouvons nous montrer accessibles à l'étranger ou nous replier sur nous-mêmes. »
Roger Waters tire sur la sonnette d'alarme. Le climat social actuel ressemble plutôt dangereusement à celui qui prévalait à l'approche de la Révolution française, fait-il remarquer. « On peut considérer la France du début des années 1780 comme le microcosme du monde d'aujourd'hui. Les conditions qui ont mené à la Révolution au XVIIIe siècle sont très similaires globalement à celles qu'on connaît présentement. Nous avons une structure hiérarchique dans laquelle les pays occidentaux contrôlent à eux seuls 99 % des ressources du monde, alors que le reste du monde languit dans une pauvreté extrême. Ou on partage un peu plus équitablement, ou on attend que ça saute. »
À son avis, si personne ne fait rien, le monde risque carrément d'exploser. « En ce moment, je le crois, oui. Mais il se passe des choses intéressantes. Au sommet du G8 à Édimbourg — que le Live 8 ait quelque chose à voir, on ne le saura jamais —, on a parlé d'annuler la dette du tiers-monde et d'aider l'Afrique. Il est clair que certains politiciens optent pour le bon discours. Il semble qu'il y a un mouvement vers une meilleure compréhension.
« On ne peut pas mener la belle vie en Occident sans régler le problème de la pauvreté ailleurs sur la planète, ajoute-t-il. Nous avons tous le pouvoir de changer pour devenir plus empathiques, plus indulgents, plus serviables, plus affectueux, plus généreux. C'est une tâche à laquelle nous devons nous atteler chaque jour. Nous avons besoin de tout l'encouragement possible. Essentiellement, plus nous allons dans cette direction, plus la vie est belle. »
Histoire de faire passer le message et de situer le public non francophone, Waters a pris la peine de sous-titrer l'œuvre There Is Hope (« Il y a de l'espoir »).
La création est prévue pour le 17 novembre à Rome, mais en version concert uniquement, c'est-à-dire sans décors ni costumes. On ne désespère pas de faire ensuite monter l'œuvre par une maison d'opéra. « Le problème, c'est que ça coûte très, très cher. Mais qui sait ? Il y a peut-être un milliardaire excentrique quelque part qui va mettre l'argent nécessaire, ou un gouvernement, ou quoi que ce soit d'autre. »