Bezout a écrit :
A ma connaissance il n'y a pas d'évolution brutale en musique.
Et en peinture non plus. Il est séduisant de croire au génie qui invente tout, mais ce n'est bien souvent qu'une image d'Epinal. Le génie révolutionne rarement quelque chose à lui tout seul, et jamais de toute façon d'un seul coup et hors contexte. L' exemple de la peinture est effectivement très bon mais on ne passe pas d'une approche sans transition en histoire de l'art : pas d'abstraction sans expressionisme, pas d'expressionisme sans impressionisme, pas d'impressionisme sans Cézanne, etc... en clair Cézanne, si génial eut-il été en faisant évoluer le figuratif jusqu'aux prémices du cubisme n'aurait jamais pu concevoir l'idée de l'abstraction. De même j'ai dû mal à croire qu'il n'y ait pas de transition douce et logique entre les deux systèmes musicaux, de "musique intermédiaire", de métissage. Ca me rappelle ces gens qui imaginent sans y réfléchir qu'au couronement de Louis XIV on a cessé de dessiner du style Louis XIII pour soudainement tous dessiner du "Louis XIV". L'histoire en Arts comme en Arts Appliqués montre systématiquement de la transition, qui n'est d'ailleurs à ma connaissance que très rarement isolée d'un contexte économique et culturel.
Je ne trouve pas de chose très précise sur cette transition (même si elle est aussi brutale (?) que tu le dis Zigmout).
Dans la petite encyclo de Roland de Candé :
"Pendant ce temps se développe la polyphonie (...) qui a préoccupé singulièrement tous les théoriciens du Moyen-Age".
et plus loin :
"D'autre part, le système modal, parfaitement adapté à la musique monodique, s'avérait incommode dans la composition des pièces polyphoniques complexes : c'est alors que l'on assiste au triomphe du mode d'ut qui sera promu "mode majeur". Cette révolution ne se produisit pas sans mal, et il faut en chercher l'origine dans les siècles précédents".
et encore plus loin :
"Ce n'est quà la fin du XVe siècle que naîtra un système harmonique cohérent et conscient".
Que se passe-t'il entre les deux ? le bouquin parle effectivement de la chasse au
diabolus in musica, que j'interprête faute de mieux pour le moment comme une "harmonisation du modal", soit une période pendant laquelle la polyphonie plaquée sur les modes (dernière période des chants grégoriens ???) va mener à des abérations (pour les oreilles de l'époque) telles que la 5b, qui vont elles mêmes mener petit à petit au tonal. De là à penser que ta première réponse était bonne Zigmout, y'à pas loin...