Retour de l'enfer après le festival Hellfest où j'ai pu rencontrer quelques-uns des exposants sur le site du festival. On a parlé guitares, amplis, micros, etc. et je vais vous donner un petit récap' de tout ça. Je vous invite fortement à aller voir, écouter, découvrir le travail très intéressant de ces messieurs bourrés de talent. Pour ce 3ème volet c'est Stéphane Garrigue des guitares 10:15 (Ten-Fifteen) qui revient avec nous sur son parcours. L'occasion de remettre une nouvelle fois en avant les superbes réalisations de cet habitué des forums de Guitariste.com

Est ce que tu pourrais nous faire un historique pour retracer la naissance et le parcours de 10:15 guitare et expliquer pourquoi « 10:15 » ?

Alors au début il y avait les dinosaures puis un jour j’ai eu une guitare dans les années 80. Dans ces années là, il y avait des guitares de M…. Ma première rencontre avec une guitare, ça a été : « qu’est ce que c’est que ce truc ? ». Et très vite, je me suis dit « il va falloir que je modifie ça, ça, ça… ». A l’époque, j’habitais à Villemonble et juste à côté de mon lycée, il y avait Eden Music à l’époque avec Didier Duboscq, qui commençait à bosser là-bas. Donc je suis allé le voir tous les week-ends et je lui posais des tas de questions. Vers 2000-2001, je suis arrivé sur Guitariste.com, et là j’ai commencé à bidouiller avec des potes, on s’échangeait des manches à droite à gauche, des micros, n’importe quoi… C’était la foire mais c’était très rigolo, très formateur. Et j’ai rencontré pas mal de luthiers qui débarquaient aussi sur Guitariste.com. En parallèle, je faisais du graphisme et j’en ai eu marre de mon travail. Je me suis alors consacré à fond aux guitares. 10:15 est né en 2011 d’un premier essai en auto-entrepreneur en activité secondaire, en plus de mon travail, pour faire des réglages, des trucs comme ça mais j’ai vu que ça prenait trop de temps et j’ai du laisser tomber. J’ai ensuite rouvert en 2014 comme activité principale. 

Et « 10:15 » pourquoi ? Tout simplement parce que je suis un vieux et que 10:15 est un morceau de 1978 de The Cure, pendant leur époque punk. C’est un morceau minimaliste avec une guitare, une batterie, la voix… Et je m’étais dit que mes guitare c’était du minimalisme parce qu’il n’y a pas de choses partout, de placages, de marqueterie… C’est le minimum, mais par contre de l’âme parce que je pense que c’est ce qui compte le plus dans une guitare.

Tu as cinq modèles d’exposés sur le stand du Hellfest. Est ce que ce sont tes principaux modèles ? Est-ce que tu en as d’autres ? Comment tu fonctionnes ? Est-ce que tu peux nous parler des modèles que tu conçois ?

10:15 ne fait que du sur-mesure, donc ce ne sont que des guitares à la commande. Tout part forcement d’une commande qui va être basée sur ce que le guitariste a aimé, ce qu’il n’a pas aimé, ce qu’il ne trouve pas dans le commerce. Le sur-mesure est jusqu’au bout, par exemple, les manches des guitares sont faits à la main du client, il va choisir ses bois sur photos, on va voir ensemble ce qu’il veut comme type de son, ensuite je vais travailler avec Jeremy de SP Custom pour choisir les micros qu’on va mettre dessus par rapport à la lutherie et par rapport au son recherché par le guitariste. Là j’ai apporté une palette de guitares que m’ont prêtées les clients puisque je n’ai pas de guitare « de stock ». Ces guitares sont assez représentatives de ce que je peux faire. On a par exemple un modèle superstrat inspiré des Valley Arts des années 80, elle est assez polyvalente, avec un Floyd Rose, un SP Mid Crusher en bridge, deux Nash, donc on peut avoir des sons très strat ou très métal. On même dessus un module SBGO qui est fait par Sébastien de SBGO qui permet de rendre la guitare active et en plus de contrôler le gain du boost actif avec un potard. Donc là on peut aller vraiment très très loin avec. On a aussi une guitare type Flying V, très direct, avec un gros niveau de sortie, juste 2,7kg pour pouvoir jouer longtemps sur scène, on a une 7 cordes mais typée strat, pas trop métal mais offrant pas mal de possibilités et très légère aussi.

Voilà un petit exemple des guitares qu’on me demande. J’ai lancé aussi une petite gamme de guitares où il y a moins d’options, c’est-à-dire qu’on ne va pas avoir de table rapportée, pas de vibrato avec des défonces, etc. de manière à me faire gagner un peu de temps sur la fabrication et pouvoir baisser les prix. Donc on a une petite guitare qui est une double-cut avec un corps en acajou massif d’une pièce, un manche en korina et des micros SP Custom avec une configuration assez particulière, car on a un Broadcast qui est un micro Telecaster en bridge, très roots, très vintage et en neck on a un ovni de chez SP Custom qui est le Trinity, qui permet d’être à la fois un PAF, mais aussi un Jazzmaster et un Telecaster. Les trois sont vraiment très différents et très exploitables.

Alors cette guitare tu la considères comme une guitare de série un peu ?

Non ce n’est pas une guitare de série car on va pouvoir choisir la forme et des tas de choses mais on aura moins  d’options que dans les autres en fait. C’est une base de customisation je dirais à moindre frais pour ceux qui n’ont pas les moyens de taper dans du « full custom » mais qui voudraient quand même quelque chose d’assez personnalisé. J’ai uniquement enlevé les étapes qui prenaient beaucoup de temps et qui rajoutaient de l’argent, comme mettre un Floyd rose par exemple, ça a un coût.

 

Est ce que tu travailles régulièrement sur des modèles avec des musiciens qui te contactent ?

Régulièrement oui, mais c’est assez variable, par exemple là j’ai 5 guitares en commande et d’autres qui arriveront derrière. J’essaie de faire 2 guitares en même temps pour pouvoir avoir des délais pas trop long, parce que je supporte pas le délire qui a été fait sur certaines marques avec des délais d’attentes de 2 ou 4 ans, je trouve ça complètement ridicule. En général, à partir du moment où on a défini la forme finale et que j’ai commandé les pièces, je compte un mois et demi ou 2 mois de travail.

Est ce que tu veux rajouter quelques mots, nous parler de ton site internet ?

Alors j’ai un site sur lequel on va trouver quelques informations parce qu’il faut bien avoir un site, mais c’est surtout sur mon Facebook, où dès le début j’ai pris l’habitude de mettre des photos de la fabrication des guitares, durant tout le processus, avec des commentaires pour rendre vivant la chose. J’aime bien qu’on puisse échanger et discuter sur mon travail.

Liens utiles :

Hellfest 2019 Interviews : Stéphane Garrigue de 10:15