jules_albert a écrit :
l'anticléricalisme primaire manifeste, sans le vouloir, ni le savoir, à quel point il est influencé par la conception fasciste préconisée par nietzsche, qui est le penseur anticlérical bourgeois par excellence, celui qui inspira l'aile la plus virulente du parti nazi.
bien qu'athée, je n'oublie pas tous les crimes abominables commis au nom de l'ahéisme, que ce soit en urss, en albanie ou en espagne pendant la guerre civile.
certains anticléricaux de "gauche" sont si colossalement ignorants qu'ils ne connaissent pas la position de marx et engels sur la religion chrétienne primitive ou celles d'auteurs libertaires (ou proches) comme simone weil ou ivan illich, pour qui le christianisme est un élément fondamental de leur vie.
l'anticléricalisme bourgeois a moins comme but ultime la critique de la religion que l'apologie du capitalisme et, surtout, de l'ETAT. c'est une forme d'étatolâtrie. l'anticléricalisme bourgeois cherche aussi à détruire l'individu, en le déshumanisant, en le condamnant au déracinement et à l'aculturation. il cherche ainsi à transformer l'individu en pur serviteur fanatisé des institutions, sans respect pour autrui, méprisant la liberté de conscience (la plus décisive des libertés naturelles). sous la tutelle de l'idéologie bourgeoise anticléricale, l'individu devient une chose quelconque, déprimée, sans grâce, tombant dans l'alcool et la drogue.
l'idéologie anticléricale issue de l'état bourgeois depuis le XVIIIe siècle est un fanatisme désintégrateur de la société et de la personne.
une autre preuve d'ignorance est l'attribution au christianisme, et uniquement à lui, du rejet de l'hédonisme et de l'épicurisme. en réalité, les écoles philosophiques les plus hostiles à ces façons destructives d'être au monde que sont l'hédonisme et l'épicurisme étaient celle des cyniques grecs et celle des stoïciens qui existaient bien avant l'apparition du christianisme.
contrairement à ce qu'affirment les fanatiques et intolérants partisans de l'anticléricalisme bourgeois, le véritable christianisme n'est pas particulièrement sévère envers les jouissances du corps, il suffit d'ouvrir le nouveau testament pour s'en apercevoir, car son noyau n'est pas l'ascétisme et encore moins le rejet du corps (l'obsession contre le corps est une affaire de platon et des néoplatoniciens, ennemis mortels du christianisme) mais la cosmovision de l'amour, grandiose et révolutionnaire conception d'où résulte le rejet de la propriété privée et de l'ETAT. c'est cela qui dérange tellement les bourgeois anticléricaux qui ont intériorisés la haine nietzschéenne et fasciste.
il faut ajouter qu'aujourd'hui l'église, en tant qu'institution antichrétienne, est eudémoniste et épicurienne, quand elle n'est pas vulgairement hédoniste.
la préférence de l'anticléricalisme bourgeois pour des philosophies intégrées dans le bloc des hédonistes, eudémonistes et épicuriens opposés à l'école des cyniques et des stoïciens, qui étaient aussi païens que les premiers, et même parfois incrédules et athées, provient de l'essence de son projet politique, à savoir, se constituer en tant que religion politique destinée à dominer les masses, imposer à celles-ci la théorie du progrès, à magnifier la technologie, à transformer le peuple en populace, et à détruire l'essence concrète de l'humanité.
pour ma part, je considère avec sympathie l'école des cyniques et le stoïcisme. ce sont des apports fondamentaux de la culture occidentale, avec le christianisme, au patrimoine de l'humanité. je rejette presque totalement le bloc hédoniste/épicurien qui est celui qu'impose l'ETAT au peuple afin de donner une assise idéologique à la société de consommation et au welfare state. c'est là la pire expression de la tyrannie politique, endoctrinement continu des masses et destruction planifiée de l'individu.
il faut rappeler que les cyniques étaient de formidables ascètes, qui méprisaient cordialement presque toute manifestation de plaisir, de confort, de propriété et d'abondance. pareil pour les stoïciens.
simone weil a laissé au monde l'exemple de son magnifique et admirable ascétisme. personne ne peut nier que la vie austère et exigeante construit des individus forts, denses et de qualité, créatives et insoumises de nature, tandis que la vie facile, faites de plaisirs, produit des individus faibles, lâches et sans substance, toujours soumis à l'ETAT-CAPITAL comme l'étaient les esclaves les plus soumis des temps passés.
il suffit de regarder autour de soi pour constater où nous a mené cette société du plaisir et du bonheur...
déjà dans l'antiquité classique, on savait que l'hédonisme et l'épicurisme étaient les idéologies des esclaves qui aiment leurs chaînes, ainsi que la populace qui traînait dans les cirques et autres lieux de plaisirs, vivant aux crochets de l'ETAT, c'est-à-dire, menant une existence de parasite, une vie horrible, car sans liberté.
le capitalisme de la société de consommation ne peut pas exister sans l'hédonisme, sans la "quête du bonheur", sans des êtres abrutis par l'idéologie bourgeoise du bonheur marchand.
l'hédonisme est une des idéologies de base du totalitarisme moderne, visant à détruire l'individu, abrutir le peuple, nier les fondements de la vie civilisée.
ceux qui préconisent l'hédonisme sont les complices du projet totalitaire en cours qui est sur le point de triompher.
en mémoire de jesús arnal, prêtre catholique, secrétaire du révolutionnaire anarchiste buenaventura durruti en 1936.
Ton analyse est intéressante, en revanche je trouve que tu as complètement faux sur Nietzsche, tu considères Nietzsche dans la perspective erronée que sa soeur avait voulu imposé en trahissant complètement Nietzsche, ou bien tu t'es contenté de lire Bertrand Russel.
Je trouve dommage ce traitement d'un philosophe aussi enrichissant que Nietzsche, mais il est vrai, autant incompris.
Personnellement, Nietzsche, je l'ai pendant des années, en même temps, j'ai lu aussi Mar Halévy qui donne beaucoup de clés pour la compréhension de cet immense philosophe.
Mais par ailleurs, je trouve que ce que tu dis est très intéressant.