Bon, je vois qu'on arrive à une vraie discussion constructive et dépassionée, où on essaie de construire ensemble des arguments. Sans être adepte de la Grosse Souris Qui Clignote, je dois dire que j'aime ce genre d'élans de dialogue.
Je vais essayer de synthétiser mon avis dans les réponses apportées par les uns et les autres.
ZePot a écrit :
Je pense que ce tabou comporte une part de mensonge, en faisant du pédophile criminel un "monstre", en dehors de l'humanité en quelque sorte. Je pense que beaucoup plus de gens ont des pulsions pédophiles qu'on ne veut bien se l'avouer, et qu'ils vivent avec.
Point de vue vachement intéressant.
Sans compter tout un tas de gens qui, sans connaitre ces pulsions au quotidien, peuvent se trouver dans certaines circonstances habités de ces pulsions en présence d'un enfant, de façon accidentelle, et sans forcément y céder.
D'un autre coté, il y a tout un tas de gens impulsifs. Qui cèdent à une envie à un moment précis, parce qu'ils le sentent comme ça, là tout de suite. Violence banale, coup de gueule, connerie quelconque, autant de petites impulsivités plus ou moins délictuelles (mais le plus souvent, même pas).
Le pédophile qui passe à l'acte, ce n'est pas un "malade mental", en ce sens qu'il est tout à fait en contact avec la réalité (il n'est pas fou, donc), mais il cumule ces deux états de faits : pulsions envers l'enfant et impulsivité. C'est un cocktail (bon, c'est plus compliqué que ça, mais je fais simple)
Car il faut se rendre à l'évidence. Le pédophile qui tisse une toile ultra-complexe, le grand prédateur qui kidnappe les enfants dans sa cellule sous sa barraque, c'est aussi exceptionnel qu'un type comme Léonard de Vinci. La plupart des histoires sont beaucoup moins complexes que ça. Plus banales (ce qui, je vous l'accorde, les rends d'autant plus glauques).
Citation:
Bon, si on les tue, la société est protégée, c'est sûr. Si on les enferme à vie aussi. Doit-on simplement les tuer pour des raisons économiques? Ca me paraît un peu léger...
Bon argument contre la peine de mort, en effet.
Citation:
Par contre, prendre le parti de les guérir, donc en vue d'une éventuelle sortie, est un pari risqué. Les médecins prennent directement la responsabilité d'une récidive éventuelle. Je n'aimerais pas être à leur place.
Hop hop hop ! Ca va pas non ?
Le médecin ne prend aucune responsabilité. Ce serait trop facile.
C'est le probleme : on voudrait que tout le monde soit responsable : le juge, le flic, le psy, l'expert, l'avocat. Non, le vrai effort, c'est de mettre ces hommes face à leur responsabilité pleine et entière : si vous récidivez, vous paierez, c'est contre votre intéret à long terme. (Evidemment, que je simplifie !)
Citation:
Ce qui m'amène à me demander: quand un criminel "monstrueux", violeur etc, a t-il payé sa dette?
Je l'ai dit plus haut, ou à peu près : la justice n'est pas une affaire de dette à rembourser, ou à régler. C'est une affaire de chatiment et de rééducation. A la justice de se donner les moyens de remplir ces deux missions.
Splendora a écrit :
pourquoi vouloir qu'il change? ca ne changera rien a sa faute.......c'est là que je pige plus....... . a un moment de sa vie il a prit la décision (par exemple) d'ôter la vie a une ou plusieurs personnes.
Et ? Le but, c'est qu'il rembourse (ce qui est impossible) ou qu'il ne recommence pas ?
Je l'ai dit, déjà : que la victime veut qu'il meure, ça se comprend. Mais on ne peut être juge ET partie. Pire : le fait qu'il meure n'aiderait EN RIEN la victime à aller mieux (ni le fait qu'il change). La justice n'existe pas pour appaiser les victimes mais pour protéger la société a posteriori (pour une justice a priori je vous renvoie à Minority Report).
Citation:
et il se dit toujours pas guéris car il est né comme ca.
Non, on ne nait pas criminel.
De plus, le crime ne connait pas de gène, de facteur social, d'ethnie, de sexe ou de religion. Toutes les couches de la population sont concernées à égalité.
Citation:
quand je regarde les anciennes coupures de presse qu'on a gardé (années 70/80 et 90), que ce soit pointeurs, criminel, grand banditisme, psychothérapie dialogue ou pas, y en a pas beaucoup qui sont rentré dans le droit chemin
Les lois sur l'obligation de soins sont entrées en vigueur en 98 mais n'ont été appliquées qu'après un remainement en 2001.
Citation:
si on t'envoie un détenu (en admettant que ce soit ca ton taf) qui doit etre remis dans le droit chemin, imagine que tu estime ton boulot bien fait et que tu estime qu'il peut retrouver la vie civile, après démarches administratives j'imagine et tout le reste il sort.
si il refait une connerie, ne te sentirai-tu pas coupable? n'estimerai-tu pas avoir fait un belle boulette?
Pas du tout. Le médecin ou le psy n'engage pas sa responsabilité là dedans. C'est l'histoire et la responsabilité du patient (ou du condamné, si vous préférez). D'ailleurs, ce n'est pas le médecin ou le psy qui décident de la fin des soins.