caribou71 a écrit :
je n'ai pas suivi l'histoire du cardinal 23, maintenant je comprends mieux ce dessin.
Ouais ça me fait sourire.
Je suis croyant et catho, mais franchement ça ne me choque pas du tout. EDIT : je trouve les positions de l'Eglise sur le mariage homo complétement has been.
Le dessin de l'australien est, je le répète, vulgaire et dénué de toute finesse, mais je n'y vois pas perso vraiment d'appel à la haine pour le musulman lambda. J'ai peut-être tort...
Le caribou est un animal indifférent au passage des saisons...
Sur la
perception et la
réception de ce dessin d'outrage, sans en connaître le contexte (ne l'ai pas non plus recherché !), et sans revenir sur certains des arguments parfois solides lus ici ou là, je me demande, devant la violence indiscutable de l'objet, si le dessinateur qui l'a
commis ou qui l'a
offert n'a pas recherché à nous scandaliser par un dessin qu'il sent et qu'il sait être une abjection.
Nous scandaliser.
Une violence aussi aléatoire que désespérante, pour les témoins, au tout premier rang desquels les victimes, voire les rescapés.
Une violence dont tout bon humour noir, noir c'est à dire mélancolique, offre avec obligeance la politesse du désespoir.
Ou, si vous préférez, puisque le crayon peut cela, vous embrocher sans retenir de sang à sa mine (vous l'avez noté, je suppose), alors il sait être aussi irresponsable (c'est à dire sans réponse, ou sans transitivité pour rester au plus simple
) que la 47° danseuse de Mikhaïl Kalachnikov.
Scandaliser, en grec ancien, plus ou moins celui de la
koinè pour les amateurs, c'est "mettre au trébuchet", c'est à dire précisément prendre au piège.
C'est très, très clairement le sens caché à l'œuvre dans les
Évangiles (Matthieu, 18, 7 à 9), avec la Parabole des Scandales ; celle que la plupart des Catholiques (et autres...) n'ont à proprement parler jamais comprise.
Comme un autre incompris, nul pardon, nul rachat, Judas, sans doute le premier martyr, avant Stephanos (Saint Étienne) de cette ère historique, politique, tout autant que religieuse, si l'on veut bien y réfléchir.
Judas, celui qui ira se pendre de désespoir, le ventre et sa tripe déchirés, dans un autre jardin que Gethsémani, au champ d'Hakeldama, à traduire le champ du sang, de l'Etranger, comme celui du sommeil.
Mais défendre l'Iscarioth, c'est une autre histoire, même si je ne renonce pas un jour de m'y coller.
De ce point de vue, toute parabole ne peut qu'être une énigme, un scandale.
Un piège.
Une
Lettre volée, comme celle d'Edgar Allan Poe, une lettre que tout le monde voit et que personne ne retrouve, une lettre, une parabole dont nous devons apprendre à nous méfier.
C'est du moins une hypothèse que l'on doit inviter.
Symbole, diable, parabole, entre autres plaisirs, ont en grec ancien une étymologie commune.
Jeter ensemble, de côté, autour.
Ce qui n'est pas sans rappeler l'épuisant paradoxe d'une autre étymologie criminelle, le Ghetto, la "Juiverie" de Venise, bref, la rue des fondeurs, qui excluait cependant, “
ghettare”, fondre et jeter en dialecte vénitien.
Une caricature ne peut, ne doit donc échapper à sa branche maternelle, la parabole, jusqu'à l'énigme, jusqu'au piège.
«Wir leben unter finsteren Himmeln, und –es gibt wenig Menschen. Darum gibt es wohl auch so wenig Gedichte. Die Hoffnungen, die ich noch habe, sind nicht groß. Ich versuche, mir das mir Verbliebene zu erhalten. »
Paul Celan, 18 mai 1960, Lettre à Hans Bender.