Le 7 juillet 2012, d’éminents spécialistes de neurobiologie et de sciences cognitives réunis à l’Université de Cambridge signèrent la
Déclaration de Cambridge sur la conscience : « Des données convergentes indiquent que les animaux non humains possèdent les substrats neuro-anatomiques, neurochimiques et neurophysiologiques des états conscients, ainsi que la capacité de se livrer à des comportements intentionnels. Par conséquent, la force des preuves nous amène à conclure que les humains ne sont pas seuls à posséder les substrats neurologiques de la conscience. Des animaux non humains, notamment l’ensemble des mammifères et des oiseaux ainsi que de nombreuses autres espèces telles que les pieuvres, possèdent également ces substrats neurologiques. »
....
Homo Sapiens fait tout pour l'oublier, mais il est un animal.
... les dieux héritèrent de deux rôles liés l’un à l’autre. Premièrement, il leur revint d’expliquer ce que Sapiens avait de si particulier et pourquoi les humains devaient dominer et exploiter tous les autres organismes. Le christianisme, par exemple, assura que les humains étaient les maîtres de la création parce que le Créateur les avait investis de cette autorité. De surcroît, selon le christianisme, Dieu n’avait donné d’âme éternelle qu’aux humains. Or, puisque le destin de cette âme éternelle est au cœur de tout le cosmos chrétien, et que les animaux n’ont pas d’âme, ce ne sont que des figurants. Les humains devinrent ainsi le faîte de la création, tous les autres organismes étant mis à l’écart. Deuxièmement, les dieux devaient assurer la médiation entre les humains et l’écosystème. Dans le cosmos animiste, tout le monde dialoguait avec tout le monde. Si l’on avait besoin de quelque chose de la part du caribou, des figuiers, des nuages ou des rochers, on s’adressait directement à eux. Dans le cosmos théiste, toutes les entités non humaines ont été réduites au silence.
Par voie de conséquence, on cessa de parler aux arbres et aux animaux.
...
L’essor de la science et de l’industrie moderne a engendré la révolution des relations homme-animal. Au cours de la révolution agricole, l’humanité avait réduit au silence les animaux et les plantes, et transformé le grand opéra animiste en un dialogue entre l’homme et les dieux. Au cours de la révolution scientifique, l’homme réduisit aussi les dieux au silence. Le monde était dorénavant un one-man show. L’humanité se retrouva seule sur une scène vide, à soliloquer, ne négociant avec personne, et acquérant d’immenses pouvoirs sans la moindre obligation en retour. Ayant déchiffré les lois muettes de la physique, de la chimie et de la biologie, elle les utilise désormais à sa guise.
...
Qu’Homo sapiens soit l’espèce la plus puissante du monde ne fait pas de doute. Homo sapiens se plaît aussi à penser qu’il jouit d’un statut moral supérieur et que la vie humaine a bien plus de valeur que la vie des cochons, des éléphants ou des loups, ce qui est moins évident. Y aurait-il une raison du plus fort ? La vie humaine est-elle plus précieuse que la vie porcine pour la simple raison que la communauté des hommes est plus puissante que celle des cochons ? Les États-Unis sont bien plus puissants que l’Afghanistan ; cela signifie-t-il que les vies américaines aient intrinsèquement plus de valeur que les vies afghanes ?