Je ne peux dire te dire niveau formation au débouchés, mais te partager l'expérience d'un un peu plus vieux que toi.
Ayant fait l'uni, sorti premier de volée, je n'ai pas eu trop de peine à me trouver une place dans une grande multinationale prestigieuse. Pour mon premier job, je me suis ainsi fait 4'800€ par mois (x13), avec abonnement fitness gratuit, repas bradés, produits offerts, subcides d'assurance maladie et sur les fringues, place de parc, soupers de fin d'année dans des Palaces avec bar à gogo, voyages à l'étranger dans de beaux hôtels, responsabilités, avenir doré... la vrai "Réussite" quoi.
J'ai tout plaqué le jour où je me suis rendu compte que j'étais triste d'aller bosser. La cravate m'étranglais, à tous les niveaux, et j'en ai eu marre de me faire regarder de travers parce que j'arrivais à vélo, et pas en Audi décapotable. J'ai trouvé un poste de stagiaire webdesigner à 60km de chez moi payé 600€ par mois. Un emploi clairement "sous-qualifié", pour lequel je n'étais pas formé. Mais ça m'a permi d'apprendre, de découvrir, d'exprimer ma créativité, dans une ambiance très sympa de copains, tous cyclistes.
Ca fait 4 ans que je suis dans cette boite, qui entre temps est passée de 4 employés à 29. Je suis devenu web designer, senior web designer, puis art director, chef d'équipe et membre du comité de direction. Mon salaire est de 4'000.- € (x12) pour un 90%, et je ne regrette rien. Je me sens bien.
Mais malgré ça. Un ami me disait l'autre jour "il n'y a que deux vrai métiers dans le monde: boulanger et maçon". C'est un peu excessif, mais c'est vrai qu'à la fin de ma journée, je me demande parfois ce que j'en ai fait. Agiter une boite en plastique sur un table et balader mes doigts sur un clavier en fixant un écran, pour faire s'allumer des points lumineux sur des écrans d'ordinateur. Bref, j'ai parfois l'impression de ne rien faire. Et j'envie, j'admire et je respecte énormément les gens qui savent faire quelque chose de leurs mains: à manger, des maisons, des objets, faire pousser des céréales ou jouer d'un instrument. Même ceux dont la seule tâche est de netoyer la rue ou les bureaux. Et puisque je trouve une grande beauté dans le travail du bois, ton message me pousse presque à me poser la question: est-il trop tard pour moi pour changer radicalement de direction.
Bien entendu, le principe de réalité s'oppose à celui du rêve. A quoi bon devenir luthier si tu ne peux jamais pratiquer, ne pas en vivre ? La question est légitime. Mais mon conseil sera quand même: suis la voie de ton coeur, tu ne vivras qu'une seule fois.
Bonne route, quel que soit le chemin que tu prends.
Hobbes