Article paru dans So Foot (autre chose que l'Equipe en matière de foot....et pour les incultes disont qu'au Nord il y a 11 mondial et au Sud So Foot...) et qui reflète un peu ce que je pense du match (même si, je le sais bien, tout le monde s'en fout)
France - Portugal
Le 05/07/2006 à 23:02
" Dès le coup d'envoi, une obsession : est-ce que
Raymond va faire entrer Govou aux alentours de la 75e,
comme il l'a déjà fait contre le Togo, l'Espagne ou le
Brésil ? A partir de la 75e, on pénètre le quart d'heure
wharolien de Domenech. On l'aime surtout pour ça,
Raymond. Avant d'en arriver à ce nirvana (la 75e donc),
il a bien fallu que les équipes sortent du tunnel qui
mène au terrain. Pour les Portugais, c'est toute une
affaire : le pied droit, en premier, toujours, puis le
signe de croix, parce qu'à ce moment du match, ils sont
encore persuadés que là-haut, Il est pour eux.
Après 38 secondes de jeu, Malouda part dans le dos de
Miguel, le latéral droit portugais mais ratatine
complètement. Un premier indice : les Français sont un
peu «crêpes», c'est-à-dire qu'ils n'y sont pas
franchement et qu'ils ont beau tenir conciliabule par
petits groupes, aux quatre coins du terrain, rien n'y
fait. Cristiano Ronaldo a tracé une autoroute sur son
aile gauche. Puis décide de passer à droite, puis de
revenir à gauche. Et Figo qui balance dans le mouvement.
Et Ribéry qui court, mais patine un peu trop, et Abidal
qui a les quilles qui vibrent pas comme il faut, et
Zidane qui a laissé son poste de meneur de jeu à Ribéry,
sauf que celui-ci a également décidé de jouer devant
parce que Thierry Henry est trop seul. Il faut dire qu'à
trop fréquenter Tony Parker, Henry croit que toucher
n'est pas jouer et se dérobe dès qu'il peut si bien
qu'il n'est plus toujours devant quand ça se passe, mais
les genoux sur le gazon et les bras en croix. De leur
côté, les Portugais ont la passe rapide et la frappe à
déclenchement automatique dès la ligne des 25 franchie.
Deco dès la 4e, Maniche à la 8e, placé en position de
tir par la mobylette Cristiano Ronaldo dont les
pénétrations irritent Makelele et ses petits potes.
Heureusement, dans les buts, la France sent qu'elle a un
grand gardien (quelques gants au-dessus de l'imposture
Ricardo).
Barthez est serein. Même quand ça frôle sa
transversale. Et puis, il y a la 33e minute. Sans doute
pas un hasard. Là-haut, Il n'est pas portugais ce soir :
Henry dans la surface, crochète à 180 degrés accroche la
cheville de Carvahlo, rajoute ce qu'il faut dans la
chute pour que l'homme en jaune sorte de sa coquille et
indique d'un doigt ferme le point de péno. Henry happy
et Zinédine au ballon pour sacrifier Ricardo, sur la
droite, et s'en retourner le poing serré et la gueule
grande ouverte, parce que celui-là, il vaut de l'or. Et
Zinédine le sait.
De retour des urinoirs, les Blancs ont décidé de faire
monter un peu la pâte et s'installent dans le camp des
Portugais. Dès la 47e, Henry décide d'y aller seul, pas
idiot, frappe dans l'angle mort et c'est Ricardo qui
manque de finir lui-même le boulot. Les Portugais savent
qu'ils vont devoir sortir, prendre les côtés et
s'approcher de la cage du chauve. Pour cela, ils ont un
type devant qu'on appelle «La Paulette» en France, qui
claque but sur but en championnat de France, mais qui,
dans les matchs importants sous le paletot lie de vin,
n'en colle pas un. A la 52e, Pauleta y croit un peu plus
que d'habitude (d'ordinaire, il finit ses actions en
levant les bras vers l'arbitre alors que la gonfle roule
toujours) et, en pivot, secoue le petit filet. Dans les
tribunes, Boris Becker apprécie. La 75e approche, et
forcément, on guette le banc. Govou est debout -ça se
voit, il dépasse un peu. On pensait Raymond un peu plus
précis que ça : il fait entrer son amulette à la 71e.
Dans l'épaisseur du trait. Forcément, avec un tel
porte-bonheur sur le terrain, les Blancs relâchent la
pression.
Sur un coup-franc plein centre de Cristiano Ronaldo,
Fabien Barthez s'essaie au volley alors qu'on attendait
la niche : une manchette à la va comme je te pousse sur
la tête de Figo qui réussit l'impossible, à savoir la
mettre au-dessus. Barthez aimerait lui embrasser le
crâne, mais il est plein de gel. La France est en
finale, elle a coiffé le Portugal sur un péno.
Franck Annese "