Film de Linch ...

Rappel du dernier message de la page précédente :
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Tout à fait d'accord ! Le cinéma de Lynch est un cinéma symbolique lié à la propre expérience singulière de son auteur.
La narration de Lynch est en effet un chaos cohérent, des images et des sons en fusion et par là même un récit lui même qui se chevauche, s'ellipse et ne s'entend que par la force du symbolisme.
Tu as parlé des éléments visuels et il est aussi important de se rendre compte du travail colossal du son dans les films de Lynch. Cet espèce de basse persistante et industrielle aux accents flangés ("Eraserhead" et quasiement tous les autres...) par exemple, la musique d'Angelo Badalamenti représentative à la limite du caricatural par moment, les zooms sonores sur des actions "in" ou "out" sont autant de force symbolisme.
Et même le choix de son casting non seulement pour leurs physiques, archétype représentatifs, mais aussi de leurs voix expressives et symbole de personnage archétypaux. Par exemple Kyle MacLachlan a été décrit par Lynch lui même comme l'archétype même du bon fils américain. Et il est vrai, lorsqu'on le regarde et qu'on l'entend, qu'il est vraiment la meilleure représentaion de ce type de personnage.

Pour en revenir à la narration de Lynch, je l'envisage en sachant que David Lynch est avant tout un peintre. Ce qui me conduit à cette façon de l'appréhender : des découpes d'un même tableau exposées de façon non linéaire mais par champ c"hromasymbolique"... La beauté d'une telle narration réside dans le fait qu'à contrario d'un film "classique" (Exposition, devellopement, climax, résolution) qui se commence est se finit sur l'écran, celle de Lynch, elle, se poursuit bien au delà de la salle ou de l'heure qui suit au visionnage. La compréhension, la reconstitution se fait à tout moment : lors du films par les émotions mais aussi par les concepts exposés, le mélange apparament désarticulé des scènes que l'on voit et entend se met déjà en place. A la sortie du film alors que notre esprit flotte encore dans les halos, vapeurs infinicolores chargées de sens ou se dessine déjà un sens systémique bien que non articulé.... Et dans notre propre appréhension et confrontation de la vie de tous les jours où ces symboles apparaissent alors sous un jour plus clair. Le regard de Lynch altère la perception de son spectateur et lui ouvre un autre découpage de la vie, un entendement plus poétique du "commun".
Au final, lorsque tous ces éléments se sont rencontrés, on a enfin une idée du tableau que le maître a voulu nous présenter.

Des livres entiers ont été écrits sur Lynch et ses oeuvres... Mais le mieux reste encore d'aller voir ses films.
Invité
Et pour poursuivre :


Si on exclut The Long Story dans la filmographie de Lynch, on remarque que seul le personnage de Elephant Man n'est jamais mauvais (il derogerait donc a la regle lyncheene selon laquelle chaque individu tombe dans le Mal a un moment ou l'autre). Il ne connait pas le Mal et se trouve donc touche par la grace. Sauf que le Mal s'exprime sur lui a travers son physique.
Et c'est en ce sens precis que le cinema de Lynch rejoint celui de Cronenberg : la juxtaposition du Bien et du Mal transforme l'individu en monstre (au sens propre, comme au figure). Et cette monstruosite a valeur hautement sexuelle puisque c'est par ce biais que le Mal s'inscruste dans le personnage.
Lynch et Cronenberg sont des cineastes de la monstruosite. Chez Lynch, elle est de nature psychanalytique, chez Croneneberg, elle est tout simplement organique.

La ou le cinema de Lynch est fondamentalement moraliste, c'est que la monstruosite de l'individu n'est pas tenable. Le monstre se perd ou disparait tot ou tard (et donc le Mal disparait egalement). Il explique implicitement que cet etat de fait (le paradoxe du Bien et du Mal chez le meme individu) n'est pas tolerable (la contradiction est trop forte).

D'ou mon expression : le cinema du paradoxe contradictoire.

On peut egalement dire que Lynch decrit un cinema nostalgique : le Mal disparait a la fin, mais en emportant le Bien avec lui. Le seul moment de Grace est donc lie au passe, plus particluierement a l'enfance.

Le seul film non nostalgique de Lynch est paradoxalement The Long Story : a la fin, les deux freres se retrouvent, et donc le passe a valeur de present.
coyote
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  • #32
  • Publié par
    coyote
    le
Le cinéma de Cronenberg a tendance à mal vieillir contrairement à celui de Lynch, et le discours du cinéaste canadien tourne malheureusement en rond.
"Have you ever been to Electric Ladyland"

"Il est difficile de vaincre ses passions, et impossible de les satisfaire."

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Invité
Je suis.......assez d'accord.
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Pour ceux qui veulent en savoir plus sur Lynch je conseille entre autres le livre de Michel Chion "David Lynch" édité aux (beurk) cahiers du cinéma....
coyote
  • Vintage Ultra utilisateur
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  • #35
  • Publié par
    coyote
    le
oliviorc a écrit :
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur Lynch je conseille entre autres le livre de Michel Chion "David Lynch" édité aux (beurk) cahiers du cinéma....


superbe ouvrage en effet, chez le mm éditeur, les longues interviews de Leone et Scorcese sont magnifiques.
"Have you ever been to Electric Ladyland"

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