Jeudi, comme de temps en temps, je couvrait un session du tribunal correctionnel. Défilé habituel des délits plus ou moins importants avec, à la clé, souvent du sursis ou des petites peines de prison, surtout dans le cadre d'une récidive. Arrive à la barre une femme accusée d'avoir volé pour 75 euros de nourriture dans un supermarché. Elle est au RMI, a trois enfants, le père ne paie plus la pension alimentaire, elle ne s'en sort plus depuis que les restos du coeur de la ville sont fermés. Seulement, elle est multirécidiviste, puisqu'elle a été condamnée cinq fois pour des faits similaires, la dernière fois à deux mois avec sursis. On sent de la détresse chez elle et aussi de la honte de ne pouvoir nourrir correctement ses enfants. Son avocat, commis d'office, la défend mollement, avec des effets de manche qui auraient prêté à sourire dans d'autres circonstances. Bilan : révoqué, deux mois ferme. Les enfants seront, pendant ce temps, chez leur grand-mère.
Jeudi toujours, Guy Drut, condamné à 12 mois de prison avec sursis pour avoir fait joujou avec les règles des marchés publics, ce qui a coûté bien plus que 75 euros, est amnistié par Jacques "Bokassa" Chirac parce qu'il a su, à un moment de sa vie, courir plus vite que les autres. Dommage que cette mère de famille n'ait pas passé plus de temps sur les stades. Et espérons que le curé Dufour n'ait pas été champion de Savoie de saut en hauteur, Chirarc pourrait le relâcher dans la nature...