ZePot a écrit :
C'est un peu incohérent d'espérer des progrès sur la fusion ou les énergies renouvelables d'un côté, et de l'autre de tenir pour certain qu'il n'y aura aucun progrès sur le traitement des déchets radioactifs et qu'ils sont là pour l'éternité... Le nucléaire aussi c'est un pari sur l'avenir, ce n'est pas une technologie figée, pourquoi ce serait la seule ?
Je pense qu'à l'échelle de l'Homme sur Terre il faut aussi s'assurer de ce que l'on est capable de faire et d'assumer.
Un peu de cohérence : On imagine ITER et on fait le pari que ça fonctionnera dans 10 20 30 ou 100 ans. C'est bien, on voit loin, on se projette, on a mis des ronds dedans (suffisamment ? )
Mais de l'autre côté on se projette tellement loin qu'on dit que l'enfouissement des déchets (MA VL et HA VL) sera réversible pendant 100a ensuite c'est parti pour l'éternité.
Dans le principe :
https://www.cigeo.gouv.fr/comm(...)o-141
Citation:
Maintenir la mémoire
Bien que la sûreté de Cigéo ne repose pas sur le maintien de la mémoire après 500 ans, il est néanmoins conçu avec l’objectif d’en conserver une trace et de la transmettre aux générations futures le plus longtemps possible. Une surveillance sera maintenue après la fermeture, aussi longtemps que la société le jugera nécessaire.
Il y a une responsabilité collective pour éviter d’éventuelles intrusions, volontaires ou accidentelles, dans plusieurs siècles ou plusieurs millénaires. En croisant des disciplines aussi variées que l’archéologie des paysages, la linguistique, le vieillissement des matériaux, l’archivistique et les sciences humaines et sociales, l’Andra travaille sur plusieurs pistes associant messages, supports physiques et relais.
Objectif : conserver et transmettre la mémoire du site et les enjeux de sûreté aux générations futures, à très long terme afin que nos lointains descendants trouvent et comprennent les informations que nous leur aurons laissées sur Cigéo.
Parce que la grosse difficulté des déchets nucléaires qu'on a généré et qu'on sait pas quoi en faire, à part les mettre sous le tapis, c'est de pas les oublier.
Aux USA ils ont le même problème :
Citation:
Il a été demandé par voie légale de dissuader le public de s'approcher trop près du site au cours des dix mille ans à venir.
On décida de rédiger des avis en sept langues (les 6 langues officielles des Nations Unies et le navajo) qui seront gravés sur des monuments en granit de vingt tonnes et dépassant les 7,5 mètres ainsi que sur des disques de 22 centimètres de diamètre d'argile réfractaire et d'oxyde d'aluminium enfouis au hasard dans tout le site.
Des renseignements plus détaillés concernant les « risques ensevelis » seront affichés aux murs de trois salles identiques, également ensevelies pour deux d'entre elles. Le tout sera bordé d'un accotement de terre de dix mètres de haut, incrusté d'aimants et de réflecteurs radars afin d'indiquer par tous les signaux possibles aux générations futures que quelque chose de dangereux est sous terre. C'est à cet endroit qu'un des premiers exemples de Messages d'avertissement de longue durée sur les déchets nucléaires a été mis en pratique.
Citation:
Les messages d'avertissement de longue durée sur les déchets nucléaires sont destinés à empêcher toute intrusion humaine dans les centres de stockage des déchets nucléaires dans un futur lointain, d'un ordre de grandeur égal ou supérieur à 10 000 ans. La sémiotique nucléaire est un domaine de recherche interdisciplinaire, développé en premier par le groupe de travail sur l'interférence humaine (en), ce depuis 1981.
Le WIPP a fait une recherche approfondie sur l'élaboration de ces messages. Puisque les langues vivantes d'aujourd'hui sont les langues mortes de demain, l'équipe de recherche a préféré retenir les pictogrammes et l'architecture hostile1. Si toutefois un message écrit devait être utilisé, ce serait celui-ci, qui serait à traduire dans chacune des langues officielles de l'Organisation des Nations unies:
This place is a message... and part of a system of messages ...pay attention to it!
Sending this message was important to us. We considered ourselves to be a powerful culture.
This place is not a place of honor ... no highly esteemed deed is commemorated here... nothing valued is here.
What is here was dangerous and repulsive to us. This message is a warning about danger.
The danger is in a particular location... it increases towards a center... the center of danger is here... of a particular size and shape, and below us.
The danger is still present, in your time, as it was in ours.
The danger is to the body, and it can kill.
The form of the danger is an emanation of energy.
The danger is unleashed only if you substantially disturb this place physically. This place is best shunned and left uninhabited.
C'est un sujet abordé dans Into Eternity.
Citation:
Le projet Onkalo propose une solution permanente au problème des déchets nucléaires, en les enfouissant à 500 mètres sous terre, à travers cinq kilomètres de galeries. Le lit rocheux, âgé de 1,8 milliard d'années, est considéré suffisamment stable pour que son comportement soit prédictible sur 100 000 ans. L'infrastructure, dont la construction doit se terminer aux alentours de 2100, sera ensuite scellée. Plusieurs questions se posent alors quant à la sécurité du dispositif, et en particulier le problème d'une éventuelle intrusion humaine.
Les scientifiques finlandais considèrent qu'il est possible d'anticiper les changements de la société sur quelques décennies, voire quelques siècles, mais il est très difficile de savoir à quoi ressembleront les générations futures d'ici 100 000 ans. L'instabilité des activités humaines peut mener à des crises, des guerres et autres catastrophes qui amèneraient à oublier Onkalo et les raisons de sa construction. Si Onkalo venait à être redécouverte, elle pourrait alors être considérée comme un lieu de culte, un tombeau ou encore un trésor caché. Il est également impossible de savoir si les futures générations seront à même de comprendre nos langues et nos symboles, s'ils disposeront d'une technologie plus avancée ou plus rudimentaire. Il est donc nécessaire de trouver un moyen universel de les avertir et de leur transmettre des informations, le problème étant de choisir quelles informations transmettre et sous quelle forme.
Une dernière problématique est relative à la législation, qui demande une transmission d'information aux générations futures de manière permanente. La Finlande est donc responsable du maintien de l'information et de l'adaptation de la langue. Cependant, il est impossible de faire confiance aux générations futures et leur comportement ne peut être prédit. La construction d'Onkalo repose sur beaucoup d'incertitudes. Le site ne doit donc pas dépendre de l'activité humaine et doit pouvoir remplir son office en cas de perte des connaissances qui lui sont relatives.
Le film est présenté comme un avertissement adressé à une audience future, lui demandant de ne s'introduire dans l'infrastructure sous aucun prétexte.
On parle de milliers d'années et on va au delà de ce que l'Homme a connu sur Terre.
Le problème éthique qui se pose c'est qu'on part du principe qu'on se fixe 100a pour la réversibilité du stockage et ensuite on ferme définitivement et on espère qu'il ne se passera rien pendant longtemps.
On met en route une technologie qui ne peut vivre que 40a au mieux mais qui nous laisse une poubelle nocive mortelle sur plusieurs fois la durée de vie de l'Homo Sapiens.
Dans le raisonnement il y a un problème.
Donc oui on peut s'imaginer que dans 20 ou 200 ou 2000 ans on saura quoi faire de ça.
C'est exactement le même raisonnement qui est tenu par certaines personnes pour les émissions de carbone au sujet du réchauffement climatique.
On se dit qu'il faut baisser les émissions de carbone sur la planète entière. Et d'autre prétendent que la technologie nous apportera une solution (Trump en fait parti).
Ben là c'est un peu le même problème.
Pour en revenir à ta question de départ, ça dépend aussi du choix de la réversibilité. Comme aujourd'hui on est certain de pas savoir quoi en faire et qu'on est certain aujourd'hui que dans un avenir proche on aura pas de solution, la solution la retenue est de dire : on fait un trou, on met la saloperie dedans, on rebouche, et on prie pour qu'il y ai pas de truc grave dans 50 000 ans, c'est à dire l'âge de l'Homo Sapiens.
C'est une histoire d'échelle temporelle.