Slash-36 a écrit :
Tu sais Park, y'a pleins de raisons qui peuvent te faire changer de point de vue ... La zone où tu vis, ce que tu peux subir (agressions verbales/ physiques, etc) ... Et si à chaque fois ou presque c'est par des gens qui ne sont pas blanc, tu vas peut être commencer à penser différemment.
Je recoupe ça avec mon propre cheminement. Qui ressemble tout à fait à la première partie de ce que tu décris. J'ai grandi à Saint Denis dans les années 80-90. C'était parmi ce qui se faisait de pire en termes de misère sociale et de délinquance en France à cette époque.
J'ai vu et vécu de la violence. J'ai été harcelé, je me suis battu, j'ai été racketté. Par des gens de toutes les couleurs et de toutes les religions. J'étais l'un des 2-3 de mes classes à avoir un patronyme français et à être blanc de peau, chaque année. Il y avait des descendants d'espagnol, de portugais, de yougoslaves, de polonais, d'algériens, de tunisiens, de marocains, de maliens et des français d'outre mer. Des catholiques, des orthodoxes, des musulmans, des juifs. D'après les infos que j'ai eues au cours des décennies suivantes, 1/4 à 1/3 a fait de la taule.
Evidemment, sur une majorité de gens issus de l'immigration, statistiquement, la majorité des gens avec qui j'ai eu des emmerdes étaient issus de l'immigration. J'aurais pu me mettre à penser comme tu sembles indiquer qu'il est logique.
Pourtant, je n'ai jamais confondu le groupe et l'individu. Se faire emmerder par un type à la peau plus pigmentée que la mienne ne m'a jamais conduit à penser que tous les mecs plus pigmentés que moi étaient des sales types. Il n'y a aucune logique là-dedans à mes yeux.
Le truc que ne peuvent pas comprendre ceux qui théorisent sur la couleur ou la religion, c'est qu'on était entassés, tassés, comprimés, dans des zones où il n'y avait pas de boulot. J'avais des potes qui vivaient à 4 ou 6 sur le smic du père. Evidemment, que voir passer un business va être tentant pour ces mecs là. Evidemment, qu'ils vont voir avec avidité, puis envie, puis rage, les mecs en costard de la télé qui leur donnent des leçons. Evidemment, qu'ils vont construire un modèle artificiel mais très solide d'inversion des valeurs, où le plus fort et le plus violent devient le plus respecté.
Je t'assure que je ne comprends pas que l'on puisse être obtus à ça. Ca me dépasse. Qu'est ce qu'on fait de tous les descendants d'immigrés qui parviennent à mener leur barque sans tomber là dedans ? Et des descendants de français sur 8 générations qui tombent là-dedans alors que blancs et baptisés ? La misère crée de la violence.
Je l'ai vu, je m'en suis échappé (j'ai eu de la chance plus que du mérite) et j'ai fait en sorte de ne pas y élever mes gosses. Pas pour éviter qu'ils se mélangent sur le plan ethnique (hé, tu sais quoi ? Ils sont eux-mêmes issus d'un mélange ethnique), mais pour qu'ils ne connaissent pas ces foyers de violence créée par la misère. Je sais que j'ai des potes et des camarades de classe qui sont restés coincés dans ce piège à rat et j'ai bien plus de peine pour eux que de mépris et de rejet.