Citation:
En premier lieu, l'interdit empêche indéniablement les personnes respectueuses de la loi de franchir un pas. Le droit étant empreint de morale depuis l'avènement du christiannisme en Europe, il existe chez de nombreux occidentaux le réflexe d'associer légalité et morale.
"Si on l'autorise, c'est que ça doit pas être dangereux". Réflexe de grenouille de bénitier dont se moquait un grand personnage du XIXe.
En effet, l'interdiction peut être marque de danger mais je pense qu'il ne faut pas surestimer ce facteur et surtout ne pas le considérer comme l'unique marque de dangerosité. Dans un système sans prévention, ce serait le cas, mais regardons l'alcool et le tabac, ils sont autorisés mais par des mesures d'information et de contrôle, la consommation diminue.
Mon système n'a jamais été mis en place, on ne peut faire de prévisions qu'avec des choses plus ou moins similaires, je vais en prendre deux ici. La prohibition de l'alcool entre 1919 et 1933 n'a pas fait baisser le nombre d'alcooliques et son arrêt ne l'a pas fait augmenter.
L'Oregon a dépénalisé la marijuana en 1973, quatre ans après la consommation n'avait pas augmenté.
Voila deux exemples où ce paramètre, loi=dangerosité, a été sérieusement chamboulé et où il n'y a pas eu de grands bouleversements dans la consommation.
L'interdit moral demeure, peu importe la loi. De plus, les lois actuelles n'ayant aucune base scientifique et un nombre croissant de gens le sachant, la loi perd de sa force de persuasion.
L'année dernière, j'avais lu les résultats d'une étude canadienne assez intéressante. Elle étudiait l'impact des messages de réduction des risques sur les jeunes.
Il y avait un point de rupture vers 14 ans. Avant cet âge, les enfants percevaient ces messages comme une autorisation de consommer. Après cet âge, ils comprenaient la démarche sanitaire.
Citation:
Quelle forme prendrait la réduction des risques liés au cannabis, selon toi?
Y-a-t-il des risques, actuellement?
Il y a très clairement des risques.
-Le mode de consommation, le fait de fumer, qu'on pourrait réduire par une meilleure communication sur les vaporisateurs. Pour cela, le changement législatif n'est pas nécessaire.
-Une consommation précoce est très nuisible. La probabilité de développer une addiction au cannabis est clairement plus élevée à l'adolescence. Récemment, dans "C dans l'air: Cannabis, le troisième fléau", le docteur William Lovenstein expliquait pourquoi. Le cannabis est une sorte de cadeau empoisonné pour répondre à des troubles fréquents de l'adolescence comme l'anxiété ou les troubles du sommeil. A court terme, c'est une amélioration certaine de ces problèmes qui encourage à en reprendre et survient l'addiction.
"Autoriser aux majeurs pour mieux interdire aux mineurs", c'est un des aspects de mon système.
-La sanction législative.
-La marginalisation des consommateurs à problèmes. Je pense que vous avez tous vu ça quand vous étiez jeunes, les consommateurs quotidiens qui se regroupent autour d'un dealer, passent leurs journées et leurs soirées ensemble car affrontant les même tracas pour s'approvisionner.
Citation:
En admettant que l'Etat paie des fonctionnaires avec l'impôt des non drogués (...) pour qu'ils préparent de la "bonne drogue"... un héroïmane vit-il longtemps avec de la drogue "bio"?
(...)
Si tu veux raisonner sur l'héro, alors moi aussi : il faut la légaliser pour éviter qu'elle soit "mal coupée"?
-Tout cela serait financé par les taxes sur les produits moins dangereux comme le cannabis(dangereux quand même hein, je ne dis pas que c'est anodin). C'est aujourd'hui que l'impôt des "non-drogués" finance cette "guerre à la drogue"(plutôt "guerre aux drogués" pour moi).
-En mettant en place un système de distribution contrôlé d'héroïne, le but est de supprimer les overdoses et les contaminations.
Aujourd'hui, l'interdit n'empêche pas l'approvisionnement mais le rend plus contraignant. Le toxicomane utilise la majorité de son temps et de son énergie pour pouvoir financer et trouver ses doses, autant dire qu'il est complètement marginalisé. L'attente est que ce temps et cette énergie soit redirigée vers un financement légal, une volonté d'arrêt, des rencontres avec le système de soins,...
(je suis pas sur d'avoir été bien clair, si vous avez pas trop compris, dites le moi).
Citation:
Tu parles de vendeurs, puisque les consommateurs n'ont aucune chance à l'heure actuelle d'avoir un casier judiciaire...
Détrompes-toi, il est en effet aujourd'hui fort rare qu'un simple consommateur soit sévèrement sanctionné mais cela arrive quand même. Dans les dizaines de milliers d'interpelations, ça ne se remarque pas mais il suffit de pas avoir de chance, selon le parquet et le juge.
De plus, souvent, la frontière est floue entre le consommateur et le revendeur. Je pense notamment aux "achats groupés", un individu va acheter telle quantité destiné a tout un groupe d'amis. Il peut être considéré comme un dealer.
Le problème d'avoir une loi très sévère non-applicable, c'est qu'il n'y vraiment aucune égalité devant cette loi, c'est "au petit bonheur la chance".
Citation:
Pourquoi une personne vend de la beu? Pour se faire du fric.
Et pour financer sa consommation, quand on est à des niveaux bas dans l'échelle du traffic.
L'interdit gonfle en effet les marges, ce qui intéresse beaucoup de monde. Mais justement, avec mon système de monopole d'Etat, plus de trafic.
Citation:
En conclusion, tu légalises la beu, la délinquance se déplacera sur d'autres drogues ou d'autres activités illicites
Ce que je défens enlève toutes les drogues au marché noir. Pour les autres activités illégales, il faut se rendre compte à quel point le trafic de drogue est la moins dangereuse et la plus rémunératrice.
Contrairement aux autres crimes et délits, il n'y a pas de victimes, pas d'exposition et ça rapporte bien plus que des vols ou attaques à mains armées. De plus, on dégagerait de nombreuses places de prison et de gros moyens policiers pour s'attaquer aux autres problèmes de criminalité.
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Pensez aux personnes qui géraient leur consommation et se sont retrouvés en prison.
Que veux-tu dire?
Depuis que la prohibition est en place, il y eût un nombre incalculable de cas de consommateurs dont la drogue n'a pas ruiné leur vie mais la loi l'a fait.
Dans le camp des prohibitionnistes, que préconisez-vous? Le statu quo ou des évolutions de l'interdiction?