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La première Ève avait entraîné Adam hors du Paradis de sa propre volonté. Par sa douceur et son amour, Selma me fit entrer avec empressement dans un paradis de vertu et de pure affection. Mais ce qui est arrivé au premier homme m'est arrivé aussi, et l'épée ardente qui le chassa de l'Eden ressemblait à celle dont le tranchant éclatant m'épouvanta et me força à renoncer à mon amour sans quej'aie désobéi à aucun ordre ni goûté le fruit de l'arbre défendu. Aujourd' hui, alors que tant d'années se sont écoulées, il ne me reste de ce beau rêve que de pénibles souvenirs qui battent autour de moi comme des ailes invisibles, qui emplissent de tristesse le tréfonds de mon coeur et qui me font monter les larmes aux yeux. Et ma belle Selma bien-aimée est morte. Et rien ne demeure pour m'en souvenir que mon coeur brisé et une tombe entourée de cyprès. Cette tombe et ce coeur, c'est tout ce qui reste pour porter témoignage de Selma.
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Nous demandons à la pensée, et principalement à la pensée scientifique, de dissiper les obscurités, les confusions et les incompréhensions : son rôle est d'établir l'ordre et la clarté, de bannir le trop compliqué et le complexe. Mais ces pratiques de simplification mutilent la réalité dont elles cherchent à rendre compte ; elles produisent plus d'aveuglement que d'élucidation. La question qui alors se pose est de déterminer comment nous pouvons et devons faire face à la complexité sans tenter de la simplifier.
L'ouvrage d'Edgar Morin cherche ainsi à donner au terme de complexité un sens positif, alors que la tradition philosophique et scientifique l'a le plus souvent envisagé de façon négative voire péjorative. La complexité est vue comme une sorte de « tare » de la pensée dont il s'agit de guérir. Morin montre au contraire qu'elle est une chance la seule chance que nous ayons de comprendre le monde qui est le nôtre. Le complexe ne s'oppose pas à ce qui est simple, mais intègre ce qui relève du clair et de l'ordonné ; c'est le simple et la simplification qui, à l'inverse, désintègrent la complexité du réel, la font éclater en disciplines distinctes et le plus souvent antagonistes (philosophie,
Mathématique, anthropologie, etc.). La complexité est le maître mot de l'oeuvre de Morin, le dénominateur commun à quasiment tous ses travaux, le centre de son propos et de sa recherche. Dans cet ouvrage, il nous livre en quelque sorte un discours de la méthode du complexe, ses règles pour une méthode non simplificatrice. La méthode ne peut être que celle de la complexité.