Lutinvolant a écrit :
Ce qui n'est en aucun cas la démarche de Beigbeder qui ne se sert de cet enfermement (très temporaire) pour plonger dans ses souvenirs.
C'était de l'ironie... L'expérience et la démarche (si démarche il y a... et dans le cas ou elle existe, il faudrait m'en expliquer le sens et la destination) de Beigbeder sont d'un tel dérisoire, qu'elles discréditent d'entrée la sincérité et la crédibilité de son introspection.
Lutinvolant a écrit :
Je ne vois pas pourquoi les "bourges socialement surprotégés" n'auraient pas d'état d'âme. Que ça ne t'incite pas à les lires, c'est ton droit, chacun fait ce qu'il veut.
Non, mais ça m'incite a critiquer les arrières cours de l'édition... Les auteurs publiés et les comités de lecture sont issus du même petit milieu (on y croise curieusement très peu d'enfant de prolo). L'auto-fiction bourgeoise actuelle, en plus d'être anachronique et redondante...est également boursouflée de situations prévisibles et de narrations hypodiégétiques usées jusqu'à la corde... C'est votre droit de plébisciter des bouquins quelconques et interchangeables, c'est le mien de dire que ces tonnes de signes insignifiants et népotiquement cooptées entravent la diversité et l'émergence de réels nouveaux talents littéraires.
Lutinvolant a écrit :
Parce qu'il est bien connu que les prisons françaises, les locaux de police et les cellules de garde à vue sont, en France, des nids douillets...blablabla)
J'ai fait plusieurs séjours en cellule de dégrisement et j'ai également eu la malchance d'être déféré au dépôt (d'ailleurs, quand on a un minimum de cohérence mondaine, c'est positivement vulgaire de faire son premier séjour dans ce triste lieu la quarantaine passée...Soit on y entre beaucoup plus tôt, soit on n'y met jamais les pied).
Ce n'était évidement pas l'éloge du système carcéral français que j'essayai de dresser (mais bon je ne peux pas trop en vouloir a un fanboy de Beigbeder de ne pas savoir lire) mais l'éloge du pathétique ridicule de ce même Beigbeder dans sa véhémente dénonciation...
La fouille au corps, le matricule, la promiscuité dans un cachot du 19ème qui pue la pisse, le procureur tête a claques frustré qui se défoule...Ne sont pas les choses les plus humiliantes...Le plus humiliant c'est d'être confronté à la vraie misère de ses contemporains et de voir comment l'état de droit s'en débarrasse...
J'ai vu a l'intérieur de ce qu'on appelle "la souricière" (et qu'on peut décrire comme une rangée d'étroites cages individuelles en métal ou les condamnés attendent le panier a salade qui va les conduire en maison d'arrêt)...située donc, dans les glauques couloirs sous-terrains qui font le lien entre les geôles puantes du dépôt et le palais de justice... Un condensé de misère sociale, mentale, physique impressionnant et très éloigné de ce qu'on assimile habituellement aux délinquants sensés mériter la taule...
Frédo s'est retrouvé le nez dans la merde au même endroit, et il ne fait que se plaindre de lui même... L'indécence (pire l'indifférence) sociale, peut difficilement être plus médiocrement incarnée...
Lutinvolant a écrit :
Car c'est bien connu, pour être altruiste, cultivé, excellent, courageux et décent moralement, il suffit d'être pauvre... J'y avais pas pensé... Encore merci !
Hélas, les pauvres ont été victime de la même décadence dégénérative qui a affecté les richeux... La classe ouvrière française et le lien social qui pouvait l'unir et faire frémir parfois le patronat bourge n'existe plus... Aujourd'hui, les médiocres smicarts lobotomisés par la pub et le reste, se comportent comme une sorte d'incarnation contemporaine d'Emma Rouault devant un film de Rocco Siffredi...Donc, des frustrés qui
fantasment sur une autre frustration (donc qui achètent les bouquins de Beig' et de ses copains)... On ne va pas aller loin avec ça
Lutinvolant a écrit :
Sinon je suis d'accord avec Jumping Jack, tu as du style, du vocabulaire, des idées (je suis sincère), donc pourquoi ne pas en profiter pour rehausser le niveau littéraire et produire quelque chose !
J'ai trop d'intérêt pour la littérature et d'admiration pour les écrivains (j'ai d'ailleurs eu la chance de vivre quelques années avec une fille publiée et plutôt pointue, reconnue et talentueuse dans le domaine et d'avoir toujours quelques potes dans le bazar) pour avoir l'orgueil de croire que je sois capable, de maitriser suffisamment les subtilités narratives de la langue française...et d'avoir la capacité de travail, de rigueur et d'abnégation lacrymale que nécessitent l'écriture d'un bouquin et surtout le talent... Bref, je n'ai pas grand chose de plus intéressant a raconter que Beigbeder et je n'ai pas le talent pour prétendre avoir du style...Donc contrairement au cave susnommé, je préfère m'abstenir...
Lutinvolant a écrit :
J'aime Beigbeder (parmi d'autres) parce que ça me fait rire, parce que ça me détends. J
Si tu avais présenté ce bouquin en ces termes "fait rire"/"détendre"...Je ne n'aurais pas perdu de temps a émettre une critique...
C'est du divertissement, c'est tout OK...par contre ne venez pas me parler de littérature, de style ou de talent concernant Beigbeder