Vous et les livres...

Rappel du dernier message de la page précédente :
Neredev
Tu le lis en français?
C'est ton premier Burroughs?

Je le répète, passé Queer, Burroughs est intraduisible. Son style pâtit énormément du passage au français, et pour certains romans on se demande même pourquoi les traducteurs ont essayé (the Soft Machine, the Ticket That Exploded, Nova Express).

Je ne sais pas quoi dire pour ce qui est des aspects sodomites, je suppose que depuis le temps que je lis mr. Lee, ça ne me choque plus. Après, effectivement, c'est pas dans un bouquin de Begbeider qu'on trouve ce genre de choses...
nick kent (l'auteur de "the dark stuff") vient de sortir (en anglais) ses mémoires des seventies, "apathy for the devil"




autre parution récente:

jean-marc mandosio, "longévité d'une imposture : michel foucault"
lemg
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palikao a vraiment eu une chouette idée. :mdr:
lemgement lemg
Monsieur M
Neredev a écrit :
Tu le lis en français?
C'est ton premier Burroughs?

Je le répète, passé Queer, Burroughs est intraduisible. Son style pâtit énormément du passage au français, et pour certains romans on se demande même pourquoi les traducteurs ont essayé (the Soft Machine, the Ticket That Exploded, Nova Express).

Je ne sais pas quoi dire pour ce qui est des aspects sodomites, je suppose que depuis le temps que je lis mr. Lee, ça ne me choque plus. Après, effectivement, c'est pas dans un bouquin de Begbeider qu'on trouve ce genre de choses...

Je ne lis qu'en français en général : je pâtis trop de la lecture dans le texte étranger. Sinon j'ai franchement apprécié le bouquin, le deuxième que je lis de Burroughs (le premier était Le Festin Nu), mais bon, y a eu des changements de rôles récemment.



lui
Pendez-les tous.
Duffboy
Je viens de finir "De sang froid" de Truman Condom et là j'attaque "Le Complot contre l'Amérique" de Philip Roth. J'avoue être assez séduit au vue des maigres pages que j'ai pour l'instant parcourues.

Sinon j'aimerai bien lire un bouquin du prix nobel d'humanisme Lovecraft. A votre avis, par quoi commencer ?
Shoop Shoop, Duweddy Weddy
Shanga Langa, Langa Dulang
Monsieur M
Duffboy a écrit :
Sinon j'aimerai bien lire un bouquin du prix nobel d'humanisme Lovecraft. A votre avis, par quoi commencer ?

Le recueil Je suis d'ailleurs est, si mes souvenirs sont bons, le meilleur des éditions Gallimard. Sinon il y a le premier tome de la collection Bouquins.



lui
Pendez-les tous.
Neredev
Monsieur M a écrit :
Sinon j'ai franchement apprécié le bouquin, le deuxième que je lis de Burroughs (le premier était Le Festin Nu), mais bon, y a eu des changements de rôles récemment.


J'ai du mal à corréler le fait d'apprécier un bouquin et ton post précédent (cf. la critique du style), mais je peux concevoir que les "changements de rôles" jouent


Tout à fait d'accord pour "Je suis d'ailleurs", c'est avec celui-là que j'ai commencé et c'est une bonne introduction à mr. Lovecraft. Après, il y a ses nouvelles, contes et machins édités aux collections Bouquins.




Sinon, pour les anglophiles, je recommande encore une fois W.B. Yeats, dont les vers me donnent envie d'aller danser tout nu sur le Ben Bulben (...non, pas ces vers-là...).
Blackdragon
le Mythe du Cthulu est un bon recueil egalement, j'ai commencé par celui ci il y a maintenant deux ou trois ans... depuis j'ai a peu pres acheté tous ses bouquins^^

Lovecraft etait un putain d'auteur!
Compositeur, orchestrateur, guitariste.
Mon site : http://www.jf-originalscores.com
Mon soundcloud : https://soundcloud.com/jeremie-friez
Ma chaine youtube : https://www.youtube.com/channe(...)6GLtQ
Ma chaine Facebook : https://www.facebook.com/jfori(...)cores
edgar poe est supérieur
lovecraft est un bon auteur, poe est un génie
Blackdragon
en meme temps ils ne jouent absolument pas dans la meme cour... meme si on dit que c'est du fantastique, ce n'est pas du tout le meme...
(je dis ca en bon amateur des deux lurons hein )
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Monsieur M
jeroveh a écrit :
edgar poe est supérieur
lovecraft est un bon auteur, poe est un génie

Certes. Puis il y en a un quand même un des deux qui est traduit par Baudelaire.

Neredev a écrit :
J'ai du mal à corréler le fait d'apprécier un bouquin et ton post précédent (cf. la critique du style), mais je peux concevoir que les "changements de rôles" jouent

Ce n'était que cela.




lui
Pendez-les tous.
Ballochet
En parlant d'écrivain sodomite, après A l'Est d'Eden que je recommande à ceux qui ne l'ont pas lu, je me suis fait un petit Gide, mon premier, Les Nourritures Terrestres.
C'est un peu honteux de n'en avoir pas encore lu jusqu'ici, mais bon c'est chose faite et comme ça m'a bien plu ça ne sera pas mon dernier.

Là je vais entamer Mémoires d'un visage pâle (en anglais Little Big Man de Thomas Berger, qui a été adapté à l'écran avec Dustin Hoffman, à ce qu'on m'a dit il est génial.
Après, c'est Zaza qui va être content, je vais peut-être attaquer un Roger Nimier.
«Une polémique dite courtoise est un duel avec des épées mouchetées.» (Léon Daudet)

Raw Section.
pour les fans d'ANDRE GIDE :



Comme je rêvais fébrilement, après une longue période de la pire des paresses, à devenir très riche (mon Dieu! comme j'y rêvais souvent!) ; comme j'en étais au chapitre des éternels projets, et que je m'échauffais progressivement à la pensée d'atteindre malhonnêtement à la fortune, et d'une manière inattendue, par la poésie - j'ai toujours essayé de considérer l'art comme un moyen et non comme un but - je me dis gaiement : "Je devrais aller voir Gide, il est millionnaire. Non, quelle rigolade, je vais rouler ce vieux littérateur!"



Tout aussitôt - ne suffit-il pas de s'exciter? - je m'octroyais un don de réussite prodigieux. J'écrivais un mot à Gide, me recommandant de ma parenté avec Oscar Wilde ; Gide me recevait. Je lui étais un étonnement avec ma taille, mes épaules, ma beauté, mes excentricités, mes mots. Gide raffolait de moi, je l'avais pour agréable. Déjà nous filions vers l'Algérie - il refaisait le voyage de Biskra et j'allais l'entraîner jusqu'aux côtes des Somalis. J'avais vite une tête dorée, car j'ai toujours eu un peu honte d'être blanc. Et Gide payait les coupés de première classe, les nobles montures, les palaces, les amours. Je donnais enfin une substance à quelques-unes de mes milliers d'âmes. Gide payait, payait toujours ; et j'ose espérer qu'il ne m'attaquera point en dommages et intérêts si je lui fais l'aveu que dans les dévergondages malsains de ma galopante imagination il avait vendu jusqu'à sa solide ferme de Normandie pour satisfaire à mes derniers caprices d'enfant moderne.



On dira peut-être de moi que j'ai des moeurs d'androgide. Le dira-t-on ?



Au reste, j'ai si peu réussi dans mes petits projets d'exploitation que je vais me venger. J'ajouterai, afin de ne pas alarmer inconsidérément nos lecteurs de province, que je pris surtout en grippe M. Gide le jour où, comme je le fais entendre plus haut, je me rendis compte que je ne tirerais jamais dix centimes de lui, et que, d'autre part, cette jaquette râpée se permit d'éreinter, pour des raisons d'excellence, le chérubin nu qui a nom Théophile Gautier.



J'allai donc voir M. Gide. Il me revient qu'à cette époque je n'avais pas d'habit, et je suis encore à le regretter, car il m'aurait été facile de l'éblouir. Comme j'arrivais près de sa villa, je me récitai les phrases sensationnelles que je devais placer au cours de la conversation. Un instant plus tard je sonnais. Une bonne vint m'ouvrir (M. Gide n'a pas de laquais). L'on me fit monter au premier et l'on me pria d'attendre dans une sorte de petite cellule qu'assurait un corridor tournant à angle droit. En passant, je jetai un oeil curieux dans différentes pièces, cherchant à prendre par avance quelques renseignements sur les chambres d'amis. Maintenant, j'étais assis dans mon petit coin. Des vitraux, que je trouvais toc, laissaient tomber le jour sur un écritoire où s'ouvraient des feuillets fraîchement mouillés d'encre. Naturellement, je ne me fis pas faute de commettre la petite indiscrétion que vous devinez. C'est ainsi que je puis vous apprendre que M. Gide châtie terriblement sa pensée et qu'il ne doit guère livrer aux typographes que le quatrième jet.



La bonne vint me reprendre pour me conduire au rez-de-chaussée. Au moment d'entrer dans le salon, de turbulents roquets jetèrent quelques aboiements. Cela allait-il manquer de distinction? Mais M. Gide allait venir. J'eus pourtant tout le loisir de regarder autour de moi. Des meubles modernes et peu heureux dans une pièce spacieuse ; pas de tableaux, des murs nus (une simple intention ou une intention un peu simple) et surtout une minutie très protestante dans l'ordre et la propreté. J'eus même, un instant, une sueur assez désagréable à la pensée que j'avais peut-être saligoté le tapis. J'aurais probablement poussé la curiosité un peu plus loin, ou j'aurais même cédé à l'exquise tentation de mettre quelque menu bibelot dans ma poche, si j'avais pu me défendre de la sensation très nette que M. Gide se documentait par quelque petit trou secret de la tapisserie. Si je m'abusais, je prie M. Gide de bien vouloir accepter les excuses publiques et immédiates que je dois à sa dignité.



Enfin l'homme parut. (Ce qui me frappa le plus depuis cette minute, c'est qu'il ne m'offrit absolument rien, si ce n'est une chaise, alors que sur les quatre heures de l'après-midi une tasse de thé, si l'on prise l'économie, ou mieux encore quelques liqueurs et le tabac d'Orient passent avec raison, dans la société européenne, pour donner cette disposition indispensable qui lui permet d'être parfois étourdissante.)



"Monsieur Gide, commençai-je, je me suis permis de venir à vous, et cependant je crois devoir vous déclarer tout de go que je préfère de beaucoup, par exemple, la boxe à la littérature. - "La littérature est pourtant le seul point sur lequel nous puissions nous rencontrer", me répondit assez sèchement mon interlocuteur.



Je pensais : ce grand vivant !



Nous parlâmes donc littérature, et comme il allait me poser cette question qui devait lui être particulièrement chère : "Qu'avez-vous lu de moi?", j'articulai sans sourciller, en logeant le plus de fidélité possible dans mon regard : "J'ai peur de vous lire." J'imagine que M. Gide dut singulièrement sourciller.



J'arrivais alors petit à petit à placer mes fameuses phrases, que tout à l'heure je me récitais encore, pensant que le romancier me saurait gré de pouvoir après l'oncle utiliser le neveu. Je jetai d'abord négligemment : "La Bible est le plus grand succès de librairie." Un moment plus tard, comme il montrait assez de bonté pour s'intéresser à mes parents : "Ma mère et moi, dis-je assez drôlement, nous ne sommes pas nés pour nous comprendre."



La littérature revenant sur le tapis, j'en profitai pour dire du mal d'au moins deux cents auteurs vivants, des écrivains juifs, et de Charles-Henri Hirsch en particulier, et d'ajouter : "Heine est le christ des écrivains juifs modernes." Je jetais de temps à autre de discrets et malicieux coups d'oeil à mon hôte, qui me récompensait de rires étouffés, mais qui, je dois bien le dire, restait très loin derrière moi, se contentant, semblait-il, d'enregistrer parce qu'il n'avait probablement rien préparé.



A un moment donné, interrompant une conversation philosophique, m'étudiant à ressembler à un bouddha qui aurait descellé une fois pour dix mille ans ses lèvres : "La grande Rigolade est dans l'Absolu", murmurai-je. Sur le point de me retirer, d'un ton très fatigué et très vieux, je priai : "Monsieur Gide, où en sommes-nous avec le temps?" Apprenant qu'il était six heures moins un quart, je me levai, serrai affectueusement la main de l'artiste et partis en emportant dans ma tête le portrait d'un de nos plus notoires contemporains, portrait que je vais esquisser ici, si mes chers lecteurs veulent bien m'accorder encore un instant de leur bienveillante attention.



M. Gide n'a pas l'air d'un enfant d'amour, ni d'un éléphant, ni de plusieurs hommes : il a l'air d'un artiste ; et je lui ferai ce seul compliment, au reste désagréable, que sa petite pluralité provient de ce fait qu'il pourrait très aisément être pris pour un cabotin. Son ossature n'a rien de remarquable ; ses mains sont celles d'un fainéant, très blanches, ma foi! Dans l'ensemble, c'est une toute petite nature. M. Gide doit peser dans les cinquante-cinq kilos et mesurer un mètre soixante-cinq environ. Sa marche trahit un prosateur qui ne pourra jamais faire un vers. Avec ça, l'artiste montre un visage maladif, d'où se détachent, vers les tempes, de petites feuilles de peau plus grandes que des pellicules, inconvénient dont le peuple donne une explication en disant vulgairement de quelqu'un : "Il pèle."



Et pourtant l'artiste n'a point les nobles ravages du prodigue qui dilapide et sa fortune et sa santé. Non, cent fois non ; l'artiste semble prouver au contraire qu'il se soigne méticuleusement, qu'il est hygiénique et qu'il s'éloigne d'un Verlaine qui portait sa syphilis comme une langueur, et je crois, à moins d'un démenti de sa part, ne pas trop m'aventurer en affirmant qu'il ne fréquente ni les filles ni les mauvais lieux ; et c'est bien encore à ces signes que nous sommes heureux de constater, comme nous aurions eu souvent l'occasion de le faire, qu'il est prudent.



Je ne vis M. Gide qu'une fois dans la rue : il sortait de chez moi : il n'avait que quelques pas à faire avant de tourner la rue, de disparaître à mes yeux ; et je le vis s'arrêter devant un bouquiniste : et pourtant il y avait un magasin d'instruments chirurgicaux et une confiserie...



Depuis M. Gide m'écrivit une fois*, et je ne le revis jamais.



J'ai montré l'homme, et maintenant j'eusse volontiers montré l'oeuvre si, sur ce seul point, je n'eusse pas eu besoin de me redire.



Arthur Cravan



* La lettre autographe de M. Gide est à enlever à nos bureaux au prix de 15 centimes.



"Maintenant", n°2
Ballochet
Merci!

C'était drôle et instructif, je ne connaissais pas ce zigue, il m'a l'air intéressant, j'aime bien les gens qui ont la plume hargneuse.
Et boxeur avec ça, ce mec me plaît assez, je vais fouiller un peu plus, j'ai lu quelques autres trucs de lui dans Maintenant, L'exposition des indépendants.
«Une polémique dite courtoise est un duel avec des épées mouchetées.» (Léon Daudet)

Raw Section.
eh oui, cravan c'est énorme

« Avant de parler, il a tiré quelques coups de pistolet puis a débité, tantôt riant, tantôt sérieux, les plus énormes insanités contre l’art et la vie. Il a fait l’éloge des gens de sport, supérieurs aux artistes, des homosexuels, des voleurs du Louvre, des fous, etc. Il lisait debout en se dandinant, et, de temps à autre, lançait à la salle d’énergiques injures. » Paris-Midi, 6 juillet 1914


bon, puisque le nom de nimier est évoqué, je voudrais mentionner un petit livre estimable de georges laffly sorti en 1992, "mes livres politiques". l'ouvrage s'ouvre sur une évocation du livre de nimier "le grand d'espagne" que laffly considère comme le premier livre politique qu'il ait lu en 1950:

"dès ce moment, nimier voit se former une société inédite : si l'on en croit l'auteur, le monde serait une vaste entreprise religieuse, appuyée sur le sport, les spectacles, les journaux, qui ont remplacé les anciennes aristocraties et le christianisme. Intuition géniale de la Société du spectacle, comme dira plus tard Guy Debord (qui décrit la situation d'un point de vue marxiste). nimier saisit à la naissance une sociéte qui, depuis, apris, comme on dit d'un plâtre ou d'un ciment. Monde où l'homme est passif, essentiellement spectateur et consommateur. Où règne la marchandise, et tout est marchandise, même la culture, le soleil ou la neige ; monde où le produit compte moins que l'emballage.

l'ouvrage fut lu avec sympathie par debord qui l'évoque dans une lettre au poète ricardo paseyro en 1993: "j'ai lu avec beaucoup d'intérêt le livre de votre ami georges laffly. les catholiques extrémistes sont les seuls qui me paraissent sympathiques, léon bloy notamment. c'est un livre comme on en rencontre très peu : il a un air de parfaite sincérité. je trouve d'ailleurs qu'il me traite fort bien."

Beurp's
Bon la porte de Versailles, c'est moche, c'est loin de tout rive gauche et c'est impersonnel...
Mais j'espère qu'il y aura du champ' pas trop dégueu ce soir pour l'inauguration du salon du livre (les cocktails bien approvisionnés, c'est le seul attrait manifeste que les éditeurs français peuvent actuellement proposer) ...Et j'suis obligé d'y accompagner une copine éditée...

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