Quelques livres pertinents sur la question nucléaire :
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Jaime Semprun,
La Nucléarisation du monde, éditions Gérard Lebovici, réédité par Ivrea.
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René Riesel et Jaime Semprun,
Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances.
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Arnaud Michon,
Le Sens du vent, notes sur la nucléarisation de la France au temps des illusions renouvelables, Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances.
"Nous n'avons rien à reprocher au vent" précise Arnaud Michon, à juste titre car, vu la volée de bois vert qu'il administre à l'éolien industriel, on pourrait croire à une vengeance personnelle. Les fermes éoliennes? L'éolien off-shore? L'éolien-hydraulique? Les attols artificiels? Tout ce qu'on nous présente comme des alternatives ou des technologies douces "prometteuses"? Pour lui c'est zéro. Pas parce que ces nouveaux moulins à vent défigureraient le paysage, ou parce que leurs promoteurs prétendent que ces technologies sont plus humaines que d'autres alors quelles sont entièrement automatisées... Mais parce qu'au fond les éoliennes servent de somnifères.
La quasi-totalitè des écolos et citoyens grenello-compatibles se réjouissent aujourd'hui de voir s'élever ces engins plutôt que des centrales nucléaires, et se plaisent à croire que ça va dans le bon sens, celui d'une électricité plus douce, renouvelable, moins polluante. Certains vont jusqu'à rêver qu'un jour, à force de reconversion et de sobriété énergétique, la France criblée de réacteurs atomiques finira par sortir du nucléaire. Pure illusion, dit l'auteur, qui le démontre: nous n'en prenons pas le chemin. Le vent ne sert que d'alibi vert au nucléaire. Il ne contribue et ne contribuera qu'à proportion epsilonnesque à la production d'électricité, laquelle reste massivement (près de 80%) d'origine nucléaire. "La filière éolienne restera probablement pour l'Etat français un secteur énergétique d'appoint, juste assez voyant pour manifester que la France est bel et bien engagée dans l'électricité renouvelable, et s'assurer ainsi la participation revendicatrice de l'écologisme citoyen". Même Areva s'est mis à l'éolien pour mieux se la péter vert !
Ce que reproche, arguments chiffrés, solides et décisifs en main, l'auteur aux écolos, réservant ses pointes les plus acérées au Réseau sortir du nucléaire, c'est donc de participer à l'enfumage général. L'éolien n'est pour lui que "camouflage et accompagnement du second souffle de la nucléarisation". La consommation d'électricité a triplé ces trente dernières années et ce n'est qu'un début: "La réalité, dans toute sa brutalité, est la suivante: en France, aujourd'hui, tous les moyens de production d'électricité s'accroissent: nucléaire, renouvelable et thermique". S'illusionner sur l'éolien (ou le solaire qui en prend aussi pour son grade), dit l'auteur, c'est refuser de procéder à une "critique complète de la société capitaliste industrielle: pourquoi tant d'énergie? Pour satisfaire quels besoins? Pour mener quel genre de vie?" Anticipant la question "alors vous proposez quoi? ", il répond qu'avant de proposer quoi que ce soit il importe de se déprendre des illusions, surtout les plus "durables" d'entre elles...
Jean-Luc Porquet, article paru dans Le Canard Enchaîné
Tchernobyl, anatomie d'un nuage. Inventaire provisoire des dégâts physiques et moraux consécutifs à la catastrophe du 26 avril 1986, Éditions Gérard Lebovici.