Est-ce que la théorie ne tue pas la créativité?

Rappel du dernier message de la page précédente :
Barmy Army
Dés l'instant que ça sonne

Puis généralement lorsque tu composes et que tu trouves un riff, tu imagines parfois un solo de barbare, et du coup tu te replonges dans les bouquins afin de l'éxécuter. Enfin moi je marche comme ça....disons que je fous le nez dans les bouquins quand j'en ressent le besoin, et non pour bachoter.
L'avarice est le pire défaut qui existe, si on compte ses sous, on compte aussi ses sentiments.
sarssipius a écrit :

Quand j'ai commencé à lire les posts de Patrick je me suis dit la même chose... Beurk des codes, des règles... Mais finalement ça contribue à la magie du truc... Finalement, je vais faire une analogie avec la biologie (chassez le naturel il revient au galop)... Le monde vivant est d'une diversité incroyable (et pas seulement en terme de morphologie) or toutes ces formes vivantes ne sont que des variations autour de quelques "plans" de base... Des variations autour d'un même thème... Finalement, en musique c'est la même choses... Sauf qu'au lieu de plans ce sont des codes et des règles... Mais la présence de ces contraintes n'empêche justement pas la diversité... Mais au contraire permettent de broder autour...
J'aime vraiment bien l'image. Ce n'est pas exactement ce que je dis, mais je trouve la métaphore très censée et originale.
La théorie permet d'aborder les choses avec de nouvels perspectives.
Ce sont des clefs pour ouvrir certaines portes, mais ça ne tue pas la créativité. Quand on a a bien intégré des notions, ça permet d'aller + loin (impro, composition etc...) et on s'en sert inconsciement.
Ce n'est que mon petit avis
Pour resumer ce que je pense :

1 – ce qu’on appelle Theorie est en fait une facon de repertorier l’ensemble des usages musicaux dans un domaine precis. On parle ainsi d’harmonie classique pour decrire l’organisation des accords en musique classique. La Theorie musicale peut donc, par definition, s’etendre a n’importe quel domaine musical (ex:le rythme, le traitement du son).

2 – La Theorie en ce sens ne decrete pas de regles absolues. Mais dans la mesure ou les usages ont ete crees avec un soucis de coherence, la Theorie decrit ce qu’on peut faire ou ne pas faire dans le cadre d’un genre musical precis. La Theorie ne decrete donc pas les interdictions, mais propose les chemins pour jouer de facon coherente un style.

3 – Connaitre la Theorie dans un domaine musical permet d’avoir acces a l’Histoire de ce genre. Surtout, cela permet de decouvrir des aspects d’un genre musical que notre propre intuition nous aurait empeche de decouvrir. La Theorie est donc un guide musical pour explorer un genre.

4 – Creer, c’est innover. Il y a deux facons d’innover : par intention, ou par accident.

5 – Creer par intention necessite de connaitre les antecedants musicaux. La raison est logique : si on veut intentionnellement produire un element nouveau dans une chaine, il est necessaire d'avoir conscience de la chaine pre-existente. Pour cette raison triviale, il est fondamental de connaitre la Theorie.

6 – Creer par accident ne necessite pas de connaitre les antecedants. La creation par accident est un phenomene aleatoire et difficilement reproductible : la creation par accident repose par definition sur une approche hasardeuse.

Conclusion :
Si on souhaite creer par intention, une connaissance de la culture musicale, et donc de la Theorie, est essentielle.
Si on souhaite creer par accident, la Theorie n’est pas importante. Mais ce processus est par definition aleatoire, donc rare. Surtout, la creation par accident s’oppose a la volonte meme de creer : on ne peut decider de manipuler le hasard…
Chopper
Tout ceci dépasse largement le cadre strictement musical, ça peut même s'appliquer à la paëlla (mon poste est passé aux oubliettes, mais c'est pourtant exactement ce qu'il contient
Chopper a écrit :
Tout ceci dépasse largement le cadre strictement musical, ça peut même s'appliquer à la paëlla (mon poste est passé aux oubliettes, mais c'est pourtant exactement ce qu'il contient

Oui, tout a fait d'accord. Ton explication de la paella rejoind tout ca. La musique est un probleme qui n'est pas isole. Par contre, la musique est un domaine TRES paradoxal pour discuter :

- c'est le domaine de creation le plus facile a dissequer, parce que c'est le seul qui est aussi facilement "binarisable"
- c'est un domaine extremement diffcile dans une discussion de groupe, parce qu'il est par definition facteur de cohesion sociale, et donc chaque discussion sur la musique atteind un groupe social qui s'y rattache. D'ou les discussions sans fin.
ori
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PATRICK LARBIER a écrit :
Chopper a écrit :
Tout ceci dépasse largement le cadre strictement musical, ça peut même s'appliquer à la paëlla (mon poste est passé aux oubliettes, mais c'est pourtant exactement ce qu'il contient

Oui, tout a fait d'accord. Ton explication de la paella rejoind tout ca. La musique est un probleme qui n'est pas isole. Par contre, la musique est un domaine TRES paradoxal pour discuter :

- c'est le domaine de creation le plus facile a dissequer, parce que c'est le seul qui est aussi facilement "binarisable"
- c'est un domaine extremement diffcile dans une discussion de groupe, parce qu'il est par definition facteur de cohesion sociale, et donc chaque discussion sur la musique atteind un groupe social qui s'y rattache. D'ou les discussions sans fin.


tu as bien resume le post!
Que celui qui n'a jamais dormi avec sa guitare ou sa basse me jette la premiere pierre...
Chopper
PATRICK LARBIER a écrit :
Par contre, la musique est un domaine TRES paradoxal pour discuter :

- c'est le domaine de creation le plus facile a dissequer, parce que c'est le seul qui est aussi facilement "binarisable"
- c'est un domaine extremement diffcile dans une discussion de groupe, parce qu'il est par definition facteur de cohesion sociale, et donc chaque discussion sur la musique atteind un groupe social qui s'y rattache. D'ou les discussions sans fin.


Il est normal qu'un tel sujet améne un débat pour le moins animé, mine de rien tout çà reléve du domaine philosophique, propice au paradoxe : pour reprendre Zigmout (en résumé) la volonté de s'affranchir systématiquement des régles est une régle en soi, étonnant non ?

Je mets cependant un bémol (arf j'ai utlisé un terme de théorie ) sur la "binarisation" et la facilité de disséquer la musique. Tout n'est pas quantifiable. Le génial violoniste Isaac Stern, en parlant de son art, a bien illustré la chose : "la musique, c'est ce qu'il y a entre les notes" disait-il. J'ai toujours trouvé cette phrase merveilleuse. Il existe un espace entre les notes, dont la nature dépasse la seule quantification ryhtmique ou harmonique, c'est un espace mystérieux, magique mais non modélisable.
SUNNO
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PATRICK LARBIER a écrit :
5 – Creer par intention necessite de connaitre les antecedants musicaux. La raison est logique : si on veut intentionnellement produire un element nouveau dans une chaine, il est necessaire d'avoir conscience de la chaine pre-existente. Pour cette raison triviale, il est fondamental de connaitre la Theorie.

et de connaitre les créations par accident.

bonne chance.
mon myspace de merde:
http://www.myspace.com/ttof

mon blog de merde: http://sunno00.skyblog.com/index.html
Chopper a écrit :
Je mets cependant un bémol (arf j'ai utlisé un terme de théorie ) sur la "binarisation" et la facilité de disséquer la musique. Tout n'est pas quantifiable.

Je me reprends : je pensais "le domaine le plus facilement binarisable" et non pas "le domaine binarisable".

Il est evident qu'on ne peut reduire une sonate a quelques signes, mais on peut neanmoins reduire une grosse partie de la sonate a une partition. Mais les 15% qui restent constituent une part si importante qu'on ne peut les exclure de l'oeuvre.

Quand on reflechit a une musique, on prend soin de separer les differentes parties qui la composent. Certaines parties sont tres facilement explicables, d'autres relevent d'une reelle complexite.
ori
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Chopper a écrit :
PATRICK LARBIER a écrit :
Par contre, la musique est un domaine TRES paradoxal pour discuter :

- c'est le domaine de creation le plus facile a dissequer, parce que c'est le seul qui est aussi facilement "binarisable"
- c'est un domaine extremement diffcile dans une discussion de groupe, parce qu'il est par definition facteur de cohesion sociale, et donc chaque discussion sur la musique atteind un groupe social qui s'y rattache. D'ou les discussions sans fin.


Il est normal qu'un tel sujet améne un débat pour le moins animé, mine de rien tout çà reléve du domaine philosophique, propice au paradoxe : pour reprendre Zigmout (en résumé) la volonté de s'affranchir systématiquement des régles est une régle en soi, étonnant non ?

Je mets cependant un bémol (arf j'ai utlisé un terme de théorie ) sur la "binarisation" et la facilité de disséquer la musique. Tout n'est pas quantifiable. Le génial violoniste Isaac Stern, en parlant de son art, a bien illustré la chose : "la musique, c'est ce qu'il y a entre les notes" disait-il. J'ai toujours trouvé cette phrase merveilleuse. Il existe un espace entre les notes, dont la nature dépasse la seule quantification ryhtmique ou harmonique, c'est un espace mystérieux, magique mais non modélisable.


si on parle de theorie et de cadre ce qu'il y a entre le notes est tout autant palpable que les notes elles memes, et doit aussi obeir a des regles... les silences "sont" la musique, ce sont eux qui participent a creer les notes.
Donc si on part vraiment dans une thorisation a fond (ce qui n'est pas envoutant je trouve) les silences sont tout aussi "quantifiables" que les notes elles memes.
Que celui qui n'a jamais dormi avec sa guitare ou sa basse me jette la premiere pierre...
Chopper
D'accord avec toi, Patrick.
Le role du silence....

Ca, c'est une idee tres interessante.
Il y a cette idee developpee qui consiste a penser que la note tend irresistiblement vers le silence, de la meme facon qu'on corps est attire par une masse plus grosse que lui.
C'est le concept de gravite du silence.
Ce qui signifie que la production du son cherche constamment a dejouer cette gravite. La contrainte premiere de la musique est donc cette lutte avec le silence.
ori
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PATRICK LARBIER a écrit :
Le role du silence....

Ca, c'est une idee tres interessante.
Il y a cette idee developpee qui consiste a penser que la note tend irresistiblement vers le silence, de la meme facon qu'on corps est attire par une masse plus grosse que lui.
C'est le concept de gravite du silence.
Ce qui signifie que la production du son cherche constamment a dejouer cette gravite. La contrainte premiere de la musique est donc cette lutte avec le silence.


mais si on part de la on peut dire que l'aller retour a ete invente pour combattre ce silence, de meme que le legato qui ne laisse pas droit au silence puisque les notes sont toutes liees entre elles...
C'est a c emoment la que je commence a trouver que la theorie ne s'applique pas si bien que ca a la musique...
Que celui qui n'a jamais dormi avec sa guitare ou sa basse me jette la premiere pierre...
Dans un orchestre philarmonique, c'est essentiel.
Avec une pedale Fuzz, un certain nombre de concepts sont moins pertinents.

En ce moment sur bla bla et guitare...