Rokia Traoré, chanteuse, auteur, compositrice et guitariste.
Son nouvel album,
Tchamantché est dans les bacs depuis mai dernier et c'est un bijou... ou un écrin pour une perle noire, au choix.
A noter que sur cet album, tous les titres sont écrits, composés et arrangés par Rokia Traoré elle-même.
La Bio de l'album du site officiel étant tellement bien faite, je vous en cite quelques passages...
"Tout a commencé par une petite musique qui insensiblement s'est mise à trotter dans la tête de Rokia Traoré — un son, une couleur. Soudain, la plus aventureuse des chanteuses et compositrices africaines a pris conscience de son désir profond de donner naissance à un nouveau style de musique qui serait à la fois « plus moderne, tout en restant Africain, quelque chose qui rompe avec le folk pour aller vers plus de blues et de rock ». C'est alors qu'elle a entendu le son si caractéristique d'une vieille guitare électrique Gretsch. C'était exactement le son qu'elle cherchait — celui qui allait lui permettre de donner une nouvelle dimension à ses chansons, plus d'éclat et de fraîcheur à son univers."
"« Tchamantché » s'inscrit toujours dans le registre de la musique africaine, mais il devrait faire tendre l'oreille aux amateurs de blues (bien que ce ne soit pas « juste » un album de blues) et interpeller les fans de rock contemporain (même si les textes poétiques et plein de mystère de Rokia sont pour la plupart chantés en Bambara, l'un des idiomes principaux du Mali). « Je ne sais pas moi-même de quel style ça relève » admet la chanteuse — « Mais j'adore cette musique. »"
"Le résultat est un album plein de surprises. Un seul titre n'est pas de la plume de Rokia : une somptueuse version, totalement revisitée, d'un grand classique de Billie Holiday, « The Man I Love ». Une chanson bouleversante qui commence à la manière d'un blues crépusculaire, pour s'accélérer progressivement jusqu'à se métamorphoser en une extraordinaire séquence de scat africain. Comme écrin à sa voix cristalline, l'orchestre réunit la guitare Grestch et le n'goni, ce tout petit luth d'Afrique de l'Ouest qui depuis ses débuts fait partie de l'univers sonore de la chanteuse."
"La plupart des chansons de l'album se développent autour de grooves puissants, sensuels et langoureux. L'environnement musical est souvent minimaliste, mais constamment original, avec par exemple des séquences où une autre guitare de légende, la Silverstone, est confrontée à un tapis de subtiles percussions vocales imaginé par la star du hip hop Sly Johnson, ou d'autres où le n'goni converse avec la harpe occidentale classique."
"Pour en arriver là Rokia a consenti à un bouleversement spectaculaire de son univers musical, remplaçant des instruments traditionnels comme le xylophone ou le balafon par une section rythmique occidentalisée et mettant la réalisation de l'album entre les mains d'une équipe européenne (le mixage étant notamment confié à Phil Brown, qui a déjà travaillé avec des artistes comme Robert Plant, Robert Palmer ou Bob Marley). Cependant, et Rokia insiste bien sur cette dimension, cet album demeure totalement ancré dans la culture africaine : « parce que le résultat dépend toujours intimement de la personne qui le fabrique et je suis une Africaine. Mais j'appartiens à une nouvelle génération qui porte un regard neuf sur l'Afrique et ses traditions musicales. »
Parolière d'exception, Rokia dans ce disque se montre à la hauteur de sa réputation, abordant des thèmes difficiles comme par exemple, dans Tounka, l'immigration clandestine de nombreux Africains vers l'Europe, ou dans Dounia, chanson intimiste et profondément émouvante, le devoir de mémoire des Maliens envers leur passé glorieux. Mais on y trouve également une ballade méditative et emplie de sagesse (Dianfa) ou encore en une explosion rythmique pleine de joie contagieuse, une magnifique évocation des fêtes de rue africaines (Yorodan)."
Dounia, justement premier single de cet album, est un morceau fort, intense et émouvant. Je vous invite à le découvrir, l'écouter, le réécouter. Vous trouverez sur le site officiel, dans la section "vidéo", le clip
(réduit à 4 mn, la version album étant de 6mn20, on perd un peu en route) et aussi un live à Angoulème, version beaucoup plus intéressante de 8mn
(même s'il est dommage que la caméra soit si fixe). A découvrir.
Un portrait de 13mn30 datant de 2004 nous montre qui est Rokia. Un reportage frais, simple et musical.
http://www.rokiatraore.net/
Soyez curieux !