Rivera a écrit :
Biosmog a écrit :
Rivera a écrit :
Je m'accroche toujours à vieil adage qui dit: "Quand y'a un doute, y'a pas de doute!"
D'ailleurs, je fais assez attention pour laisser le minimum de subjectivité dans ce que je raconte. Donc les adjectifs comme boisé, vivant, organique, aéré, etc ne peut pas rentrer dans mon vocabulaire car c'est très objectivement hors propos.
Alors pas du tout d'accord. D'abord "boisé" n'a rien à voir avec les autres termes, je ne l'utilise pas car je ne vois pas ce que cela signifie. Par contre, ces autres termes font parties de la culture du son. L'air, c'est une caractéristique qui correspond précisément à une bande de fréquence. Un son qui a de l'air, c'est l'inverse d'un son "armoire" (boxy) et ça se voit même sur un graphe EQ. Un son organique, vivant, c'est l'inverse d'un son raide, et ça caractérise aussi des phénomènes sonores facilement reconnaissables et mesurables: ça se passe dans la saturation irrégulière des bas-medium qui module avec le reste et c'est typique particulièrement du clipping du germanium (et des lampes). Je ne peux pas parler d'objectivité n'ayant pas effectué la comparaison, mais décrire un son en ces termes n'a rien de subjectif. Manquer de précision dans une description (ça ça dépend de la culture commune: fais discuter des ingénieurs du son et des oenologues) n'a aucun rapport avec la subjectivité.
Tu abordes un sujet qui me passionne: la sémantique et pourle coup hors sujet complet!
Malgré cela évoquons tes propos...
Qui a de l'air, c'est l'inverse de armoire ou "boxy"... L'inverse de l'air, c'est sans air, peut sous entendre à la rigueur sans espace.
Le son boxy, qui sonne comme dans une boite, je pense que c'est ici à peu près clair pour la grand majorité. "Raide" en opposition à moelleux, ok, il y a du sens...
Ajouter de l'air à un mix... Delay, reverb, phase, on ajoute de l'espace artificiellement. Cependant quand le son est boxy, tu peux mettre tous ces effets, ça restera boxy mais avec de l'espace... En d'autres termes ca se corrige pas de manière fantastique.
Je pense que tu oublies que le langage c'est toujours une convention et que tu peux créer toutes les conventions que tu veux, cela ne transforme pas les mots en quelques chose de plus ou moin subjectif. Le mot "air" ce n'est pas la réalité physique de l'air que l'on respire et qui remplit l'espace. C'est une convention pour désigner une série d'expériences. Et il se trouve que cette convention, en musique, fait référence à quelque chose qui n'est pas la même spatialité des reverb et delay, ni celle des alpinistes sur l'Himmalaya. Pour dessiner les choses un peu trop simplement, la spatialité des reverb et delay, c'est quand t'es dans la même boite où il y a le son, quand on dit que "ça manque d'air", c'est la spatialité quand tu écoutes un son depuis l'extérieur de la boite. On dira aussi que c'est comme s'il y avait une couverture sur le haut-parleur. Ces conventions n'ont qu'un lien très relatif, parfois métaphorique, avec le référent original: il n'y a aucune couverture sur le haut-parleur.
Pourquoi on ne parle pas seulement en termes de fréquences? peut-être parce que cela ne suffit pas, parce que pas assez pratique, parce que l'expérience ne dépend pas seulement des fréquences indépendantes que l'on peut mesurer, mais de leur relations (intermodulation), donc du contexte de la fréquence dans l'ensemble du son. Et parce que, de toute façon, en dernier ressort, la fréquence dont on parle c'est aussi une convention pour désigner une expérience. Elle est certes précise, mesurable, reproductible avec des appareils externes. Mais ce que tu lui attribues automatiquement comme qualités, ce n'est pas la "fréquence en soi" de l'onde. Si t'es un chien, un vieillard, une baleine, un martien tu parleras des mêmes chiffres, mais avec un sens totalement différent. En d'autres termes, des convention comme "manque d'air", "baveux", etc.. ce sont des conventions utiles, pratiques, efficaces, pour des humains comme nous, écoutant la musique dans le contexte physique qui est le nôtre (des pièces, des salles) et culturel donné (pourquoi les ingénieurs du son utilisent toujours des track de référence, qu'ils ont
l'habitude d'écouter et savent
comment cela doit sonner, et pas des règles universelles "telle valeur db pour telle fréquence", pour calibrer un mix?).
Et le fait que ces conventions soient liées métaphoriquement à d'autres choses, c'est la nature de notre cerveau de constituer des réseaux sémantiques: cela nous aide cognitivement, visiblement, sinon on inventerait un mot totalement différent pour chaque expérience différente.
Tout ça pour dire que l'on est de toute façon dans le subjectif d'expériences individuelles. Mais dans un système culturel où l'on échange ces expériences du mieux qu'on peut. Peut-être qu'un jour "boisé" aura un sens précis au-delà de quelques groupes de forumeurs ésotériques, comme le mot "vert" pour les oenologues, malgré le fait que ce dernier mot n'a qu'un très lointain rapport avec la couleur du raisin quand il a été vendangé.