Mr Park a écrit :
D'ailleurs pour le néerlandais et son utilisation et son importance par les Flamands, c'est vrai que c'est important pour eux comme moyen de s'affirmer après un passé douloureux
à se faire exploiter par quelques riches Wallons.
C'est tellement plus complexe que cela
. D'abord déjà, ce n'étaient pas les "riches wallons" qui exploitaient en majorité les "pauvres flamands", c'étaient ... les riches flamands. Simplement, à l'époque, la bourgeoisie flamande parlait français, et donc cette langue a longtemps été perçue comme celle "des maîtres", d'où une certaine rancœur pour ne pas dire une rancœur certaine de la part de ceux qui ont du mal à ne pas ressasser le passé.
Il y'a aussi une ambivalence limite schizophrénique chez les extrémistes flamingants (à ne pas confondre avec les flamands please), qui le plus souvent se piquent de parler un français quasi parfait (quand ils ne placent pas une citation latine toutes les deux phrases hein Bart?
).
Au final, il y'a une chose qu'il faut reconnaître: les flamands ont très longtemps fait l'effort de la langue, là où les francophones n'en faisait que très peu. Alors, on peut les traiter de complexés etc etc ... mais en attendant, c'est eux qui faisaient l'effort du pas vers l'autre. Les jeunes générations s'en lassent et se sont tourné vers l'anglais majoritairement, je ne les blâme pas. Et en toute franchise, même si c'est surréaliste, c'est maintenant plus facile pour un francophone et un flamand de discuter en anglais.
En ce qui me concerne, j'ai des attaches dans les deux communautés et quoique francophone pur jus, je me sens des affinités avec les deux communautés, sur des plans différents, et de façon complexe: ainsi, le côté direct flamand (l'art de dire les choses frontalement, sans tourner autour du pot) me séduit parfois, et m'irrite en d'autres occasions; j'apprécie le côté logique et organisé des flamands, mais parfois mon côté latin trouve qu'ils poussent le bouchon trop loin. J'aime l'énergie et le dynamisme de la jeunesse flamande en matière de musique, mais ça peut aboutir à du génie comme à des horreurs - il y'a un côté boer qui semble sommeiller en chacun, et qui ne demande qu'à s'exprimer si on lui lâche la bride: bien maîtrisé, utilisé et surtout détourné, ça donne Arno, mal utilisé ça donne de la musique de kermesse éléphantesque.
Enfin, et surtout: il n'y a pas "un" flamand, mais une énorme diversité - lorsque je faisais mon service militaire, mes infirmiers qui venaient de Gand ne comprenaient pas un mot des miliciens qui venaient du Limbourg - y'a 150 kms entre les deux!
Drôle de pays. C'est pour ça aussi que je l'aime, il offre en permanence des raisons de s'étonner, se fâcher, s'interroger, s'émouvoir ou se révolter. C'est un beau condensé d'humanité avec tout ce qu'elle peut avoir d'absurde.
In rod we truss.
"Quelle opulence" - themidnighter
"It's sink or swim - shut up!"