Seth Rotten a écrit :
Biosmog a écrit :
C'est intéressant ce que tu dis, parce que, loin de dire que dans les autres civilisations on ne se massacrait pas, ça semble confirmer que la forme de massacre "raciste" est une forme induite par la pensée occidentale. Pour être raciste, il faut une conception de l'homme pyramidale
C'est un peu caricatural de penser que seuls les occidentaux pensent ainsi : il existe de la ségrégation sur une base ethnique sur les cinq continents... La distinction entre personnes de "race" est un truc assez universel.
Ce qui est occidental, c'est d'appeler ça "racisme" car pour l'appeler ainsi il faut une vision scientiste du monde telle que celle que l'on a connu en occident. On voit comment d'une simple hostilité à l'autre, les apports progressifs d'une certaine conception de la science ont contribué à construire une pensée que l'on peut qualifier de raciste. Gobineau, il invoquait pas tant la religion que la science pour justifier ses écrits, Vacher de Lapourge aussi...
Oui, d'une certaine manière, tu as raison. Et ces notions font débats. Mon point de vue, c'est que pour avoir une distinction de race, il faut avoir cette notion, or celle-ci n'est pas universelle et son principe est plus ancien que la science moderne et avait besoin d'un monothéisme pour se développer (pas pour se justifier, mais pour pouvoir le penser). La distinction de race est quelque chose de très particulier pour désigner les groupes humains (qui n'a d'ailleurs aucun sens biologiquement parlant). Je ne me suis pas penché particulièrement sur le sujet, mais il me semble que dans la littérature ethnographique, soit les catégories sont ethniques (ou socio-culturelles) soit elles sont d'espèce (chien et chat). C'est très important, selon moi, pour comprendre l'antisémitisme, la récurrence depuis ses origines de cette théorie du complot, bref de la forme que prend l'antisémitisme. Le lien de l'antisémitisme et du racisme, je l'ai dit dans mon premier message, est un lien théorique un peu abstrait. Mais l'idée est que cette crainte du mélange est typique d'une catégorisation de race: les chiens et les chats ne se mélangent pas, il y a une impossibilité de confusion. Avec les noirs, le risque de confusion est moins important, parce qu'on les repère. Avec les juifs, c'est autre chose, il est malaisé de les distinguer (d'où ces délires d'étoile, de nez, d'application iphone pour dire si un personne est juive, etc..) Là$ on est au cœur, à mon avis, de l'antisémitisme, du racisme et de ces délires xénophobes, angoisses de fusion.
Bon, là ça devient compliqué. Je vais arrêter-là, il y a des problèmes plus simples concrets à discuter...
Mais je tiens volontiers des références à dispositions. Les théories anthropologiques sur le cannibalisme sont extrêmement intéressantes pour cette discussion (Kilani), mais les personnes qui ont fourni les premières hypothèses, ce sont ... Freud (!), Durkheim, on peut lire aussi René Girard. Je suis assez Lévi-Straussien pour l'enrobage théorique, mais il n'a pas abordé ces problèmes de cette manière, à ma connaissance.
Vous battez pas, je vous aime tous