Sport 24, le 25 Août 2008 par Florian Egly
"Le compte n'est pas bon
L'arbitrage dans les sports de combat restera comme l'un des points noirs des JO de Pékin. Entre magouilles et système de pointage archaïque, certains sports ont perdu de leur crédit.
Furieux de l'arbitrage, le Cubain Angel Matos a disjoncté en taekwondo (Reuters)«Au nom de tous les juges et officiels, je promets que nous remplirons nos fonctions pendant ces Jeux Olympiques en toute impartialité, en respectant et en suivant les règles qui les régissent, dans un esprit de sportivité». Voilà ce que prononça Huang Liping, juge chinois de gymnastique, à la cérémonie d'ouverture de Pékin le 8 août. Il semblerait, pour certains, que quelques juges et arbitres aient pris des libertés vis-à-vis de ce serment olympique, instauré depuis les Jeux de Munich en 1972. C'est toujours le même problème lorsqu'on fait appel au jugement humain. Il faut un perdant et un gagnant. Un heureux et un malheureux. Et quand les choses tournent mal, l'arbitre fait presque toujours office de premier défouloir. Au mépris de l'esprit sportif. L'acceptation de la défaite est l'une des valeurs premières du sport. Mais quand l'objectivité n'est plus respectée, il devient difficile de calmer les tensions.
Nato est «écoeuré»
Tout au long de cette quinzaine olympique, plusieurs exemples de contestation ont ainsi jalonné les épreuves de combat. La loupe franco-française retiendra les défaites scandaleuses en boxe d'Alexis Vastine et de Jaoid Chiguer, unanimement reconnues, la finale controversée de Daouda Sow et le jugement litigieux dont a été victime Nordine Oubaali face à un Chinois futur champion olympique. «Ce n'est pourtant pas mon habitude de contester l'arbitrage, mais là je suis écoeuré, la fête est gâchée. C'étaient mes derniers JO et je suis très content. Cette semaine, il s'est passé des choses dégueulasses. Il y en a marre, il faut trouver un système qui permette d'attribuer la victoire au vrai vainqueur», s'emporte Dominique Nato, le DTN, qui n'hésite pas à affirmer qu'aujourd'hui «on donne la victoire en fonction du pays du boxeur, pas de son combat. Et la France est un petit pays de boxe».
Corruption et magouilles
Comment expliquer alors que Cuba, première nation en boxe amateur, n'ait ramené aucune médaille d'or de Pékin ? Selon les observateurs aguerris du milieu, le moyen Correa n'aurait jamais dû perdre face à l'Anglais Degale, de même que le Chinois Zhang n'aurait jamais dû battre l'Irlandais Egan en mi-lourd. Sachant que Pékin et Londres sont les villes olympiques de 2008 et 2012, les raccourcis vont très vite. «La nouvelle équipe à la tête de la fédération internationale est arrivée en promettant une opération mains propres. Au lieu de ça, je viens de vivre les pires JO que j'ai connus. Avant, les juges influençaient les matches avec finesse. A Pékin, ils ne se sont même pas embarrassés. Il y a ici des juges malhonnêtes et d'autres incompétents, ça fait beaucoup», se lamente encore Dominique Nato.
Le vice-président français de l'AIBA présente sa démission
Là où l'énervement du DTN français prend corps, c'est lorsque le Roumain Rudel Obreja, l'un des neuf vice-présidents de l'AIBA (Association Internationale de la Boxe Amateur) improvisa une conférence de presse à Pékin, dénonçant les manoeuvres du directeur exécutif sud-coréen Kim Ho. D'après Obreja, Ho, qui aurait versé une somme importante lors de l'élection du Taïwanais Woo à la présidence de l'AIBA en 2006, changeait régulièrement les juges et arbitres, habituellement désignés par tirage au sort, avant les combats. L'extinction rapide du son et de la lumière dans la salle démontra qu'il existait bien un malaise au niveau de l'arbitrage en boxe. Faisant partie des neuf vice-présidents de l'AIBA, le Français Humbert Furgoni a d'ailleurs présenté sa démission à la suite de la défaite d'Alexis Vastine, démission qui a été refusée. Arbitre de la finale des welters, Jean-Robert Lainé confiait également le dégoût de certains de ses congénères, la plupart voulant quitter l'arbitrage.
Le taekwondo en question
Mais il n'y a pas que la boxe, au moment où le CIO discute de l'entrée des femmes aux Jeux Olympiques, qui a posé problème à Pékin. Le taekwondo aussi a eu son lot de querelles. La Française Gwladys Epangue, dont les images montraient qu'elle avait touché son adversaire sud-coréenne en premier en demi-finales, a été privée d'une finale olympique. Mais quand la future médaillée de bronze acceptait son sort avec beaucoup de sportivité, le Cubain Angel Matos plaçait le rang de la contestation dans des proportions intolérables. Furieux de se voir déclaré perdant dans un combat pour la 3e place, dépassant le délai imparti pour se faire soigner, le taekwondoïste prenait l'arbitre pour son adversaire, le frappant au visage d'un coup de pied. Radié à vie, Matos démontre malgré tout les limites d'un sport qui, en huit ans de Jeux Olympiques, n'a pas traversé une édition paisible (souvenez-vous Pascal Gentil). Le taekwondo et la boxe partagent d'ailleurs le même système de notation (trois des cinq juges devant appuyer sur un bouton dans la même seconde). Il y a sans aucun doute un gros travail à effectuer de ce côté-là d'ici Londres (la vidéo comme en lutte ?). Auquel cas il faudra continuer d'accepter le fait que l'injustice fait partie du sport."
encore une fois banni pour bondieuseries (skynet)
