Lao a écrit :
David Gemmel dans L'épée de l'orage (Rigante Tome 1) a écrit :
— Je ne te dis pas de ne pas te battre. Je te dis de ne pas haïr. Ce ne sont pas les guerres qui conduisent à des excès meurtriers, mais la haine. Des villages entiers, des villes et des gens balayés de la carte. La haine est pire que la peste. Elle consume tout sur son passage, et se transmet à son prochain. Nos ennemis deviennent des démons, leurs femmes des mères de démons, leurs enfants des bébés démons.
Tu comprends ?
Nous racontons des histoires où nos ennemis mangent des bébés – comme avec les Anciens. Notre cœur devient noir, et vient le moment où nous châtions ceux que nous haïssons. Mais la haine ne meurt jamais, Conn. Nous plantons ses graines dans chaque action qu’elle inspire. Tue un homme, et son fils grandira en te haïssant, jusqu’au jour où il cherchera à se venger. Une fois que ce sera fait, c’est ton fils qui se mettra à le haïr.
Il y a tout un tas de bouquins sur la guerre 14-18 à lire, relire, tout le temps, pour comprendre ce que la haine peut faire. "A l'ouest rien de nouveau", "Johnny s'en va en guerre",...
Je reviens avec ma petite histoire familiale, qui s'inscrit dans la grande. A Dinant les Allemands ont massacré 674 hommes (et femmes et enfants) en août 14, y en avait 12 de ma famille. C'est la guerre qui a fait de la bataille de Dinant une boucherie. Mais c'est la haine qui a permis le massacre (qui a eu lieu le lendemain de la bataille). Les gars qui l'ont commis n'ont pas participé à la bataille, c'étaient des types en retrait qui piaffaient d'impatience de pouvoir la faire, cette guerre. On leur racontait des horreurs à l'arrière, que les civils belges tiraient dans le dos des Allemands, que les enfants détroussaient les cadavres. Quand, enfin, ils sont arrivés en Belgique, à Dinant, ils se sont lâchés. Ca fait ça la haine aveugle, une rumeur et c'est parti. Mes aïeux en ont nourri, vous vous en doutez, une haine énorme de "l'Allemand". N'importe lequel, le grand, le p'tit, le rigolo. L'Allemand. C'était juste un point fixe, la haine de l'Allemand ça rapprochait les gens, ça leur tenait chaud en leur faisant un point commun. C'était au point que quand j'ai tourné en Allemagne et en Autriche il y a quelques années, il a fallu le cacher à ma grand-mère qui n'avait pourtant pas connu les massacres.
Toute ressemblance avec certaines situations actuelles (Israël/Palestine, Chrétiens/Musulmans,...) serait purement déprimante hein. On ne retient rien de l'histoire.