kleuck a écrit :
Disons qu'il a commencé et officié longtemps dans des journaux ultra-cathos, colonialistes et profondément et primitivement anti-communistes (il a participé pas mal de fascicules et affiches), que pas mal de personnes de son entourage professionnels étaient même anti-parlementaires etc, forcément si on commence à décrypter son œuvre on ne pourra s’affranchir de cette grille ; tous les Belges n'étaient pas je crois ultra-cathos, anti-communistes etc ?
Ça ne tient donc pas qu'au contexte des années 30, j'ai l'impression là que c'est toi qui le place un peu trop "hors du temps"
Mais si justement: il est exactement le fruit de son milieu (petite bourgeoisie) et de son éducation (catho radicale). Et si, ce milieu partageait très largement ces idées que la majorité actuellement trouve puantes (moi en premier!). Je connais bien cette période puisque c'est plus ou moins celle de la jeunesse d ema mère qui m'en a beaucoup parlé, de l'éducation catho de l'époque (la règle - on est loin de l'école d ela République française!), de l'émergence du Rexisme de Degrelle (pour faire court, les sympathisants nazis, d'abord vu comme de séduisants boy scouts; la soeur de ma mère, une jolie petite blonde de vingt ans était d'ailleurs séduite au grand désespoir de ses parents - ce qui ne l'a pas empêchée de mourir dès le premier jour de la guerre, tuée par un éclat d'obus mais c'est une autre histoire). Bref, je te demande de me croire quand je dis que Georges Rémi est l'exact produit de son époque et de son milieu - je sais de quoi je parle (heureusement, pour ma part, je suis né largement après guerre, d'un milieu plutôt modeste et j'ai eu une éducation farouchement laïque
).
Et donc (bis repetitat), qu'il ait réussi progressivement (et non sans difficulté)à s'extraire de ce milieu et a évoluer comme homme vers des idées plus généreuses est ce qui m'intéresse chez lui - passer de "Tintin chez les soviets" à "Tintin au Tibet", c'est le genre d'itinéraire qui me pousse à penser qu'on ne doit pas désespérer du genre humain, que même un type formaté pour être un salaud peut changer sa trajectoire. A la limite, je trouve moins intéressant les artistes qui sont des braves types dès le départ et n'ont donc pas à faire d'effort
(j'ironise hein).
Citation:
Parlons plutôt d'un membre éminent des studios Hergé ayant participé au remaniement des albums, et qui a aussi sa propre et fructueuse carrière : EP Jacobs, il y a de quoi se marrer.
Je ne parle d'Hergé que lorsque je lis des contre-vérités ou des inexactitudes à son sujet - dans les auteurs de BD qui m'intéressent, il doit occuper une place dans l'abri de jardin pour caler la brouette
. Et quand je voulais m'évader quand j'étais gosse, c'était bien dans Le secret de l'Espadon (ceci dit, question racisme, on y est servi aussi
) ou La marque jaune. Puis Pilote, A suivre (je me demande si ça n'a pas été l'apogée de la BD française tiens) ...
In rod we truss.
"Quelle opulence" - themidnighter
"It's sink or swim - shut up!"