Je me permets de répondre à mon propre thread, histoire (Histoire?) de lancer le débat:
"Les bienfaits de la colonisation ?"
Je ne sais pas si la colonisation fut une horreur ou un bienfait.
Sans doute les deux.
Plus sûrement une horreur qu'un bienfait.
Mais on ne refait pas l'Histoire.
Ce qui est sûr, c'est que c'est aux historiens de répondre, pas aux politiques.
Le débat historique est utile, mais le révisionnisme n'apporte rien. Juger de l'histoire coloniale sur la base des valeurs ayant cours en 2005 amène un biais rétrospectif, et non un éclairage intelligent.
C'est un débat théorique, or en Histoire il me semble important d'enseigner les causes et les faits en restant impartial. Rétablir l'équilibre est une bonne chose, à condition de ne pas tomber dans les excès.
La France s’est lancée dans cette aventure afin d’avoir des bases stratégiques pour protéger les voies commerciales, mais aussi des ressources sans passer par les services des pays concurrents. C'est une aventure propre à tous les pays depuis la nuit des temps. Condamner la colonisation n'a pas de sens, surtout en 2005.
Coloniser c'était fonder un empire et lui faire profiter de la technologie avancée. Elle ne date pas d'hier, les Romains étaient de grands « colonisateurs » avant l’heure (même si le terme est anachronique », les turcs étaient aussi des expansionnistes, les arabes le furent en leur temps et les mongols aussi. C'est totalement logique.
La situation politique des pays colonisés est liée à la stratégie adoptée par les colonisateurs. Ils ont divisés les sociétés en plusieurs groupes ethniques pour casser toute rébellion, tracés des frontières responsables depuis de guerres civiles et conflits territoriaux. La colonisation a creusé la misère et semé la mort.
Pour le découpage territorial, on peut aussi prendre l'exemple du Sahara Occidentale que réclame le Maroc et du tracé frontalier Algérie Maroc. La France et l'Espagne sont responsables de ces conflits territoriaux. Le Maroc réclame une bonne partie du territoire algérien.
La France est aussi responsable du capotage industriel algérien, négligeant les spécificités du pays en voulant lui calquer absolument le modèle français. Aujourd'hui, elle voit ce pays privilégier des relations économiques avec les Etats-Unis qui sont devenus le premier partenaire commercial...
Je ne me lancerai pas non plus dans une énumération sordide du nombre de morts, de disparus et autres horreurs dont le colonialisme est responsable, une comparaison, un débat absurde sur le thème : qui a fait le plus de victimes ?
le nazisme (tapez 1)
le communisme (tapez 2)
le colonialisme (tapez 3)
Le colonialisme associé bien souvent à l’esclavagisme fait partie des pages les plus sombres de notre Histoire. Des années, des générations après ce même sentiment de honte reste présent, il ne faut pas pour autant cracher rétrospectivement sur nos ancêtres, et admettre aussi le pour, s’il y a, comme le contre qui nous saute tous aux yeux…
A cet titre je trouve l’analyse de Max Gallo, particulièrement pertinente :
« Compte tenu de cette donnée capitale de l'histoire contemporaine de la France, on ne peut laisser traiter de la colonisation en termes simplistes. Et le discours sur la colonisation doit tenir compte de ces réalités historiques complexes. Les Algériens évoquent les massacres de Sétif, en 1945. Les Oranais se souviennent de leurs concitoyens «disparus» par centaines en 1962. Il ne s'agit pas d'établir une équivalence, une comptabilité sinistre, mais de saisir qu'il faut prendre en compte toutes les réalités. Le bagne de Poulo Condor en Indochine et l'institut Pasteur de Saigon... Le travail forcé imposé par le colon et l'interdiction de l'esclavage... La destruction de la culture indigène et l'école française – laïque ou missionnaire – s'ouvrant au monde... Le statut inférieur de l'indigène et la promotion des meilleurs, la constitution d'une élite (Senghor en est le modèle)... On ne pèse pas les uns et les autres, le positif et le négatif – manière absurde de comprendre l'histoire. On montre que les fils sont intriqués, tressés. Qu'il faut tout dire.
Cela dit, qui tente d'indiquer que la complexité est au cœur du sujet ? Il faut rappeler que la colonisation a toujours été une entreprise de conquête militaire, suscitant donc des résistances et entraînant la répression, d'autant plus qu'elle s'exerçait contre des peuples souvent jugés inférieurs. Et toujours faibles. Car que vaut la sagaie face à la mitrailleuse ? Le fusil à un coup contre le canon ? La conquête a donc réussi, mais la résistance n'a jamais cessé, et aucune colonie n'a été totalement pacifiée. Le feu éteint là, il reprenait ailleurs : insurrection algérienne en 1870, guerre du Rif au Maroc dans les années vingt, attaque de garnisons en Indochine, dans les années trente et, partout, des crimes qui sont la revanche du faible et de l'humilié. Charles de Foucault a été assassiné par des Touaregs. Et l'une des premières victimes, en novembre 1954, de l'insurrection algérienne, a été un couple d'instituteurs de 20 ans, jeunes mariés – les Monnerot – allant prendre leur poste dans une école des Aurès. Comprendre, cela suppose ne rien cacher. Ni des villes construites ni des mechtas brûlées.
On a le droit et même le devoir de se placer au niveau des principes universels, et de décréter que la colonisation, parce qu'elle est conquête, est une entreprise criminelle. Mais c'est faire fi de la réalité historique. Oui, l'histoire de la colonisation est pleine de sang et de cruauté. Mais il n'y a pas de «nations saintes et pures». Et je ne sache pas que, leur indépendance acquise, les nouvelles nations, nées de la colonisation, aient connu une histoire paisible. Les plus de 100 000 morts de la guerre entre l'État algérien et les islamistes répondent. Et n'évoquons pas l'Afrique subsaharienne... L'histoire est violence. Et la seule manière de tenter de la maîtriser, c'est d'abord de l'écrire en respectant les faits, tous les faits.
L'histoire du rapport des peuples qui se sont combattus et mêlés est une alchimie complexe. Elle peut être une source vivifiante ou au contraire un poison qui avive les tensions. Car l'histoire est toujours en prise avec l'avenir. À opposer comme des catégories d'aujourd'hui indigènes et anciens colonisateurs, on ranime les frustrations, les humiliations, et les haines. On traîne la France au banc des accusés. Comment aimerait-on cette cruelle ? Il faut méditer Camus : «Il est bon qu'une nation soit assez forte de tradition et d'honneur pour trouver le courage de dénoncer ses propres erreurs. Mais elle ne doit pas oublier les raisons qu'elle peut avoir encore de s'estimer elle-même. Il est dangereux en tout cas de lui demander de s'avouer seule coupable et de la vouer à une pénitence perpétuelle.»
Someday girl
I don't know when
We're gonna get to that place
Where we really want to go
And we'll walk in the sun
But till then
Tramps like us
Baby we were born to run!