Vous reprendrez bien un peu de bonne humeur?
Citation:
Il écrase un migrant et s’en vante par SMS
Laurence Wauters
Riad, la victime, logeait au centre Fedasil de Jodoigne. Belga.
Kevin est poursuivi pour homicide involontaire, mais les textos échangés avec sa copine après l’« accident » font penser à une préméditation.
Les faits abordés cette semaine devant le tribunal de police du Brabant wallon-division Wavre se sont déroulés le 31 mars 2019 vers 22h30. Riad, 39 ans, demandeur d’asile originaire d’Algérie, circulait à vélo sur la chaussée de Hannut à Jodoigne, à 300 mètres du centre Fedasil où il résidait. La visibilité était bonne, la voie est en ligne droite et le trentenaire roulait sur le côté, équipé de son gilet fluo. Sur la carcasse de son vélo, après l’accident d’une violence inouïe qui lui a arraché la vie, le phare était encore allumé.
L’expert automobile a été formel : il était visible et prévisible, dès 150 à 200 mètres. Il a été percuté de plein fouet, à une vitesse estimée entre 110 et 125 km/h sur cette voie limitée à 70, et il a été projeté sur le pare-brise de la voiture avant d’être traîné sur plusieurs dizaines de mètres. Rien n’indique que le conducteur n’ait freiné à un moment donné.
Abandonnée par le chauffard qui ne s’était pas arrêté, la victime n’avait pas été découverte de suite – elle était sans vie quand la police était arrivée, 30 minutes après le choc. C’est grâce à une pièce de rétroviseur retrouvée là que la police avait pu remonter jusqu’au prévenu, un jeune homme habitant Orp-Jauche, qui avait tenté de cacher la voiture accidentée. Kevin est poursuivi pour homicide involontaire, non-assistance à personne en danger et délit de fuite. Et si les faits sont déjà glaçants, les textos échangés entre ce jeune et sa petite amie après le choc sont encore plus inquiétants.
« T’as chopé un Arabe ? », avait demandé spontanément sa petite amie quand il l’avait avertie qu’il avait touché quelqu’un. Il avait répondu par des émoticônes « mort de rire » et une heure plus tard, il avait ajouté : « J’ai peur, j’ai peut-être tué un Belge. » Dans une réponse ponctuée d’émoticônes qui rigolent, elle avait commenté : « Tu viens de me tuer là, chéri ! Tuer un Belge, c’est grave, mais un Arabe, balek ! » (NDLR : balek signifiant tu t’en fiches ). Au réveil, le lendemain matin, Kevin s’était plaint de l’état de sa voiture puis avait conclu : « J’espère vraiment que c’est un Arabe parce que je m’en voudrais toute ma vie. »
Le chauffard avait déclaré devant le juge d’instruction qu’il avait déjà eu « des problèmes avec des Arabes », a insisté M e Mayence, pour le frère de Riad, qui demande une requalification en homicide volontaire avec la circonstance aggravante que l’individu a agi avec un mobile discriminatoire. L’avocat a relevé à charge du prévenu la visibilité de l’obstacle, l’absence de freinage, le fait que le drame se déroule devant le centre Fedasil, la haine apparente qu’il a à l’égard d’une certaine communauté. C’est une peine de 18 mois de prison qui a été requise, ainsi qu’une amende et deux ans de déchéance de permis. Le jugement sera prononcé en septembre.