Bon aller, j'explicite ma provoc:
Le problème, c'est que le moralisme fiscal est totalement ambigu, socdem, comme je l'ai dit.
Parce que là, on donne des millions à des individus, et des centaines de milliers à d'autres, en leur expliquant qu'ils l'ont mérité, que c'est parce que ce sont des premiers de cordées, que de toute façon ça va ruisseler par les emplois qu'ils créent, par leur consommation, etc,.. puis l'Etat vient derrière reprendre la moitié de ce qu'ils ont gagné, ou plus, parce que les Etats se tirent la bourre dans ce moralisme fiscal, vrai cercle vicieux légitimant le libéralisme ... fiscal.
Les conséquences de cet immense bluff sont assez prévisibles, et surtout pas positives:
- les millionnaires se sentent de façon "humainement compréhensible" (je veux dire que c'est une réaction prévisible en raison de la nature humaine) extorqué, ils le disent, développent un discours anti-Etat: état mal géré, inefficace, dispendieux...
- ils ont le pouvoir et les moyens de contourner, en tout cas partiellement, cette fiscalité qu'ils estiment confiscatoires
- ils entrainent les moins riches de la classe moyenne supérieure, qui paient aussi une proportion d'impôt non-négligeable, à développer un discours anti-Etat, à chercher à contourner (et plus on a de moyens, mieux on y arrive).
- la compétence de gestion de l'Etat est scrutée, cela devient auy yeux de la population une grosse machine inefficace qui coûte, et qui devient d'autant plus grosse, inefficace et coûteuse que la fiscalité devient complexe, critiquée et contournée, etc..
- la classe moyenne inférieure, employés non-propriétaires, n'a aucun moyen d'allègement des impôts, et est condamnée à osciller entre indépendance et aides sociales. Et râle aussi contre l'impôt, l'Etat, puisqu'elle voit bien que les dés sont pipés.
Bref, on a inventé une belle machine à ressentiment, à justifier le système financier, à délégitimer l'Etat et la redistribution, et à valoriser le mérite (le malin qui sait "optimiser" son argent pour adoucir le prélèvement de ce "dû")...
Alors qu'il suffirait d'égaliser les salaires à la source, par exemple un ratio de 1/12 maximum (ce qui est très raisonnable, je serais plutôt pour 1/8 ), comme cela avait été proposé en Suisse. En adoucissant la pente des salaires, on peut diminuer également la pente de l'impôt en proportion, c'est-à-dire limiter cette sensation de se faire extorquer son "dû". Il s'agit de transformer la signification du salaire, pour le redistribuer de façon plus "volontaire".
Sur ce point, se trouve la différence entre le point de vue socdém et une vraie vision de gauche
Vous battez pas, je vous aime tous