Moxama a écrit :
J'essaie simplement de comprendre pourquoi le débat ne parvient pas à se jouer, ici.
Le problème n'est pas dans les données (on en a pléthore), ni dans les variables (elles sont évidentes pour qui est de bonne foi). Il est dans les représentations.
En tant qu'hommes, nous nous sommes presque tous construits dans l'idée qu'un mec, ça protège les siens, ça entre dans un rapport de domination avec tout le monde et ça joue des poings quand il le faut. Si on commence à dire que ce modèle éducatif est à l'origine de dysfonctionnements graves et inacceptables entre les individus, et qu'il faut le remettre en question, que reste t il à ceux qui n'ont pas élaboré d'autres facteurs d'identité ?
Le doute identitaire qui en découle donne forcément l'effet inverse : ils vont surjouer la virilité et les attributs de domination. C'est l'avènement des coachs en séduction et de leur discours phallocrate, des adeptes du fitness, des adeptes des armes, bref, la surenchère dans les symboles virils et une critique bornée de ce qui les met à mal, avec la violence et le mépris qui valident ce discours (spécial dédicace à la formule "homme-soja", particulièrement représentative du phénomène).
Francis Dupuis Déri parle dans la moitié de ses bouquins des avatars de la dévirilisation de notre modèle sociétal.
Bien entendu, Masha, je ne t'assimile pas à ce genre d'individus. Mais les quelques posts que tu as écrits sur le sujet en ont des points communs, d'où mes questions, que je t'assure dénuées de volonté polémique.
Oui, la question n'est pas si simple et j'ai bien compris pourquoi tu posais le parallèle qui, étonnament, n'est pas du tout symétrique (voir les postes de mjolk sur la structuration ethnique/genre du comportement).
Sinon, une réponse sociohistorique, disons court-terme: on retrouve le tryptique d'arguments de la droite US masculiste :
- Not all men : sans blague?
- "il y aussi la violence psychologique" -> reconduction du vieux stéréotype de la femme fourbe
- ouin ouin le racisme anti-homme, stigmatisation, les tribunaux favorisent les femmes... alors qu'on vit dans une société éminemment patriarcale, dirigée par des présidents, directeurs, cadre masculin, dans une très grande proportion.
Cette droite identitaire inonde l'Europe de tout son bullshitt sur la race, le genre, le wokisme, le transgenrisme ou que sais-je.
L'autre réponse, psycho-éducative, tu la développes de manière excellente. J'ai mentionné le caractère massif de la structuration du genre dans le cadre des relations. Le genre est un socle de l'indentité, quelque chose qui nous ébranle parce qu'on est complètement immergé dans cette culture du genre (où ce sont les hommes qui sont violents). Enfin, je ne veux pas te paraphraser: ton message le développe de façon excellente
Les parents, les éducateurs, les politiques ont un gros travail éducatif à faire. Parce qu'il y a quand même encore en 2023, chaque semaine, plusieurs victimes femmes qui succombent en France sous les coups d'hommes: on risque d'arriver à 150 cette année.
Ne pas se sentir concerné (jusqu'au jour où l'on balance une beigne à sa femme), ne pas accepter que c'est quelque chose dans l'identité masculine qui est responsable des violences sexistes et sexuelles, c'est en être complice d'une certaine manière. Comme l'église catholique a été complice de ce qui s'est passé en son sein en refusant de voir les chiffres accablants. C'est aussi simple que ça: il faut prendre conscience de ce problème, que l'homme tue, que c'est trop fréquent et trop structurel pour être accidentel. Donc, soit on fait quelque chose, soit on ferme les yeux.
Vous battez pas, je vous aime tous