gatestoavalon a écrit :
C'est faire souffrir en toute conscience. L'absence pure de considération fait partie des motivation de la cruauté. Le but c'est de lui dénier sa qualité d'humain. Oui, un système qui écrase l'humain est un système cruel et injuste. Un fou, qui peut faire du mal sans raison(s) (littéralement) est il cruel? La victime est à la tête d'un système financier responsable de la souffrance de plusieurs milliers de citoyens américains, qu'il ne considère que si ceux ci peuvent payer, autrement cela ne l'intéresse pas. On peut dire qu'il n'est pas directement responsable des morts et de la souffrance, il n'en est pas pénalement, juridiquement responsable, mais pour autant devant Saint Pierre, qu'en sera t'il de ces souffrances? Certes il y a dilution de la responsabilité, c'est "le système" qui veut ça, mais bon... C'est aussi pour mieux dormir et se croire bienveillant et respectable...
Définition de cruauté: "
Penchant à faire souffrir autrui". Tous les mots sont importants. Est-ce que le peuple qui assiste à une exécution fait souffrir le supplicié? non, il ne porte aucun coup, n'agrave d'aucune manière la souffrance du supplicié. Est-ce que l'émotion ressentie est quelque chose qui est indépendant de la situation, un penchant? non, c'est quelque chose qui dépend absolument de la situation: tu enlèves le supplice, il n'y a plus le moindre spectacle.
Tu peux inventer les définitions que tu veux. Dans le français ordinaire, le terme "cruauté" pour décrire la passion du peuple qui assiste aux exécutions n'est pas du tout approprié.
Par contre, des personnes qui manoeuvrent pour déposséder autrui de la possibilité de vivre dignement est une atteinte directe: tu ne vois pas de coups, mais retirer intentionnellement les moyens de vivre à quelqu'un c'est comme ouvrir une trappe sous ses pieds. Est-ce un penchant? on peut éventuellement en discuter je te l'accorde. Pour moi oui. Pour arriver à des positions de pouvoir qui offrent le droit de vie ou de mort sur quelqu'un, il faut le vouloir à mon avis. On dit volontier que l'exercice de la médecine est une vocation: il y a un penchant. Si aujourd'hui les médecins qui cherchent à faire souffrir autrui, c'est plutôt rare (mais je pense qu'il y a un truc bizarre à ce niveau chez beaucoup de médecins, une sorte de cynisme). Mais je pense qu'il y a eu de la cruauté chez les chirurgiens-dentistes médiévaux: impossible d'exercer ce métier avec la moindre capacité d'empathie. Pour devenir puissant au point que sa puissance puisse influencer directement sur la vie d'autrui, à mon avis, il faut le vouloir et le chercher de façon systématique. On n'est pas naturellement (puisque c'est ta thèse) porté vers le plaisir de voir souffrir. C'est plutôt un déplaisir.
Cela ressemble plutôt à la justification de ceux qui sont cruels, et veulent faire passer leur penchant pour quelque chose de naturel. Je ne dis pas que c'est ton cas, mais fais attention: ce discours est exactement celui des criminels, des agresseurs, qui cherchent à faire passer ou qui croient sincèrement, que leur manque d'empathie pathologique est partagé. Se réjouir de la mort d'un tyran, et prendre du plaisir à le voir souffrir, n'a rien à voir avec faire du mal à quelqu'un parce qu'on y retire un intérêt, du plaisir, et qu'on n'a aucune émotion pour ce qu'il endure. C'est presque le contraire. Regarde les proches de victimes qui se transforment en zélateur d'une justice intransigeante: ils sont dans l'émotion, dans l'empathie. Ce ne sont jamais des psychopathes proches de victimes, qui eux, au contraire, vont soit se venger immédiatement car ils sont contrariés, soit passer à autre chose car leur capacité à ressentir quelque chose est déficiente. C'est justement le ressenti de la souffrance d'autrui qui permet de dépasser sa propore souffrance. Ce sont des plaies béantes. Je ne te décris pas quelque chose de vertueux, ni de cruel. Je décris des personnes qui mettent du sens sur ce qu'elles expériencent comme émotion. A tort ou à raison, bien ou mal, c'est un autre sujet. Mais on n'est pas pas dans l'indifférence du psychopathe, du cynique, ou de la cruauté naturelle.
La cruauté n'est pas naturelle. Elle est une pathologie. Et je ne fais pas mon Kandide en disant cela.
Vous battez pas, je vous aime tous