quantat a écrit :
Redstein a écrit :
Si les souffrances imposées chaque années à des centaines de milliards d'êtres sensibles t'indiffèrent, tu n'es peut-être pas quelqu'un d'aussi fréquentable que tu aimes à le penser (
)
Sans doute ... mais je te réponds que TOUT le monde est comme ça ...
Sans cette indifférence, tu passerais ta vie à pleurer : Est-ce que tu souffres avec les affamés quand tu passes à table ? Je suppose que non et c'est tant mieux, tu finirai par te flinguer ....et pourtant moi je te trouve fréquentable
Tu te rends compte que tu es dans le relativisme permanent... avec une sacrée dose de généralisation ?
Les vegans (entre autres) ne sont justement pas comme ça, dans une mesure que tu trouveras sans doute négligeable.
(Et moi aussi, je te trouve tout à fait fréquentable, hein : ce dont je parlais, c'est une affaire entre toi et ta conscience
)
fabh a écrit :
Qu'elle est la proportion de violences ou meurtres inter-humains parmi les employés d'abattoir?
Est ce que le fait de tuer des animaux à longueur de journée les rend foncièrement plus violents à l'égare de leurs semblables? Ou est ce qu'ils sont totalement dégoutés de toute violence contre d'autres hommes du fait de leur travail?
Ça doit bien leur pourrir leur vie intérieure comme les relations avec leur entourage, en tout cas.
Vous avez l'impression d'être un rouage dans une grande machine de mort. C'est ainsi d'ailleurs qu'on vous traite, pour une grande part. Parfois vous viennent des pensées bizarres. Il n'y a que vous et les poulets en train de mourir. Vous êtes assailli de sentiments surréalistes et votre comportement barbare finit par vous horrifier.
Vous êtez en train d'assassiner des oiseaux sans défense par milliers - 75 000 à 90 000 par nuit. Vous êtes un tueur.
Vous ne pouvez vraiment en parler à personne. Les gars avec qui vous travaillez vous prendront pour un tendre. Votre famille et vos amis ne veulent pas en entendre parler. Cela les met mal à l'aise, ils ne savent pas très bien que dire ni que faire. Ils peuvent même vous lancer des regards bizarres. Certains ne veulent plus trop vous fréquenter quand ils savent ce que vous faites pour vivre. Vous êtes un tueur.
Vous êtes désespéré, vous pensez à autre chose, de peur de finir comme ceux qui perdent l'esprit.
Comme ce type qui est tombé à genoux en suppliant Dieu de le pardonner. Ou celui qu'ils ont traîné à l'asile, qui n'arrêtait pas d'avoir des cauchemars où il était poursuivi par des poulets. J'en ai eu des comme ça, moi aussi. (Frissons.) Très angoissants. Il faut essayer de penser à autre chose pour essayer de se distancer de la situation. Il faut empêcher votre esprit de se noyer dans ces centaines de litres de sang qui vous entourent. La plupart des gens qui travaillent dans cette salle ou dans la cage à suspendre les poulets prennent quelque chose, un stimulant pour les aider à tenir le rythme, et quelque chose aussi pour échapper à la réalité.
Vous devenez plus facilement violent. Quand vous vous énervez vous tendez très facilement à attaquer la personne ou la chose qui vous irrite. Vous utiliserez plus facilement une arme que vous ne l'auriez fait auparavant. Tout spécialement un couteau ; un couteau tranchant. Vous êtes un tueur.
Vous vous mettez à ressentir un dégoût envers vous-même, envers ce que vous avez fait et continuez à faire. Vous avez honte de dire aux autres ce que vous faites la nuit pendant qu'eux dorment dans leur lit. Vous êtes un tueur.
Les gens ont tendance à vous éviter, même les autres employés de l'abattoir, que ce soit par instinct ou parce qu'ils savent ce que vous faites et ne comprennent pas comment vous êtes capable de faire ça nuit après nuit. Vous ne pouvez pas être normal. Vous empestez la mort. Vous êtes un tueur. Un meurtrier de masse.
Vous finissez par débrancher toutes les émotions. Rien ne peut plus vous importer sinon vous risquez d'ouvrir les vannes qui retiennent tous ces sentiments négatifs que vous ne pouvez vous permettre de ressentir, tout en continuant à faire ce travail. Vous avez des factures à payer. Il faut manger. Mais vous ne voulez pas de poulet. Ça, il faut vraiment que vous ayez faim pour en manger. Vous savez de quoi est faite chaque bouchée. Toute l'horreur, toutes ces choses négatives. Toute la brutalité.
Tout ces choses, concentrées dans chaque bouchée.
Beaucoup de gens qui font ce métier commettent des actes violents. Des crimes. Les gens avec un passé criminel tendent à se retrouver dans ce métier.
On ne peut pas être doué d'un solide sens moral et tuer des êtres vivants nuit après nuit.