Bolanboogie,
Tout d’abord, désolé pour le montage que j’ai fait de tes différents posts.
J’ai trouvé cela plus simple, plus lisible et plus intelligible de rassembler dans un seul post l’avalanche des tes compliments, afin de répondre point par point.
Tu trouveras la démarche peut-être limite, c’est juste dans un souci de clarté, en ce qui me concerne.
Après ce que tu as balancé sur les « Seeger Seesions », je te retrouve ici.
Apparemment on est attiré par les mêmes artistes, mais on ne peut pas dire que l’on fasse preuve de la même retenue dans nos avis.
Je vais répondre à ce que je prends comme des provocations faciles.
D’ailleurs tu remarqueras que tout le monde a eu l’intelligence de ne pas te répondre, ce à quoi je vais essayer de me tenir…
Pourtant c’est pas les doigts qui me démangent…
Bolanboogie a écrit :
Bon je vais aller les voir en concert, mais j'espère que Knopfler chantera pas trop, parce que ça va faire tâche à côté de tous les grands noms desquels elle a fait les harmonies vocales.
Non sans blague c'est une vrai légende vivante cette fille, bon ce mollasson de Knopfler manque de souffle.
Moi j'aime bien le jeu de Knopfler (un peu gazant à la longue), mais bon sa voix est à chier,
et surtout je trouve que ça pèche au niveau songwriting.
J'aurais préféré la voir en tournée avec lui ou un autre vrai songwriter.
Bon là Knopfler...bof. C'est + de la country instrumentale que vraiment un songwriter.
Bon ça s'écoute comme album, mais c'est un peu comme tous les Knopfler, assez soporifique, parce que la voix est molle, le songwriting pas génial, et que son jeu de guitare on commence à le connaître.
J'espère que Knopfler n'aura pas le culot de chanter du Parsons, il est loin d'en avoir la carrure.
Désolé pour les fans, c'est un super guitariste, mais bon pour moi c'est quand même mélanger les torchons (un singer songwriter franchement bof (comparé au reste de la scène folk américaine) même s'il est très bon guitariste) et les serviettes (la plus grande chanteuse de country de tous les temps (j'ai pesé mes mots)).
Par où commencer ?
Knopfler et sa voix, déjà.
Tu la trouves « molle », « à chier », en « manque de souffle »…
…là où certains la trouve rocailleuse, burinée, râpeuse, virile, marquée, pénétrée, dure, détrempée…
D’abord, Knopfler lui-même reconnaît que sa voix n’a jamais été son « truc », cependant, je suis en droit de penser que le monsieur a fait d’énormes progrès depuis quelques années.
Là où sa voix n’était qu’un pauvre filet de voix terni et cramoisi par la cigarette lors de la tournée Golden Heart…
…je trouve qu’il a trouvé une douceur et une profondeur, une assurance certaine.
Sa voix racle moins le fond de sa gorge, vient plus naturellement, il force moins. Il s’était déjà vocalement permis sur Shangri-La (notamment sur Postcards from Paraguay) des choses qu’on aurait jamais pu envisager il y a quelques années, il continue dans cette voie (voix ?).
Alors oui tu as raison, sa voix ne sera jamais celle de Bruce Springsteen qui peut se permettre de brailler 5 minutes durant là où n’importe quel mortel s’arracherai trachée et mucus, ou bien jouer de son falsetto d’une façon totalement méconnaissable ...
Certes, mais on peut aussi apprécier la voix de Knopfler pour ce qu’elle est, un timbre de voix qui fait penser à Tom Waits, un mélange subtil de dureté et de souffrance, une vraie simplicité, un vrai naturel.
Comme pour son jeu de guitare, Knopfler le dit souvent, c’est un faignant…
Du coup, ce qu’il fait vient d’instinct, il pose sa voix sans se poser des questions d’harmonies vocales : c’est moins juste, moins cristallin, moins « mathématiquement » beau…
Pour faire un parallèle avec le jeu de guitare : là où certains s’émerveillent devant la perfection « mathématique » musicale de Malmsteen, certains sont plus touchés par l’énergie brute, virile et simple d’un solo simple à la Springsteen.
La beauté du chant de Knopfler n’est pas à juger, je crois, sur de purs critères musicaux qu’on voudrait objectifs.
Knopfler et sa écriture, ensuite.
Là où est d’accord, ce que Knopfler n’est pas un songwriter loin s’en faut.
Est-ce un mauvais écrivain pour autant ?
Je ne pense pas.
Il n’a rien à envier à certains garçons largement surestimés.
N’est pas Dylan, Neil Young, ou Springsteen qui veut.
Knopfler n’en a d’ailleurs jamais eu la prétention, il a même avoué que les textes ont longtemps constitués une corvée pour lui, avant de réaliser avec sagesse toute leur importance avec les années.
Je suis de ceux qui pensent qu’il nous doit quelques petits de bijoux de storytelling, et que le dernier opus n’échappe pas à la règle, penche-toi rapidement sur les textes de If This Is Goodbye et de All The Roadrunning (la chanson), ils sont d’une très belle simplicité narrative.
Knopfler est sa « mollesse », enfin.
Je crois qu’il faut savoir se détacher de sa nonchalance naturelle pour comprendre que cela fait partie de son personnage : timide, réservé, un peu faignant sur les bords, naturel, humble aussi.
Mou du genou, oui, ça c’est sûr ! C’est pas lui qui va nous faire chavirer la salle à grand coup de «One, two, three, four !» de “Is there any really alive out there ? Is there any really alive?”.
N’est pas Iggy Pop ou Springsteen qui veut.
M’enfin on ne vient pas voir Knopfler pour ça, Knopfler c’est autre chose.
C’est un touché inimitable, un son reconnaissable sans détours, une facilité de jouer, un plaisir discret mais réel d’être là, une ambiance, un concept, une philosophie en somme..
Alors oui, le 12 mai, c’est ça que la plupart du public viendra écouter.
Dites, c’est grave, docteur ?