Un article "intelligent" du Figaro sur le drame:
Citation:
Etats-Unis : tuerie au concert «heavy metal»
New York : de notre correspondant Jean-Louis Turlin
[10 décembre 2004]
Darrell Abbott, dit «Dimebag», était apparemment la victime désignée de Nathan Gale lorsque le jeune homme de vingt-cinq ans, encapuchonné et arme au poing, est monté en criant sur la scène pour tirer à cinq ou six reprises à bout portant sur l'ancien guitariste du groupe de rock Pantera. Puis le tueur a retourné son arme sur un videur qui avait vainement tenté de le retenir, avant de la pointer sur les quelque 200 «fans» venus assister au concert de la nouvelle formation Damageplan, que Darrell et son frère, le batteur Vinnie Abbott, ont rejointe.
La fusillade n'a pris fin que lorsqu'un policier de faction a abattu Gale. Bilan du carnage de mercredi soir, dans un club de la banlieue nord de Columbus, dans l'Ohio, spécialisé dans les concerts «heavy metal» : cinq morts, dont le guitariste, âgé de 38 ans, et son meurtrier. «Si l'officier n'avait pas été si près, je crois que cela aurait été bien pire», a déclaré un porte-parole de la police : «C'était une scène de chaos, simplement une scène d'horreur.»
Nathan Gale n'est plus de ce monde pour révéler aux enquêteurs les motifs de son geste. Fait-il partie des déçus qui n'auraient pas pardonné à Dimebag sa «désertion» ? Ses fans revendiquent la tradition du «tout casser».
Comme souvent aux Etats-Unis, les griefs se règlent à coups d'arme à feu. Le 21 novembre dernier, une partie de chasse dans le Wisconsin avait fait six morts... chez les chasseurs. Ceux-ci avaient été pris pour cible par un immigrant asiatique qui les a accusés d'insultes racistes à son encontre. Le débat sur le contrôle des armes n'en est pas pour autant relancé.
La tragédie de Columbine, qui a inspiré un documentaire du même nom à Michael Moore, n'est pas oubliée. Les quinze morts par lesquels elle s'était soldée le 20 avril 1999 dans ce lycée du Colorado a durablement marqué les esprits. Mais la violence scolaire ne fait plus la une des journaux : elle a décliné de 50% entre 1992 et 2002. Pourtant, elle est à l'origine de 49 morts dans le pays l'an dernier...
Avant l'élection présidentielle du 2 novembre dernier, George W. Bush a laissé expirer le délai d'interdiction des armes semi-automatiques sans causer d'émotion nationale. Les détenteurs d'armes à feu ont voté massivement pour lui. Son adversaire démocrate John Kerry, partisan d'un contrôle plus strict de la vente des armes à feu, avait pourtant pris soin de s'afficher en faveur du droit «constitutionnel» que revendique chaque Américain d'en posséder : deux semaines avant l'élection, il avait donné rendez-vous à tous les grands médias pour se faire photographier, fusil en bandoulière, au cours d'une partie de chasse improvisée. C'était dans l'Ohio, l'État où vient d'avoir lieu le dernier drame en date, et celui qui a décidé de la victoire de George W. Bush.