Doc Loco a écrit :
Bon, une première petite revue "à chaud" de cet album tant attendu d'HITSUJIBUNGAKU - "Don't Laugh It Off" (qu'on pourrait traduire très librement par "on ne se moque pas!").
A la fin de la première écoute je me suis dit "c'est leur meilleur album!" - l'enthousiasme premier. Et si cet enthousiasme n'est pas retombé, j'ai pris le temps de me rappeler les merveilles présentes dans CHACUN de leurs albums! Pour arriver à ma conclusion d'aujourd'hui: c'est l'égal de leurs meilleurs albums, à savoir les trois précédents. Elles ont réussi ce miracle créatif et artistique qui fait que chaque album est un sommet.
Mais ils ne sont pas identiques pour autant, loin de là. Bien sûr, on sait que chez Hitsujibungaku, l'évolution se fait par petites touches plutôt que par séismes soniques, et d'ailleurs certains titres pourraient sans problème être présents sur le premier album, ou même les nombreux EP qui ont précédé - ça c'est pour la merveilleuse constance du groupe.
Mais d'autres propulsent le groupe vers son futur, à commencer par l'envoûtant morceau d'entrée et son piano (du piano? du piano) en boucle, joué par Moeka qui nous avait caché ce talent jusqu'ici! Pour moi, instantanément dans le Top10 des morceaux du groupe, et un morceau que je pourrai écouter des centaines de fois.
Et tout aussi surprenant, le morceau de clôture très ... Radiohead-esque! (bon j'espère que vous aimez Radiohead). Sublime aussi, mais avec un gros défaut: il est trop court !!! 2m30 seulement. A ce stade, moi qui déteste d'habitude cet exercice, j'espère qu'un DJ va nous sortir un remix de 8 minutes !
Il y'a une très belle cohérence entre les anciens morceaux (parfois "très" anciens: deux sont enregistrés avec Hiroa aux drums: "Burning" et "tears"). J'en profite pour saluer le superbe travail de Yuna: elle a parfaitement réussi à s'inscrire dans l'univers sonore du groupe et, sans le copier platement, s'inspirer du style d'Hiroa, ce qui fait qu'on ne note pas de différence majeure au niveau des drums.
Par contre, une qui continue à évoluer et, d'essentielle depuis longtemps, est devenue primordiale et indispensable dans le son du groupe et ses compositions, c'est Yurika! Son jeu de basse n'a jamais été aussi marquant, à la fois puissant et raffiné, sans jamais se mettre dans le chemin de Moeka mais en lui fournissant un écrin texturé assez inouï pour un trio! Sans compter ses choeurs haut perchés, parfois à la limite de l'audible.
Quant à Moeka ... avec l'énorme production du groupe depuis ses débuts (comme je le disais, 4 albums mais beaucoup d'EP bien remplis avant!), on pourrait craindre une baisse d'inspiration mais il n'en est rien. Certes on connaissait déjà une moitié de l'album (j'avais oublié à quel point j'aime "Doll" - dans leur registre "pur rock", c'est une de leurs perles!), sans rien à jeter, mais tous les nouveaux titres ont aussi un grand intérêt, du plus simple au plus alambiqué. Pour l'instant j'ai un gros faible pour la septième plage, un long titre de 5m28 avec un final vertigineux, mais à chaque écoute je découvre d'autres facettes d'autres titres - en fait, rien à zapper.
En parlant de Moeka, si sa guitare est à l'égal de d'habitude, je trouve qu'elle a encore progressé au chant, trouvant des textures qu'elle n'avait pas encore explorées et raffinant ce qu'on connaissait déjà - ses nuances sont à tomber!
La production est parfaite pour le groupe, on reste dans un son de trio, même s'il y'a bien sûr quelques overdubs de-ci de-là. Le son est "3D", enveloppant et chaud, la voix de Moeka nous sussure littéralement à l'oreille.
On ne se moque pas en effet - un grand album d'un des plus talentueux groupes "indie" (pour le style) de ces dix dernières années (pour moi, le plus talentueux). Et je suis bien embêté: mon disque de l'année jusqu'ici était le premier album de Brandy Senki, et maintenant j'hésite fort!
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Je vois que tu as pris la version ultime avec le porte-clé mouton en peluche... excellent !!!
Ce qui me frappe le plus c'est le sentiment d'unité qui se dégage de ce disque... si le groupe avait déclaré dans une interview que la tracklist de l'album avait été difficile à assembler, il faut souligner à quel point les titres s'enchainent naturellement... impressionnant !
Je dirais que comme d'habitude, HitsujiBungaku nous offre le road trip de l'année. Sans jamais renier le passé, le groupe nous offre 13 titres entre hits absolus déjà connus et titres à la saveur délicieusement indie.... un groupe qui apporte quelques nouveautés sonores (comme le piano) mais sans jamais donner l'impression de trahir ses origines musicales.
Finalement c'est un album qui ne se commente pas... on a juste envie de s'asseoir, d'écouter sans rien dire ni rien faire d'autre... Moeka Shiotsuka à cette capacité rare à nous transporter dans son univers. Je n'arrive même pas à classer les albums dans un ordre de préférence, j'ai tellement l'impression que chaque disque du groupe n'est qu'une pièce d'un immense puzzle, une partie d'un voyage dont on ne connait pas la destination finale mais dont on savoure l'instant présent, transporté par la bande son tout simplement.
Quand on y pense sincèrement, combien de groupe dans nos vie peuvent nous faire cet effet là ? Merci HitsujiBungaku.