Ah, tâchons un peu de remettre tout ça dans l'ordre.
Il me semble primordial d'écouter Cream en premier. C'est quand même à cette période que Clapton se met à bavarder avec sa gratte. Ca manque d'aération, à mon sens, mais toutes les bases sont là : les plans, les tics, cette façon d'attaquer et de finir ses phrases un peu quand bon lui semble.
Après avec Derek (et son lot de bavardage également) on passe à la vitesse supérieure : les compos sont plus chiadées. Beaucoup moins de répétitions dans le jeu, le style s'affirme vraiment. Du funambulisme (et c'est vrai que le solo de Why does love etc.. déchire dans le sens où y'a un début, un milieu et une fin, le tout en impro, à part les 2 premières mesures, cf les versions alternatives). Il est poussé par le batteur le plus génial (et cinglé) du Blues Rock aussi. Ca aide. On peut pas passer à côté de ça, même si ça demande des efforts d'endurance.
On pousse avec the rainbow concert, celui du retour en 73. Mouais, du sous-Derek quoi. Il en profite déjà à l'époque pour massacrer Badge. C'est pour ça que bon, je le conseille pas. Le son de l'album est pas terrible même si Clapton joue bien comme d'hab.
Ensuite EC was here. Jamais écouté, (j'ai des bootlegs de l'époque qui sont souvent très moyens) si quelqu'un veut en parler en détail...
On clos la décennie avec Just one night. Il est pas facile facile celui-là. Il faut vraiment aimer la guitare, je pense. Le son est très spécial (pas de compression, assez peu de grave) mais vraiment top. Clapton a épuré son style. Il joue exclusivement en position 4 (chevalet + milieu). Chaque note est une aiguille d'acupuncteur qui apaise là où ça fais mal. Le solo de Double Trouble ets d'une simplicité crasse, mais voilà : débuter au fond puis finir en avance sur le temps comme il le fait, c'est grand. C'est vraiment à partir de là qu'il devient un grand chanteur.
Et puis fin 86, il change de son et revient à quelquechose d'épais, de flûté (très médium) et vraiment saturax. Mais y'a rien à faire, c'est toujours lui. L'album 24 nights de 1990 rend compte de 3 formations expérimentées au cours de soirées à londres : la formation Blues-Rock, avec du blues, et du rock (sans blagues), on retiendra Worried life blues, la formation pop (avec ce gros son bien spécial, gavé de réverbe) qui déboîte avec entre autre Old Love et son solo superbe, et la formation "j'me la pête avec un orchestre qui sert à rien", qui précisément ne sers à rien étant donné que sa reprise de "Hard times", je crois qu'il pourrait la chanter avec une guimbarde, ça me tirerait les larmes toujours autant.
Quid du live en 97? Il ne joue pas avec son line-up habituel, et pourtant, il est au top. On s'aperçoit que même si le son est très proche de celui du 24 nights (avec un peu d'aigus en moins, dommage), il a changé sa manière d'improviser. Bien sûr, le style ne change pas, mais voilà, dès qu'il retombe dans un de ses plans, paf, il colle une appogiature pour se mettre en déséquilibre et pour trouver une solution plus originale. C'est pour ça que son solo sur i shot the sheriff, par exemple est bien meilleur maintenant qu'avant. Il a presque un phrasé jazzy, par moments. Essayez de faire un solo sur five long years sans être sec au bout de 2 mn. Eh bé lui, non, pas une répétition. Rha putaing, c'est bon!
Tous ces albums (sauf le rainbow concert) sont vraiment excellents. On peut suivre l'évolution de la voix du bonhomme, de son son et de ses qualités d'improvisation. C'est pourquoi, à la question posée, je réponds : prends les tous!!!
[MODE je me calme ON]
(il est évident que ces propos énoncés comme des vérités immuables n'engagent que moi et que d'autres tout autant de bonne fois penseront différemment)
[MODE je me calme OFF]