Doc Loco a écrit :
Les critiques rock sont, dans leur grande généralité (il y'a des exceptions, mais les Eudeline, Manoeuvre etc .. n'en font définitivement pas partie):
1) frustrés (ils bavent d'envie d'être à la place de leurs idoles ou même - surtout - de ceux qu'ils descendent en flammes)
2) mauvais perdants: ils n'encensent JAMAIS un groupe à côté duquel ils sont passés. Et ils passent à côté de beaucoup de groupes évidemment.
3) en retard d'un train, si ils sont français. Ils essayent lamentablement de copier leurs confrères british ou surtout ricains, jusque dans le "style". Pitoyable.
Voilà. c'était "je me fais des amis dans la rock-critic"
. La rock-critic, je l'ai lue durant les années 70, 80 et (moins) 90. J'ai décroché depuis longtemps, fatigué par ces gagne-petits à l'égo inversément proportionnel à leur talent. Il y'en a de meilleurs actuellement?
Mmh mmh, je ne veux pas dire, mais je pense que tu as tout faux sur ces points.
1) les rock critics sont rarement des musiciens frustrés... ça c'est l'idée qu'on se fait de tous les critiques (littéraires, cinéma, etc.). Mais dans le rock les critiques sont aussi géniaux, légendaires, énormes que les musiciens eux-mêmes. Eudeline le raconte à qui veut l'entendre : il avait beaucoup plus envie de ressembler à Yves Adrien ou Lester Bangs qu'à Mick Jagger ou Ray Davies. S'il a fait de la musique, notamment avec Asphalt Jungle (le reste, et notamment le plus récent, est franchement pitoyable, on est d'accord là-dessus) c'est uniquement pour mettre en pratique ses idées sur le rock. C'est à dire le punk.
En fait je pense carrément que les rock-critics sont plutôt des écrivains frustrés (flagrant dans le cas de Lester Bangs ou Patrick Eudeline).
2) mauvais perdants ça peut arriver... mais en lisant rock'n folk j'ai l'impression inverse : ils n'hésitent pas à encenser des groupes qui n'avaient pas droit à une ligne dans les années 80. Exemple concret : Manoeuvre a toujours détésté les Ramones. Il y a encore quelques années, pour la sortie d'un anthologie, R&F avait fait une critique pour/contre : Manoeuvre a écrit la partie "contre". Et puis il y a peu, quand les frangins ont commencé à mourir, il a viré complétement de bord et c'est maintenant un de leurs fans... sans chercher à nier qu'il leur a chié dessus pendant un moment.
3) en retard d'un train... pourquoi pas, ça peut arriver. Mais enfin beaucoup de bons groupes ont été suivis par la critique française alors que les ricains les ignoraient totalement. La France a d'ailleurs organisé le seul festival punk (à Mont-de Marsan) alors qu'en Angleterre Mc Laren en a bavé grave pour trouver des dates à ses poulains. Tout ça parce que certains critiques (au hasard, Eudeline...) les soutenaient.
Et pour ce qui est du style, je trouve que tu donnes un jugement complétement personnel et pas du tout fondé. Pour avoir lu pas mal de ces bouquins, je trouve que les français n'ont rien à envier aux américains, bien au contraire. Si Lester reste un cas unique, je ne trouve pas que les articles d'Eudeline, ou d'Yves Adrien, aient quoi que ce soit à envier à Nick Cohn, Nick Toches, Greil Marcus ou Nick Kent (pour ne citer que ceux-là).