un petit article bien sympa a lire...remerciement a AGORA VOX :
Pearly Gates pleure aujourd’hui son père
Des guitares, il y en a de mille sortes. Des belles, des minuscules, des moches, des très moches, des loufoques, des qui « sonnent » pas mais servent à poser sur les photos, des épaisses qui ressemblent à des guitares sèches avec un micro, des usées, etc. Et puis il y en a surtout de deux sortes : des légères et des lourdes. La championne dans le genre c’est la Flying V que seul un géant débonnaire gaucher, fumant la pipe, pouvait poser sur le ventre tranquillement sans tomber devant lui : Albert, le grand, l’immense Albert King. Des légères, donc, dans lesquelles on va caser les Strat’s et les Tele’s : une Stratocaster ou une Telecaster, ça se porte comme un sac de voyage tellement c’est léger. Et puis y’a les Les’. Des blocs de bois massifs, de couleur fort variables passant du « brûlure de soleil » (sunburst) au doré sans oublier l’absence de couleur, le noir, avec un manche large et des micros bobinés serrés pour faire un gros son. Une vraie bûche ce truc. Un jour j’ai osé demander à un guitariste barbu connu pourquoi il ne jouait pas toujours avec son morceau de bois : il m’a répondu avec un accent du texas à défriser les longhorns : « mon vieux, tu joues deux heures avec ça, la courroie te coupe le bras, là » en me montrant son épaule.... Sacré Billy, toujours le roi de la formule express ! Une bûche donc, car héritière direct d’un engin du même nom : The Log. Un drôle de truc : un manche de guitare réduit à sa plus simple expression, genre Chapman Stick actuelle , auquel on peut greffer des bajoues pour faire ressembler à une vraie guitare : en fait le prototype de notre fameux engin.
On est à la fin des années trente, et les groupes et surtout les Big Bands ont tous un guitariste qui n’arrive pas à se faire entendre : le plus bel exemple est celui de Bob Wills, à l’époque bien plus connu que Duke Ellington : il a un Big Band, mais de cow-boys, qui silllonne tous les USA en autobus . Wills est au violon, y’a une contrebasse... mais on n’entend pas la guitare de Leon McAuliffe ou d’Eldon Shamblin .... jusqu’au jour de 1931 où on va leur donner une Fryin’ Pan, une poêle à crêpes, surnom de la toute première guitare signée Rickenbacker Electro, en fait la société de George D. Beauchamp. En fait une lap-steel guitar, un truc qui se joue à plat comme une pedal-steel encore aujourd’hui. C’est la toute première guitare électrique équipée de micro. Son inventeur est celui qui avait bossé sur le Dobro, une guitare en bois avec résonateur d’acier ou en acier complet qu’un de mes bluesman français favoris, Patrick Verbeke,appelle un "lavabo". Bref, au seuil des années 40, on a donc des dobros, dont les résonateurs font plus de bruit, et deux types de guitare électrique ; celle proposée par Lester Polfuss, et la toute nouvelle signée Leo Fender, appelée Esquire, avec un seul micro et un manche sans tirant d’acier qui se tordait comme rien. Elle deviendra Telecaster et en 1953, StratoCaster, la fameuse Strat’.
L’autre, c’est bien entendu la LesPaul, du nom de son celui qui l’a signée, qui est aussi un musicien, qui joue en duo avec sa femme, un électronicien hors pair et un sacré bricoleur : sa bûche de 37, que quelqu’un a appellé "manche à balai avec un micro" n’a toujours pas changée et lui s’est lancé depuis dans l’enregistrement sur fil d’acier puis sur bande d’acétate : le tout premier magnétophone, qu’il a vite bricolé en magnétophone à 2, puis à 3 pistes...pour son pote Bing Crosby. Ce n’est qu’en 1952 que la firme Gibson le recontacte pour donner son nom à une guitare chargée de concurrencer les Fender. Ce sera "la" LesPaul, à laquelle LesPaul participera en fait fort peu, la guitare de tous les gros sons, au regard de ceux émis par la Fender. Quand le hard-rock apparaîtra, il n’y en aura que pour elle, avant que les fabricants de micro comme DiMarziorétablissent l’équilibre en attaquant comme des sourds les vibrations de cordes. Les guitaristes de hard retirant souvent les capots de micro pour plus d’attaque encore...Tout le monde jouera du "lourd" avec : Jimmy Page (qui jouera aussi de la double SG) , Peter Green, Ricky Medlocke, Gary Moore, Charlie Daniels, Molly Hatchett (le second guitariste) Allman Brothers (en slide) Allman (deux solis), Slash, ou le bien trop méconnu Mike Bloomfield.... Car la LesPaul, avec son côté massif garde son "sustain" d’avance... et devient Pearly Gates. Ah, Pearly Gates....
On est en 1970 et un jeune musicien à l’allure débonnaire de paysan texan, la bouille bien ronde, cherche à reproduire ce qu’il a entendu chez Clapton, dans les BluesBrakers de Mayall.. à savoir le son d’une LesPaul associée à son complément naturel un ampli Marshall. Notre homme va tâter de la Flying V, (comme J.Geils puis Edward Van Halen) mais y renoncer assez vite. Ce n’est guère maniable comme engin. Il va finir par se dégotter une LesPaul 1959, mais dans de drôles de circonstances : à l’époque, son groupe, un trio, détient une vieille packard des annés trente, surbaissée (les amortisseurs sont morts) et de couleur criarde... l’une de leurs amies ayant décroché une proposition de rôle dans un film en Californie et n’ayant pas de voiture, les lascars lui avaient offert leur guimbarde pour se rendre à la convocation. La fille était bien arrivée et avait même décroché le rôle : voilà la voiture baptisée automatiquement "Pearly Gates" (en gros, "les portes du Paradis"). La fille, sympa, avait alors revendue sur place la bagnole à un collectionneur, et renvoyé l’argent au groupe. Le jour même où l’argent arrive par la poste, un coup de fil annonce qu’une superbe LesPaul Sunburst 59est à vendre à Billy Gibbons, le leader de ZZ Top. Qui crée dessus obligatoirement "Just got paid" ...
"It was a ’59 Sunburst Les Paul. I bought the guitar and called the girlfriend to thank her for being so kind. She said, "it looks like the car went for a good cause. Since the money that put the guitar in our lap came from selling the Packard, we’ll lay claim to the name Pearly Gates. Now you can go make divine music.’ Try as I may I hven’t been able to find another guitar that sounds as heavenly."
C’était donc fait, la guitare s’appellerait "les portes du paradis" et sonnerait bien entendu... divinement. Dès le premier album, elle ne quittera plus ZZ Top et le jeune Billy, tout juste barbu . Sera volée deux fois et retrouvée deux fois. Toujours là, rien de changé, pas de micros rebobinés, rien : intacte, ou presque après 50 ans pile de carrière aujourd’hui. Prête à jouer et rejoue La Grange .... A part sa boîte... peut-être.
Pearly Gates, au paradis des meilleures guitares au monde, et aujourd’hui LesPaulà dormir désormais dans un costume d’érable et d’acajou pour toujours. Lester William Polfuss est mort hier à 94 ans à l’hôpital de White Plains, près de New-York, et a marqué à jamais l’histoire de la musique. On réécoute Pearly Gates en son honneur...
FAROUCHE CONSERVATEUR...
THE '59 LES PAUL IS THE HOLY GRAIL OF GUITARS.
PARTISAN DE LA TOUCHE ÉBÈNE.
THIS GUITAR HAS THE SIMILAR "HOLY GRAIL" TONE
THAT A REAL '59 HAS. CC # 26