Lohik a écrit :
On est pas mal de "vieux" ici et je pense que la technique pour la technique on s'en cogne. Mais on en a besoin pour mieux ne plus s'en soucier et se concentrer sur l'essentiel, l'expression des sentiments.
Prenez Picasso. Pour certains ce qu'il a fait ne ressemble à rien, du moins rien de connu à l'époque. N'empêche, fondamentalement, il avait un superbe coup de crayon et avait la technique nécessaire pour produire une oeuvre réaliste. On peut oublier l'aspect technique oui, si il est préalablement assimilé.
Picasso, à l'age de treize ans dessinait aussi bien que INGRES (nombreux exemples au musée Picasso de Paris et de Barca), la référence en dessin classique.
Cela faisait de lui un phénoméne comme Mozart, que son père vantait au tout Barcelone de 1900.
D'ailleurs il s'en vantait lui-même également vers vingt ans quand il a débarqué à Paris.
Le cas de Picasso est intéressant car il fonctionnait à la "destruction culturelle" (confére sa "relecture" de Velazquez avec les Ménines), c'est comme ça qu'il avance vers du neuf-jamais vu créativement.
Infliger à une forme parfaitement maitrisée et connue, un principe de déformation codifiée, comme le cubisme entre autre.
Des musiciens ont bien entendu suivi la même approche, et proche de nous, john Scofield, avec son concept séduisant de jeu "out" dont on parlait beaucoup à l'époque où il jouait avec Miles (album et titre "Decoy" - 1982).
J'avoue avoir été complétement fasciné par le jeu de Scofield de cette époque; on entend du blues "passé à la moulinette" urbaine new-yorkaise.
Pareil pour Mark Ribot (New york également), un esprit libre qui détruit/déconstruit avec génie.
Bill Frisell, NYC également, je l'ai vu à NYC en 94, à la knitting factory, le concept de relecture des styles par le "cliché" est vraiment intéressant, à écouter son album "feel like train" et notamment le blues déconstruit de "Blues for LA".
Ce courant de guitariste New-yorkais me parait être ceux qui ont le plus "oser" s'attaquer à toute forme de musique répétée-automatique-surjouée-en cliché, avec à l'arrivée des choses trés écoutables et pas barrées comme en free.
Pour finir, quand j'écoute Monk en solo au Piano, j'ai l'impression d'entendre un homme qui cherche (dans la "sublime dissonance"...) et qui fuit justement l'automatisme et le réchauffé, mille fois entendu.