Larry Carton a écrit :
J'ai un super souvenir de l'atelier/boutique de Jaco dans le 20e.
J'habitais pas très loin.
On y allait avec mes potes de lycée le mercredi après midi, on achetait un jeu de cordes ou des médiators, histoire de trouver un prétexte pour squatter un peu, lui poser des questions ou le regarder bosser, avant d'aller répéter dans un local juste à côté
Il était jamais avare de conseils, il était toujours prêt à dépanner aussi, en sortant de sa quincaillerie de récup' la vis qui s'était barrée et qui te manquait ect...
Comme on était des gamins chiants mais polis et qu'on le remerciait à chaque fois, il nous disait " bah c'est normal avec toutes les cordes et les médiators que la bande m'achète, je soigne ma clientèle ..." ou "vu le nombre de cordes et de médiators que vous achetez vous finirez bien par avoir besoin d'une bonne guitare... "
Un peu gênés, on lui disait on finira par vous en prendre une quand on bossera..
Ça le faisait rigoler, il s'en foutait évidemment.
Un gars vraiment gentil !
Il y a 10 ans je suis rentré dans un magasin de grattes d'occasion à Pigalle pour acheter des cordes un samedi matin, et je suis tombé sur une de ses grattes qui traînait là au fond du magasin depuis assez longtemps visiblement.
Elle était dans un sale état, mais n'était pas chère vu aussi que c'est un modèle pas très connu (JD 80 en acajou), et très moderne par rapport à ce pourquoi la marque est généralement connue et recherchée.
J'ai pensé à ce qu'on lui disait alors et comme je pouvais me le permettre financièrement, je suis parti avec sans discuter.
Parfois le "hasard" nous fait un clin d'œil.
C'est le regretté D de chez DNG d'ailleurs qui était lui aussi un type super, qui s'en était occupé à l'époque et l'avait remise en état.
En la récupérant il m'a dit "je vous cache pas que j'ai un peu explosé le forfait horaire avec vous et j'ai aussi pris la liberté de changer un potard qui était mort mais bon ça fait aussi plaisir de sauver une gratte du vieux".
Bien sûr N s'est empressé de me facturer 15 boules pour le potard "parce qu'on vous a mis un potard 250 K NOS de marque bidule identique à celui qu'il y avait avant..."
Lorsque j'ai ouvert la guitare en rentrant chez moi c'était bien sûr un simple CTS 500 K, il fallait bien qu'il se rattrape...
C'est pas grave bien sûr, d'autant que le résultat était nickel, mais ça en dit long sur le personnage...
Évidemment au delà de l'aspect sentimental des choses c'est une super gratte avec de vieux doubles benedetti qui lui vont à merveille, je trouve ...
J'avais échangé à l'époque avec le gérant du magasin Music Partner à St Ouen (partis à la retraite hélas, quelles discussions on se faisait...
), qui comme toi, traînait pas mal chez Jaco au milieu/fin des seventies.
Les anecdotes étaient "folklo"; par exemple, fallait éviter de passer le vendredi après 14 h; les frangins faisaient l'apéro au 51 version XXL pour fêter la fin de la semaine, et le boulot de l'après-midi était "à-vau-l'eau"...
Il y avait aussi, paraît-il, une cabine de peinture au fond de la cour, sans réelle extraction éfficace, paraît que les frangins en sortaient "cartables"...
Bref, toute une époque; entre les valseuses et les "tontons luthiers"....