Est-ce que votre guitare ou votre basse Fender en frêne vont devenir des modèles collector ? C'est possible si l'on en croit l'annonce d'un revendeur australien qui a relayé un courrier de Fender annonçant des difficultés d'approvisionnement en frêne des marais de qualité. Quelles en sont les raisons ? Explications dans l'article.

C'est le magasin Guitar Station en Australie qui a partagé un extrait d'un courrier officiel de Fender qui, part l'intermédiaire de son Vice Président Max Gutnik, déclare retirer de son catalogue la majorité des modèles de production afin de garantir une constance de qualité de fabrication. Les quantités de frêne disponibles (stock et approvisionnement futurs) seront consacrées à la fabrication de modèles reprenant les spécifications exactes de modèles vintage.

Historiquement, Fender a utilisé du frêne sur ses premières guitares et basses entre 1950 et 1956, notamment en association avec la finition Blonde mais aussi plus tard sur des finitions naturelles laissant la part belle au veinage du bois. L'aulne est majoritairement utilisé depuis sur les instruments électriques Fender et les quelques modèles en frêne qui restaient au catalogue vont donc se faire de plus en plus rare, et probablement réservés à la division Custom Shop comme sur la récente édition limitée pour les 70 ans de la Broadcaster

Pourquoi le frêne n'est-il plus disponible ? 

Tout d'abord il faut savoir que tous les frênes ne se prêtent pas à devenir des guitares. Ceux du Canada ou du Nord des Etats-Unis sont trop lourd, trop denses. Fender utilise ce qu'on appelle communément le frêne des marais, traduction littérale de swamp ash en anglais, puisque ce frêne noir pousse dans les zones humides du Sud du pays. C'est la partie immergée qui est utilisée après séchage bien entendu, car plus poreuse et donc plus légère. Et c'est le premier problème pour Fender comme pour les autres fabricants aujourd'hui, car le dérèglement climatique fait que les zones du Delta du Mississippi restent inondées bien plus longtemps qu'auparavant, jusqu'à 2/3 de l'année limitant l'accès à cette ressource.

Mais le principal problème est un petit insecte : l'agrile du frêne. Cette espèce de coléoptère originaire d'Asie s'attaque dans son habitat naturel uniquement aux frênes malades ou vieux mais il s'est découvert en débarquant aux Etats-Unis et au Canada (ainsi qu'en Russie d'ailleurs) un appétit féroce ! Ses larves creusent des galeries sinueuses sous l'écorce et viennent couper la circulation des nutriments et de l'eau, entrainant à terme la destruction de l'arbre. Des millions d'arbre  ont déjà été victimes de cet insect ravageur. 

Pour information en France, l'agrile n'est pas encore apparue mais l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) signale qu'un champignon asiatique la chalarose cause de sérieux dégâts sur nos frênes depuis quelques années. Voilà de quoi nourrir un peu plus encore la réflexion plus actuelle que jamais d'une consommation basée sur les ressources locales. Après tout, Leo Fender a utilisé l'aulne, le frêne et l'érable car c'étaient les bois adaptés et disponibles à proximité...

La fin annoncée des guitares en frêne chez Fender