"Blow Up" ne juge pas aux apparences, tu n'es pas le seul à soi-disant faire du social. En temps qu'avocat je me suis toujours efforcé de procéder à un recouvrement contentieux générateur de frais réduits pour mes débiteurs. C'est ainsi que je défendais les intérêts d'organismes sociaux comme les Offices HLM Départementaux, les OPAC Départementaux également, les organismes genre Semcoda, et les petits propriétaires de logements.
Leurs débiteurs étaient assignés devant le Tribunal d'Instance le plus proche de leur localité, et je m'employais à obtenir une saisie arrêt sur leurs salaires. Je précise que cette procédure était entièrement gratuite pour les intéressés et que les prélèvements mensuels correspondaient aux quotités saisissables prévues par la législation en vigueur, en fonction de leurs ressources. En fait, le règlement de leurs dettes était étalé souvent sur un laps de temps de 6 à 48 mois selon l'importance de leur dette, ces prélèvements directs sur salaires étaient exactement comme un crédit sans intérêt et sans frais.
Ceux qui s'organisaient à changer d'employeur pour éviter que leurs salaires soient amputés d'acomptes, m'obligeaient à engager une procédure d'expulsion génératrice de frais importants.
J'ai donc passé ma vie dans tous les Tribunaux des départements de l'Ain, le Rhône, l'Isère, la Savoie, la Haute-Savoie, la Drôme, la Saône et Loire et la Côte d'Or.
A l'époque l'Aide Personnalisée au Logement (APL) était importante puisque calculée en fonction des ressources des allocataires. Donc, il n'était pas rare que des locataires ayant un loyer total de 450 euros se retrouvaient avec un loyer résiduel de 50 à 100 euros mensuel.
Cette somme restant due correspondait souvent au montant de leur chauffage et de l'eau chaude. Je trouvais anormal que mes débiteurs ne daignent pas régler ces sommes modestes.
Je ne me suis pas contenté d'engager des procédures à l'encontre des mauvais payeurs. Certains m'apparaissaient de véritables cas sociaux et je suis souvent intervenu devant la Section des Aides Personnalisées au Logement, commission examinant les dossiers des débiteurs pour suspendre le versement de cette prestation. Décision qui pénalisait le locataire et son propriétaire qui percevait directement, chaque mois, cette prestation.
J'ai pu éviter des suspensions pour des cas dignes d'intérêt, et obtenir des secours (APARL, FSL) ou des prêts d'honneur de la CAF.
J'ai également défendu certains dossiers en Commission de Surendettement, obtenant l'étalement des règlements de leur dette.
Je m'excuse d'avoir été si long, mais je voulais vous démontrer qu'un avocat est un homme comme tous les autres, avec un coeur, et qu'il peut poursuivre ou aider ses débiteurs en fonction de leur bonne foi ou de leur mauvaise foi.
J'ai aimé passionnément mon métier, j'ai rencontré des magistrats humains et justes, j'ai apprécié les débats avec les avocats de mes débiteurs, et encore plus avec mes débiteurs ou leurs enfants majeurs qui plaidaient leur cause. Il est vrai que parfois j'étais mal en entendant les malheurs et les déboires de certains locataires, à qui je demandais de m'attendre en fin d'audience pour essayer de trouver une solution amiable génératrice d'aucun frais bien sûr.
Je déplore que certains métiers soient ici attaqués et critiqués, alors que l'ensemble des métiers est utile au fonctionnement normal de la Société. Chacun d'entre nous , quelque soit le métier qu'il exerce, est un maillon utile et indispensable à la vie en communauté.