J’entends, des corbeaux, les cris sombres et funestes ;
Ils tourbillonnent, en cercle, au-dessus du charnier,
Dans cette plaine où gisent nos macabres restes.
Soldats superbes et courageux, sans trembler
Nous avons en un jour sacrifié notre vie,
Accepté les tourments d’une longue agonie,
Et pourquoi ? Pour l’honneur, pour l’orgueil, pour la gloire
Et pour la vaine chimère d’une victoire !
Nos visages disparaissent sous les nuées,
Des becs féroces déchirent nos chairs blessées,
Crèvent nos yeux aveugles, se gavent des humeurs
Fétides de nos orbites, dénudent nos cœurs…
[« Le Visage de la guerre »]