lemg a écrit :
J'aime bien suivre le Tour, sans être un grand amateur de cyclisme. Pour tout dire les seules autres courses qu'il m'arrive de regarder sont les classiques du printemps (Paris-Roubaix et autres...)
Alors pour ceux qui connaîtraient mal, voici comment se présente le tour de France :
0) 1er jour : prologue. Sur une distance en général assez courte, elle permet à certains spécialistes de l'effort bref et intense de briller. L'avantage de gagner cette étape est l'assurance de porter le maillot jaune. L'équipe du vainqueur est heureuse, elle va devoir qouquer ferme d'entrée de jeu.
On n'aimerait pas être à leur place et on se dit qu'on est bien content d'être dans son fauteuil.
1) La première semaine : ce sont des étapes en plat réservées aux sprinters. Et quand on dit réservé, c'est réservé. On trouvera toujours des véléitaires pour des échappées au long cours (Chapatte power
), qui se feront irrémédiablement reprendre par un troupeau de bourrins (pardon un peloton) lancé à vive allure. Les autres devant le savent, mais ils montrent le maillot. Ils le mouillent. Ou bien est-ce la pluie ?
S'ils survivent aux 4259 chutes provoquées par des ïlots directionnels mal indiqués lors des entrées dans les agglomérations, les sprinters peuvent alors s'expliquer dans le dernier kilomètre.
Ca fait peur, ça frotte et une photo finish est nécessaire.
On est bien content d'âtre dans son fauteuil.
2) Deuxième semaine : les premières difficultés. Ca grimpe. Les purs sprinters abandonnent dès les premiers pourcentages. Certains souffrant sur des dos d'âne, il est inhumain de leur faire subir le Galibier. C'est généralement le moment où l'on entend parler des outsiders, ceux qui vont faire "tomber le champion", ceux qui ont "remporté 6 étapes dans le Giro, ça ne s'était jamais vu" etc, bref ceux qui vont intégrer l'autobus.
Quid de l'autobus ? C'est un rassemblement de coureurs, ceux qui peinent le plus en montage. L'idée de se rassembler est simple : si on arrive hors-delai, ils n'oseront pas éliminer plusieurs dizaines de coureurs.
Précision : ils ont déjà osé.
Pour les passagers de l'autobus, la journée consiste donc à serrer les fesses et ce pour plusieurs raisons :
_ la peur d'être éliminé
_ la difficulté du parcours
_ le résultat d'une première semaine passée sous la pluie et d'un magnifique soleil brûlant pour la deuxième. Un chaud et froid des familles. Dans le jargon technique, on appelle ça des ennuis gastriques.
On est bien content d'être dans son fauteuil.
3) Milieu de deuxième semaine : les étapes de transition. C'est là qu'on découvre qu'il y a des malades mentaux. Ceux qui en ont soupé la veille et qui décident d'attaquer sur un "profil plus favorable aux baroudeurs". Quelqu'un aurait-il omis de leur parler des 5 cols hors catégorie prévus au programme du lendemain ?
Une chose est sûre : on est bien content d'être dans son fauteuil.
4) Fin de deuxième semaine : la montagne suite et fin
voir 2), sans omettre d'ajouter qu'on est bien content d'être dans son fauteuil.
5) Troisième semaine : si toutefois il reste des sprinters, ils vont pouvoir s'expliquer dans la "lutte pour le maillot vert".
Enfin, pas tous les jours puisqu'apparaît en fin de tour le fameux contre la montre.
Le chrono.
La lutte de l'homme et sa machine contre le temps qui s'écoule, cet empaffé.
Ca roule vite, c'est une mécanique de précision et ma foi on est bien content d'être dans son fauteuil.
6) Le dernier jour : un dimanche à Paris. Les premiers kilomètres de l'étape se déroulent pépère, on prend la pose, on boit du champagne.
Puis on entre dans la capitale pour 10 tours de circuit, un dernier bourrinage et c'est fini.
Podium, lauriers, hymnes.
Dieu qu'ils ont l'air d'être fatigués.
On est bien content d'être dans son fauteuil.
En supplément, cette recette peut s'agrémenter des délices suivants :
_ contre la montre en altitude
_ contre la montre par équipes. Les règles changent chaque anée. Idéal pour s'engueuler avec ses coéquipiers le soir. Un régal par temps de pluie, la maison le conseille.
_ manifestations 10 km en amont de la grande boucle, générant un suspense auquel même Hitchcock n'aurait pas rêvé. Vont-ils arrêter le tour ?
Si avec ça vous n'aimez pas le tour.
Ah je sais pourquoi vous n'aimez pas.
Vous n'avez pas de fauteuil, c'est ça ?
t'as des talents de conteur cher lemg!