debalmond a écrit :
Mais tout ça est vain...le look ou le style, ça reste des concepts volatiles et insaisissables...on a de la classe ou on a pas...c'est tout.
Je peux essayer un truc quand même?
Je pense qu'il y a une véritable différence au niveau du concept entre ceux qui veulent se saper et ceux qui veulent se fringuer.
Soit on se la pète, on annonce une réussite sociale apparente par des codes précis (des zooties aux rappeurs bling-bling en passant par la country...), soit on utilise ses vêtements pour opérer une descente symbolique dans l'ordre social afin d'en contester politiquement et idéologiquement certains de ses éléments.
Ce choix est évidemment dicté par l'appartenance sociale et culturelle (les pauvres lookés se sapant quand les riches lookés se fringuent), mais il ne s'y réduit pas.
Le deuxième élément que je souhaiterais soumettre à votre jugement est la lutte entre le bon goût de la majorité silencieuse, historiquement occidentale blanche, et sa hantise de passer pour efféminée.
Que les mouvements relèvent plus de la sape ou de la fringue, ils mettent en danger l'image classique de la dignité masculine (l'influence de Hedi Slimane récemment évoquée ici rappelle cette récurrente subversion homo des codes rock).
La classe rock serait donc un moyen de critiquer la représentation de la masculinité de la majorité silencieuse.
Évidemment, dans notre "Société du Spectacle" et de l'hyper-consumérisme, les codes vestimentaires sont récupérés et revendus comme moyens de se payer par procuration une expérience qui s'échappe de plus en plus, que cette expérience soit le combat "alternatif" radical d'un Debalmond (combat ayant un coût social et psychologique) ou de l'autre côté les signes d'une réussite sociale plus classique qui, s'ils se multiplient effrontément dans notre sphère, n'en cachent pourtant pas de plus en plus mal un appauvrissement généralisé.
La classe rock serait donc le résultat d'une expérience personnelle qui, selon le chemin choisi (sape/fringue), manierait en plus l'over-dress ou l'under-dress.
Ça doit exister.