comme quoi on sait en faire des tonnes....
Citation:
Après la désillusion et le choc de la défaite du projet Paris 2012, l'heure est à l'analyse. Ainsi le CIO, à l'encontre de toute logique, a opté pour le coûteux projet londonien plutôt que pour le dossier parisien au budget maîtrisé. L'économique a semble-t-il pris le pas sur l'éthique et les intrigues de couloir ont démontré que le CIO restait une institution opaque malgré la volonté de Jacques Rogge, dépassé par les événements, de jouer la politique de la transparence.
Le discours de Rogge en décalage avec la réalité.
Sans doute les promoteurs de Paris 2012 ont-ils été trop gentils. Trop respectueux des règles édictées par le CIO, les Français ont été battus sur le fil par Londres qui n'a pas hésité, pour sa part, à jouer l'agressivité et à employer des arguments fallacieux de dernière minute à tendance tiers-mondistes qui laissent songeur. Et les membres du CIO n'ont pas hésité à confier à Londres l'organisation de Jeux Olympiques dont le budget de départ, pharaonique, est fixé à 12 milliards d'euros, près du double de ce que prévoyait Paris. Un montant énorme qui a ainsi empêché beaucoup de Londoniens, conscients qu'il faudra payer la note pendant de longues années, de verser dans un enthousiasme démesuré.
Jacques Rogge, qui avait promis de rompre avec le gigantisme et le phagocytage de l'idéal olympique par le pouvoir économique et financier, affichait pourtant un large sourire, droit dans ses bottes, au moment de livrer le verdict au monde entier, mercredi. Ainsi, comme aux plus belles heures de l'ère Samaranch, il apparaît que le fameux dossier, dont le volet économique est fondamental, sur lequel Paris avait tout misé, n'est pas le premier critère d'attribution des Jeux. C'est ce qui avait permis par exemple à Atlanta et son projet bancald'obtenir les Jeux en 1996...
Le triomphe de l'opacité
Le lobbying, le marketing parfois outrancier et les coups les plus bas ont eu raison du respect stricto sensu des règlements. Soit. Quant à la transparence de l'institution olympique revendiquée par son président, il faut bien reconnaître aujourd'hui que c'est un vœu pieu. Les 117 mesures présentées à Prague en 2003 par le président Rogge, qui devaient révolutionner l'Olympisme pour réduire taille, coût et complexité des Jeux, ainsi que la Commission d'éthique sensée être un garde-fou aux éventuels débordements, se sont avérés être une belle utopie voire une mascarade. L'analyse du scrutin de Singapour démontre en effet que les intrigues et les luttes d'influence ont largement faussé le vote.
Le poids de Juan Antonio Samaranch, pourtant tenu théoriquement à un devoir de réserve en tant que président d'honneur du CIO, reste visiblement déterminant. L'ancien ambassadeur de Franco en URSS a semble-t-il tout tenter pour que les Jeux soient attribués à Madrid. Des manœuvres purement politiques et contraires à l'éthique qui ont échoué mais qui par effet de ricochet ont coûté très cher à Paris, privé d'un socle solide de voix dès le premier tour et qui s'est trouvé fragilisé au moment des reports de voix.
Malgré Jacques Rogge qui prétend incarner un CIO modernisé et transparent, le système Samaranch, fait d'opacité et de magouilles, perdure envers et contre tout et met en évidence la faiblesse de son successeur, incapable de faire évoluer l'institution qu'il préside. Et ce n'est pas l'exclusion, au lendemain du vote, du Bulgare Ivan Slavkov, membre du CIO pris en flagrant délit de corruption –favorable à Londres- par la BBC, qui peut aujourd'hui redorer le blason d'un Jacques Rogge décrédibilisé...