debalmond a écrit :
syle 7 a écrit :
Cette émotion, on se la prend en pleine face quand on écoute. D'autant plus que tout dans le son est on ne peut plus "organique". Il m'est arrivé d'avoir les larmes aux yeux dans un opéra, jamais à un concert des Stones ou d'ACDC (que j'adore, au demeurant !)
Et cette émotion, bien sûr, tu la ressens encore plus fort en jouant le morceau !
Ce n'est pas la même démarche : tu ne fais pas passer ton émotion, tu es subjugué et "contrôlé" par celle inhérente à l'oeuvre elle-même. Toi, tu disparais, tu te fais submerger par le morceau. Et bien cette sensation est loin d'être moins puissante que celle du "guitariste créatif qui s'approprie un morceau".
Non, les musiciens classiques ne sont pas des robots glacés ! Leur démarche artistique est juste différente, mais tout à fait jubilatoire.
C'est marrant, ce discours est l'exact opposé de celui du mélomane classique intégriste de base...
Peut-être parce-que je ne suis pas un mélomane classique intégriste de base ?
D'ailleurs, le terme "musique classique" ne veut pas dire grand chose...
Et je ne suis pas tout à fait d'accord avec le monde de la musique classque que tu décris (et en premier lieu concernant le public).
Peut-être le public parisien est-il différent du public provincial, aussi...
Il faut différencier les gens qui viennent se faire voir à l'opéra des gens qui viennent voir un opéra.
Mais l'Opéra est une culture archi-populaire à pas mal d'endroit.
Par exemple, ma Grand-Mère, marseillaise pour jus, allait énormément à l'opéra dans sa jeunesse tout simplement parce-que c'était populaire, abordable financièrement... beaucoup moins cher que le cinéma.
Elle a transmis le virus à mon père et mon oncle, qui ont pris eux aussi l'habitude d'aller à l'Opéra dès leur plus jeune âge.
Et à l'époque, à l'opéra de Marseille, ils diffusaient du lourd, pas des ouvrettes édulcorées pour bobos. T'avais des Faust, Paillasse, Werther, Carmen, Roméo, le Barbier de Séville, La Tosca, Guillaume Tell, et j'en passe... et avec des distributions prestigieuses. Des Jobin, Thill, Bonissoli, Lucioni, Vickers, Del Monaco, etc.
Et pour pas cher (ce qui semblait être une volonté de la municipalité).
Bref, rien d'élitiste.
Et tu te retrouvais avec des gens issus de "classes défavorisées" qui faisaient de l'opéra leur sortie du dimanche, et qui acumulaient une culture musicale étonnante.
Une belle époque où t'entendais les dockers chanter Les Stances de Polyeucte...
Même si je suis conscient que les choses ont bien changé, c'est de cette culture que je suis issu, et je ne me reconnais pas dans le portrait que tu fais. Et je n'y reconnais pas les amateurs d'opéra et de classique en général que je connais... mais il est vrai que je passe un peu vainement mon temps à rêver d'une époque que je n'ai même pas connu en souhaitant que les choses puissent faire machine arrière...
D'ailleurs, cette culture populaire de l'opéra a conduit à former des musiciens classiques, et j'en ai quelques exemples dans ma famille. Ce ne sont pas des gosses que l'on a mis devant un piano à 5 ans avec un prof particulier. Non, ce sont juste des gosses qui allaient à l'opéra et qui regardaient les musiciens avec des étoile plein les yeux, en essayant d'imaginer la puissance de ce que l'on pouvait ressentir à jouer des morceaux pareils... et qui, pour cela, ont voulu apprendre la musique...
Les musiciens issus de ce courant ne seront jamais de froids exécutants qui ne sont là que pour le cacheton. C'est impossible...
PS : Debalmond, j'adore ton avatar !