Après écoutes attentives, voici mon humble avis sur cet album que je trouve excellent, assez novateur pour le groupe, très inspiré par moments et qui montre que le quatuor bosse toujours dans un esprit rock bien trempé en s’autorisant des moments de fun. Après 13 ans de séparation, il n’y a pas beaucoup de groupes qui gardent autant la pêche et qui ne tombent pas dans la mélasse. Extreme est en forme. Et c’est boooon !!
Les riffs de Nuno sont toujours aussi incandescents, les solos brillants qui semblent plus improvisés que d'habitude, son sens du rythme toujours terrible entre Led Zep, Prince, Aerosmith avec ce piment bien à lui. On note un kit d’effet assez réduit : octaver, delay et chorus eventide tout au plus. Il laisse enfin son pseudo Bruno Graffiti pour assumer la production. Gary a la voix plus brisée dans les ballades (Last hour, Ghost, Interface et Peace) et une énergie folle même si sa tessiture vocale n’est plus aussi étendue qu’avant. Pat est égal à lui-même, excellent bassiste discret, excellent choriste… discret. Kévin apporte vraiment un plus à la batterie et adopte un jeu tantôt sobre, tantôt syncopé dans un souci constant de soutenir la charpente rythmique du groupe. Et ça groove…
STAR
Ce que ça envoie un rock en 12/8 ! Si le refrain ne me plaît autant qu’il aurait pu, le riff est sublime, le solo fait une synthèse entre le style de Population 1 (solo de What U leave behind) et des gammes déferlantes comme sur Pornograffiti. Les paroles sont sont d’une ironie cinglante, on sent qu’il y a du vécu et de l’observé de très près (“Don't look down / As you're hanging on / For your life / For you're better off / Dead then alive / Then they love you forever”).
CONFORTABLY DUMB
Outre le titre clin d’oeil à l’un des chefs d’oeuvre Floydien, il n’y a aucune comparaison à faire. Funky métal rutilant, le riff est imparable, phrasé, rythmé, varié par le grand Nuno. J’adore ce titre même s’il s’agit probablement du moins risqué de l’album. Je veux dire par là que cette chanson aurait tout à fait pu se trouver sur Waiting for the Punchline sans détonner, avec un autre type de production, bien sûr. Sinon, qui a remarqué que la grille de la coda est la même que sur le pré-refrain de « God took a picture of me » composé en 1995 par Nuno et Suze Demarchi –sa femme- et accessoirement B.O. d’Highlander III ?
LEARN TO LOVE
Ah j’adore ce riff. Ca me fait penser à du Led Zep bien digéré par un portugais-américain génial. Construit sur une rythmique quasi-jungle (qui me fait penser à « Stiff » sur l’album Population 1 mais avec une batterie moins virtuose que celle de Jeff Consi). Le pré-réfrain est jouissif aussi… mais le refrain planant battu à la blanche fait un peu tâche, pour moi. Le temps de m’habituer peut-être. Disons que trouver une ballade type Aerosmith en plein milieu de cette superbe orgie rythmique est inattendu.
TAKE US ALIVE
Première surprise de l’album, ils auront même joué de la country. Enfin, de la country funky metal. Une chanson très marrante, pas de hors sujet, l’exercice de style est maîtrisé, tout en restant personnel.
RUN
Deuxième surprise de l’album. Sur une rythmique assez typiquement « extremienne » Nuno pose riff un peu oriental, tout du moins étrange mais efficace au possible. Un bémol pour le refrain un peu trop pop mais c’est dans le style du groupe. Et à côté d’un solo qui calme, de chœurs magiques, le bilan reste positif.
LAST HOUR
Troisième surprise de l’album. Sur une guitare en arpèges très ballade 60’s, Gary fait vibrer sa voix cassée et sensible. Le titre n’est pas d’une immense originalité, mais, à l’instar de Take us alive, c’est une première stylistique pour le groupe.
FLOWER MAN
Yeah ! College rock rules ! Sauf que quand Nuno s’y colle c’est forcément plus fin, plus complexe, plus dissonant. De très belles harmonies vocales sur le pont. Le solo –un peu court- en tapping est dans l’esprit Pornograffiti et Get the Funk out.
KING OF THE LADIES
Nuno au chant sur un tempo de rap sur le couplet et refrain tubesque. Solo façon grande tarte dans la gueule. Efficacité redoutable, je trouve ! Et en plus, Pat met de la distorsion sur sa basse. Ah, bonheur !
GHOST
Quatrième surprise de l’album, Extreme se la joue pop électro façon Coldplay. En mieux. Nuno au brille au piano (le solo de clavier n’a pas fini de faire parler de lui), Gary prend ses intonations qui font dresser les poils. Kévin apporte sa touche d’originalité à la batterie. Et Pat est discrètement efficace. Le tout fait penser aux ballades de « 3 sides ».
SLIDE
Encore un bon compromis entre le funky métal et un riff Zeppelinien. Si le refrain n’est pas transcendant, les clins d’oeils aux Red Hot sont particulièrement marrants. Et Frusciante aimerait sûrement savoir jouer de la guitare comme ça…
INTERFACE
Reprise de l’album des Dramagods, c’est un peu la ballade tubesque obligée… le « more than words » de l’album. Que dire sinon que c’est une très belle chanson ? Bah, qu’il n’y a pas grand-chose de nouveau comparé à la version où Nuno était chanteur lead : la voix de Gary à l’octave au dessus dans le couplet, une batterie mieux produite, quelques interventions à la basse (au deuxième couplet) qui rappellent que ce n’est pas Joe Pessia mais bien Pat qui joue et un solo de guitare avec un son plus « grand public » avec du delay, du chorus et tout. Pas totalement de mauvais goût mais quand même un peu kitch dans l’espoir de faire le coup de la ballade rock, comme dans les années 90. Je dis ça mais vous me verrez sûrement être très content de la chanter en chœur pendant leur concert du 4 novembre.
SUNRISE
Ouverture sur des chœurs planants brisés par un riff aussi inspiré que celui de « Run » ou « slide », Sunrise n’est pas un tube mais fait un peu office de chanson O.M.N.I. (Objet Musical Non Identifié) osée mais qui a sa part de mojo à donner. Gary est y particulièrement excellent vocalement. Les harmonies du pont (3’02) sont superbes et le solo un bijou de rythme. Nuno confirme qu’il aime l’octaver et je sens que les guitaristes fans vont courir s’en acheter un s’ils n’en ont pas encore à disposition.
PEACE
Très belle ballade mélodique à tendance beatlessienne, un peu longue mais gratifiée d’un très beau solo de guitare en son clair.
AMERICOCAINE (démo)
On se demande un peu ce que ça fout là. Ca permet éventuellement de se dire que le groupe a bien mûri depuis 1985… !